mardi 28 octobre 2008

Les aventures de Dylan 1


Cette semaine, Dylan et le RASED

Dylan a un prénom de série américaine et il est en CE1. De lui, ses enseignants disaient tous : "Pourtant, il a des capacités", mais c'est vrai que ses résultats n'étaient pas très bons.
En fait Dylan jouait et rêvait en classe, c'était un enfant qui n'était pas encore devenu "élève", et donc, il ne travaillait pas beaucoup. Il n'était pas méchant, et tout le monde l'aimait bien, il faisait même rire parfois. Stéphane, le maître, avec ses 28 autres élèves, avait du mal à lui consacrer du temps et d'ailleurs, il ne savait pas trop comment faire, il n'était pas formé pour ce genre de situation atypique.
Pourtant, depuis la rentrée, il y avait deux heures de soutien le mardi soir et le jeudi soir, avec 8 autres élèves. C'était pas mal, le maître pouvait même passer plus de temps avec Dylan. Il refaisait les exercices qu'il n'avait pas compris, une fois, deux fois, trois fois, et au bout de la quatrième, il n'avait toujours pas compris. Il s'entraînait aux opérations qu'il ne maîtrisait pas, les additions, les additions avec retenue, les soustractions. Il lisait et relisait des phrases longues comme quand maman parle, avec des sons compliqués où trois lettres peuvent faire un seul son et où une seule lettre peut faire trois sons !!! Il faisait tout ça avec son maître, enfin, il essayait, mais ..... Dylan continuait à rêver et à jouer. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Pour quelles raisons le fait de rester une heure de plus deux soirs par semaine donnerait à Dylan l'envie de travailler, d'aimer l'école, et de comprendre ce qu'il faisait là ?

Heureusement pour lui qu'il n'était pas à l'école voisine dans laquelle les élèves restaient le mercredi matin ! D'ailleurs, ça commençait à l'embêter, ces deux soirs après l'école ! Alors que ses copains jouaient chez eux, lui qui détestait l'école, il était obligé d'y aller plus que les autres. Il ne comprenait pas très bien.
Au bout de deux mois, Stéphane, s'était résolu à demander de l'aide.
Alors, deux fois par semaine, Maîtresse Caroline allait chercher Dylan et tous les deux, ils faisaient des jeux, ils lisaient des contes, du moins, c'est ce que croyait Dylan. En fait Caroline est ré-éducatrice, c'est ce qu'on appelle une maître G, et elle s'employait, par le biais de moyens ludiques et hautement symboliques à aider Dylan à passer du statut d'enfant à celui d'élève qu'il refusait jusqu'à présent.

Aujourd'hui, grâce à Caroline, Dylan est élève, il est d'accord pour se mettre au travail, mais il a accumulé du retard dans ses apprentissages. C'est pourquoi, deux ou trois fois par semaine, Jean-Jacques le prend avec un groupe de 6 élèves qui rencontrent à peu près les mêmes difficultés que lui, notamment en lecture. Jean-Jacques est maître E. Ils travaillent sur l'écrit, ils apprennent des méthodes pour mieux lire, pour mieux réfléchir, pour s'organiser. Les phrases semblent moins longues et les sons moins compliqués. Dylan s'est même rendu compte que ce qu'on lisait pouvait vouloir dire quelque chose. Que ce n'était pas juste des images qu'on appelle lettres collées les unes aux autres. Bientôt Dylan et d'autres quitteront le groupe pour rester en classe. Ils n'auront plus besoin de l'aide très spécialisée dont ils ont bénéficié avec Caroline et Jean-Jacques. A la fin de son CE1, Dylan sera un élève comme les autres, car il sait maintenant se servir de ses capacités.

Heureusement pour lui qu'il n'avait pas de soucis d'ordre psychologique car il n'y a plus de psychologue scolaire dans l'école. Evelyne est partie à la retraite et elle n'a pas été remplacée, d'ailleurs, son poste n'existe plus, ça fait des économies.
A eux trois, Caroline, Evelyne et Jean-Jacques formaient ce qu'on appelle un RASED, un réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, pas de soutien. Dylan a eu de la chance, car l'année prochaine, il n'y aura plus de RASED. Les élèves comme Dylan qui en fait ne sont pas élèves, ou qui ont des problèmes d'apprentissage, ou qui ont des soucis psychologiques sont nombreux, il y en a en moyenne trois à cinq par classe, ça dépend. A ces élèves, l'école leur proposera de venir deux heures de plus avec leur maître pour refaire ce qu'ils ont fait en classe et tant pis si ça ne marche pas, ça marchera pour d'autres, ceux qui sont tout simplement un peu lents et qui ont besoin d'un peu plus de temps. Ainsi, l'école remplacera une semaine de travail spécialisé de trois enseignants formés pendant deux ans, par deux heures de soutien du maître de la classe. Et puis sans RASED, les élèves handicapés ne seront plus intégrés aussi facilement dans les classes. Mais c'est vrai que ça fait des économies.

Imaginez qu'il n'y ait plus de spécialistes dans la médecine, et qu'en lieu et place d'un neurologue, d'un chirurgien, d'un cancérologue, ou d'un dermatologue, un patient malade n'ait d'autre alternative que d'aller voir son médecin généraliste, qui fait sûrement très bien son travail de médecin généraliste .... Mais que va-t-il lui proposer d'autre que ce qu'il lui a déjà proposé ?
C'est vrai que les RASED pourraient être améliorés, c'est vrai aussi qu'il y a encore trop d'élèves en difficulté, et c'est vrai qu'il faudrait réfléchir à rendre ce dispositif plus performant, mais en le supprimant, que fait-on ? Et qui aide-t-on ? On peut dire que Dylan a eu de la chance !

La semaine prochaine, retrouvez Dylan dans de nouvelles aventures : "Dylan et les Maternelles".

nous y voilà .....


Nous y voilà, on s'y attendait mais là c'est sûr, on y a droit.
L'école publique française, dans un dernier souffle, vivrait ses dernières heures ?
Les suppressions de postes et le refrain de la classe à 40 élèves n'atteindront pas la cheville du grand méchant loup qui pointe son nez à coup de griffe de velours.
Nous y voilà, la suppression des RASED et la discrète disparition des remplaçants sont programmées, mais on ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
Nous y voilà, ces profiteuses payées une fortune pour changer des couches et faire la sieste vont payer cher leur fort accent pédagogiste, et ainsi font font font, les petites maternelles, ainsi font font font, trois p'tits tours et puis s'en vont ...
Nous y voilà, en parlant de pédagauchistes, il serait temps de les mettre au pas, allez hop, les IUFM seront remplacés par l'université, son lot de diplômes académiques et le compagnonnage à la française, rien de mieux pour former de bons vieux instits comme on en fait plus depuis longtemps. A quand les médecins formés au tutorat ?
Nous y voilà, les EPEP ne sont en soit pas si méchants. Mais face à l'impossibilité de légaliser des mesures aujourd'hui inapplicables, rien de mieux qu'un bon petit dispositif rendant possible l'ensemble de ces projets dévastateurs qui demain seront on ne peut plus d'actualité. En gros, les EPEP ne sont que des révolvers non chargés qui n'attendent que les balles pour tirer.
Nous y voilà, le SMA sonne le glas du droit de grève, et qui s'en plaindra ?? " C'est pas moi, c'est pas moi"
Nous y voilà, on a enfin les programmes tant attendus, ceux dont rêvent en silence les frustrés du martinet, de la morale et du bonnet.
Nous y voilà, le mépris enfin avoué, la méthode utilisée pour faire passer ces fameuses mesures censées donner à l'école les moyens de ses ambitions. Ils n'ont pas une seule fois demandé l'avis des spécialistes, même pro-gouvernementaux, ils n'ont pas une seule fois évalué les dispositifs soit disant inutiles qu'ils ont supprimé. Ils n'ont pas une seule fois osé rougir lorsqu'à tour de bras et à tour de rôle, ils mentaient religieusement en disant que les chiffres étaient si mauvais qu'on était obligé.
Nous y voilà enfin, devant tant de coups portés, l'heure du réveil a sonné. Si chacun y met du sien, le grain de sel peut gâcher le plat. Alors nous y voilà, un petit collectif parmi tant d'autres est née, il est réunionnais, et comme il a la prétention de participer à la sauvegarde d'une école publique en danger, il s'appelle "sauvons l'école publique".
Et nous y voilà, il devait être visible, accessible et c'est chose faite avec ce blog