mardi 7 juillet 2009

Un lycéen bloqueur se voit interdire l'accès à la classe terminale

LEMONDE.FR | 06.07.09 | 20h40

Tristan Sadeghi vient de finir son année en première économique et sociale au lycée Maurice-Ravel, à Paris. Il est délégué de sa classe, ses notes sont bonnes et ses professeurs contents de lui. Pourtant, et alors que les grandes vacances commencent, son passage en classe de terminale est incertain car Tristan a été un "bloqueur" lors des manifestations lycéennes de février. C'est la raison pour laquelle quand il a souhaité déposer un dossier de réinscription le 16 juin dernier, le personnel a, selon la famille de l'élève, refusé.

D'après les parents de Tristan, le proviseur aurait expliqué qu'il souhaitait un engagement écrit de leurs fils de ne plus participer à des activités de blocage. Le père envoie alors un courrier à la direction de l'établissement pour dénoncer une "décision discriminatoire et illégale", car Tristan n'a pas bloqué son lycée tout seul. Le père indique tout de même que "Tristan n’a plus aucune intention de bloquer le lycée et doit se concentrer entièrement sur ses études", mais le proviseur souhaite un engagement écrit de la main de Tristan (voir la lettre du proviseur, publiée sur le site du Nouvel Observateur).

Lundi 6 juillet, professeurs, camarades de classes et élus locaux se sont donc réunis devant le rectorat de Paris pour défendre son cas. Danielle Simonnet, conseillère de Paris, déléguée auprès de la maire du 20e arrondissement chargée de la lutte contre les discriminations, de l'intégration, du handicap et du monde associatif, qui assure "bien connaître" Tristan dans un courrier publié sur Internet, a dénoncé une "situation et [une] pression psychologique exercée sur l'élève et ses parents insupportable et inacceptable".

Le Monde.fr

ça chauffe ...

Alors que les vacances scolaires approchent, l’éducation nationale solde ses comptes avec ses «désobéisseurs».
Au moment même de l’annonce du départ de Xavier Darcos du ministère de l’éducation, deux d’entre eux ont reçu une convocation devant une commission disciplinaire, les 7 et 9 juillet, et un troisième s’est vu interdire l’accès aux médias «/pour tout sujet ayant rapport avec [ses] fonctions/».
Ils sont presque 3.000 enseignants en France à refuser ouvertement d’appliquer certaines réformes de l’école primaire. Mais, selon l’attitude de leurs inspecteurs, seuls 70 à 80 d’entre eux ont été sanctionnés par des retenues de salaire allant, selon les cas, de dix à trente-six jours. Et parmi eux, les plus médiatisés comme Alain Refalo, auteur en novembre 2008 d’une des premières lettres de désobéissance , sont aussi les plus durement frappés.
Outre la retenue de quatorze jours de salaire et un refus de promotion, cet enseignant de l'école Jules-Ferry de Colomiers, près de Toulouse, est convoqué le 9 juillet dans son académie de Haute-Garonne devant une commission de discipline, composée pour moitié de représentants des syndicats et pour l'autre de ceux de l'administration. Il lui est reproché un refus d'obéir, un manque au devoir de réserve, une invitation à la désobéissance et une attaque publique contre un fonctionnaire de la République. Christian Navarro, de la FSU de Haute-Garonne , y voit la main du ministère lui-même. «/Nous sommes à peu près sûrs que le dossier à charge a été concocté par les services juridiques du ministère/, avance-t-il. /La lecture des charges est assez terrifiante et donne l’impression que l’inspection académique s’est transformée en tribunal militaire mais au final le dossier ne contient pas grand-chose puisque Alain Refalo a fait toutes ses heures de service./» Refusant d’appliquer les deux heures d’aide individualisée, vues comme un «/prétexte à la suppression de milliers de poste du RASED [Réseau d'aide spécialisée aux enfants en difficulté]/», Alain Refalo anime en effet à la place un atelier de théâtre avec ses élèves de CM1.
Contraint au silence A Marseille, Erwan Redon, enseignant à l'école des Convalescents, risque lui la révocation. Il est convoqué le 7 juillet devant une commission disciplinaire, officiellement pour «/insuffisance professionnelle/». Ce «/désobéisseur/» avant l’heure, militant Freinet, est bien connu des services académiques pour refuser toute inspection depuis 2005. Il a déjà été sanctionné de 32 jours de retrait de salaire pour avoir remplacé l’aide individualisée par des ateliers. Autre figure connue de la désobéissance, Bastien Cazals, le très remuant directeur d’école maternelle à Saint-Jean-de-Vedas, dans l’Hérault, s’est vu réduit au silence. Une lettre de son inspecteur d’académie en date du 23 juin, lui «/donne l’ordre de ne plus communiquer avec aucun média pour tout sujet ayant rapport avec [ses] fonctions/». Auteur d’un petit livre publié en mai 2009, /Je suis prof et je désobéis/ , Bastien Cazals avait par ailleurs engagé un recours devant le tribunal administratif contre «/une inégalité de traitement flagrante dans les sanctions/». «/Nous sommes trois enseignants dans mon école maternelle à avoir choisi de faire des activités par petits groupes au lieu de l’aide individualisée et je suis le seul à être sanctionné /[36 jours de retrait de salaire, NDRL]», expliquait-il à l’époque. L’audience devant le tribunal administratif est fixée au 6 juillet.
Le débat se focalise sur la question épineuse de l'obligation de réserve des enseignants . «/M. Cazals est libre de s'exprimer librement en tant que personne mais comme directeur d'école il représente l'institution/», justifie sur le site du Café pédagogique , l'inspecteur d'académie de l'Hérault, Paul-Jacques Guiot.«/On est là dans l’abus de pouvoir/, estime Alain Refalo, à qui est également reproché un manque au devoir de réserve. /Notre devoir de réserve concerne uniquement les élèves, leur travail et problèmes particuliers, pas notre liberté d’expression./»
A l'appel d'un certain nombre d'entre-eux (Bastien Cazals, Isabelle Huchard, Jean-Yves Le Gall, Erwan Redon, Alain Refalo et Josef Ulla), les «désobéisseurs» sanctionnés ou menacés se tiendront le 7 juillet, jour de la commission de discipline d'Erwan Redon, sur la Canebière à Marseille, «/munis d'une pancarte indiquant leur sanction/.»

mercredi 1 juillet 2009

Absentéisme enseignant : publiez les vrais chiffres !

L'annonce faite par RTL, reprise ensuite par tous les médias, validée par les propos de Luc Chatel, d'une étude ministérielle qui estimerait qu'un enseignant du primaire sur deux a bénéficié d'un congé de maladie en 2008 est-elle un bidonnage ? Trois éléments penchent en ce sens.

Le doute le plus sérieux vient du fait que l'étude reste mystérieuse, RTL ne l'a toujours pas publiée. On n'a donc aucune idée de ce qui a été vraiment décompté et du sérieux de cette enquête. D'autres éléments de doute viennent de l'incohérence entre les chiffres avancés et d'autres données officielles. L'Expresso avait évoqué le rapport sur les performances du ministère. Mais d'autres rapports contredisent les affirmations de RTL. D'abord un intéressant travail de l'Insee sur les congés maladie et accidents dans l'économie française qui établit une loi : "plus le travail est qualifié, moins on s'absente pour cause de maladie ou d'accident". Cette étude fixait un taux moyen d'absence des enseignants à 1,7% pour le primaire et 1,5% pour le secondaire, loin derrière la plupart des professions, par exemple les employés de commerce (3), les ouvriers non qualifiés de l'industrie (4,3). Seuls les ingénieurs et cadres du privé et les cadres de la fonction publique font mieux. Cette étude a 10 ans d'âge (1998) mais, si les chiffres ont pu évoluer, la logique qui les anime est sûrement encore à l'oeuvre.

Mais il y a des données beaucoup plus récentes. En présentant la carte scolaire 2009, le ministère a lâché quelques chiffres, preuve s'il en était qu'il les détient. Concernant les enseignants du primaire, la Dgesco affirme que "on constate que sur 10 ans le taux d'absence a augmenté au niveau national 5,98 en 1998-1999 et 7,23% en 2006-2007". Que le taux d'absence ait augmenté n'est pas très étonnant compte tenu du vieillissement de la population enseignante (moyenne d'âge 40 ans). Encore faut-il préciser qu'il concerne tous les motifs d'absence (pas seulement la maladie et on a vu dans le rapport de performance que les motifs administratifs pèsent plus lourds que la maladie). Il s'établit à environ 7% des heures enseignées. Comment avec 7% d'heures avoir "la moitié d"enseignants absentéistes" ??? Précisons quand même que ce taux est très variable d'un département à l'autre, avec parfois des facteurs évidents (on a plus d'absents dans les zones difficiles), parfois non… Enfin rappelons que le temps de travail des enseignants du second degré a été évalué par la DEPP (ministère) en 2002 : il s'établit à 39h47 en moyenne par semaine.

De ces données il ressort quatre constats. Le premier c'est que les enseignants n'ont globalement pas à rougir. Le second c'est que quand un prof est absent c'est une gêne bien réelle pour les familles. La question mérite sans doute mieux qu'une campagne assez basse, des solutions concrètes. Or là-dessus les derniers chiffres du rapport de performances montre que les résultats de Xavier Darcos sont mauvais. Les économies ont touché également le volant de remplaçants et ce ne sont pas leçons de morale qui vont les ressusciter…

Le troisième constat c'est que les vrais chiffres existent. Ils ont servi à la Dgesco pour établir sa carte scolaire. On peut les compléter avec le suivi détaillé des absences maladies et maternité qui a été lancé en 2004 par le Comité d'hygiène et de sécurité du ministère. Qu'attend la Dgesco pour les publier ?

Le dernier constat interpelle directement le ministre. En 1999 Claude Allègre avait fait campagne sur l'absentéisme des enseignants en avançant, par une entourloupe, 12% d'absentéistes. Voilà ce thème revenu à la Une médiatique avec, encore mieux, un prof feignant sur deux. Ou ces chiffres viennent de la rue de Grenelle, ou ils sont bidons. Il appartient au ministre soit de les confirmer, soit de les démentir, soit d'accepter d'avoir précocement la popularité du ministre précédemment cité.

sources : café péda

Education : 220 000 euros par an pour surveiller l'opinion


Par Chloé Leprince | Rue89 | 09/11/2008

Le ministère veut renforcer la surveillance de ses fonctionnaires trop critiques. Témoignages de réfractaires à la base élèves.

Xavier Darcos, déjà très décrié pour ses saillies sur les couches à la maternelle et ses 11 900 suppressions de postes, ne pouvait pas mieux s'y prendre pour crisper davantage les enseignants : depuis quelques jours circule sur le Net un document officiel de huit pages intitulé « Cahier des clauses particulières - Objet : veille de l'opinion ».

Appel d'offre du ministère de l'Education nationale.Ce document, qui relève d'un appel d'offre, émane de la délégation à la Communication du ministère de l'Education nationale et date du 15 octobre, soit il y a trois semaines :

« Article 1 : Les présents marchés portent sur la veille de l'opinion dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche. (…)

Article 4 : Chaque marché est conclu du 1er janvier 2009 jusqu'au 31 décembre 2009. »

C'est un peu plus loin que la volonté des ministères concernés apparait le plus explicitement (« description des prestations ») :

« Le dispositif de veille vise, en particulier sur Internet, à :

* identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles, émergents)
* identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l'opinion
* repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte, et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau
* décrypter les sources des débats et leur mode de propagation
* anticiper les risques de contagion et de crise.

En clair : le ministère de l'Education nationale va débourser 100 000 euros par an, et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 120 000 euros, pour surveiller l'opinion dans la Toile.

Suit une liste des espaces à surveiller de plus près, blogs et sites participatifs notamment, auxquels s'ajoutent, selon les termes de l'appel d'offre, médias traditionnels, dépêches d'agences, baromètres et enquêtes annuelles.

Non, ce n'est pas un canular : sur le site du Journal officiel, on retrouve bien cet appel d'offre pour le marché public de la veille de l'opinion parmi les personnels de l'Education nationale.

Aussi spectaculaire soit-elle, cette volonté d'identifier les leaders de la contestation n'est pas nouvelle. C'est en tous cas ce dont témoignait samedi une vingtaine de directeurs d'école réfractaires, réunis à Paris pour une journée de travail sur le fichier base-élèves.

Dans le Lot, quarante réfractaires à la base élève en avril, quatre aujourd'hui

Au total, cette toute première journée de coordination nationale, qui réunissait une vingtaine de collectifs départementaux, a rassemblé 75 personnes, dont de nombreux parents d'élèves. Leur but : faire le point sur “le fichage des enfants”, notamment depuis le nouveau décret qui est venu modifier le contenu du fichier le 1er novembre dernier.

Mais aussi soutenir les directeurs d'écoles récalcitrants. Car le ministère met la pression sur ces derniers résistants au fichier, parfois quatre ans après le lancement de la base-élèves dans leur zone. Ils le disent d'ailleurs eux-mêmes, à l'instar de Jean :

« Entre une entrée en vigueur morcellée et le discours moderniste qui allait avec, le ministère a réussi à émietter la contestation. Le milieu enseignant a fini par entrer dedans honteusement. Dans le Lot, nous étions quarante directeurs d'école réfractaires en avril, dix en juillet, et seulement quatre aujourd'hui. Il était temps de monter au front nationalement alors que certains renonçaient parce qu'ils se sentaient lâchés. »

Jean, à trois ans de la retraite, enseigne depuis trente-trois ans et gagne 2600 euros net. Directeur depuis plus de vingt ans, il travaille dans de “très petites écoles” et est aujourd'hui à la tête d'une classe unique :

« Dans les petites écoles, on suit les enfants pendant cinq ans, on a une relation beaucoup moins administrative au terrain. Or la Base-élèves et le fichage des élèves, c'est la mise à mort d'un encadrement que le ministère juge trop humaniste. J'en fais une question de principe et accepter de ficher mes élèves, ce serait comme un reniement à la fin de ma carrière. »

Pression financière et menaces de fermetures de classes

Parce qu'il s'oppose, Jean y perd financièrement : pour faire taire la bronca contre le fichier base-élèves et ses scories (comme le numéro d'identifiant qui immatricule les enfants jusqu'à… 35 ans), la hiérarchie de l'Education nationale a décidé de sanctionner sur la fiche de paye.

Pour l'instant, le directeur d'école du Lot a eu deux retenues sur salaire, à raison d'un trentième du brut, soit environ 104 euros de moins à chaque fois. Une folie militante ?

« Avant cela, je n'avais jamais eu de conflit dur avec l'inspection d'académie, j'étais bien noté et j'avais acquis une certaine légitimité : on me fait venir à l'IUFM ! J'étais comme un dinosaure endormi, rangé des voitures en ce qui concerne le militantisme. Mais pour moi cette lutte-ci est encore plus fondamentale que toutes les autres, même celles pour les suppressions de postes. »

Mireille, elle, est à la retraite depuis l'été, mais a ferraillé contre la base-élèves pendant deux ans depuis le Vercors, où elle était directrice d'école. Elle raconte que, lors d'une réunion publique organisée dans un village par des parents, la hiérarchie académique lui a ordonné de se taire, en la menaçant de sanctions. Elle n'en a rien fait et a même déposé un recours devant le Conseil d'Etat, cosigné d'un parent d'élèves. L'audience devant le Conseil d'Etat aura lieu le 26 novembre.

“On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes ! ”

Mireille, contrairement aux autres, n'a jamais vu son salaire amputé mais raconte que certains directeurs d'école commencent à flancher. Ainsi, cette instit rennaise qui a renoncé à un poste de direction à force de pressions. Ou encore ce courrier de l'inspection d'académie du Lot, que Rue89 s'est procuré, qui menace les directeurs d'école de fermer des classes :

Les parents d'élèves prennent le relais

Les enseignants mobilisés l'assurent : l'avenir de la contestation contre le fichage est dans les mains des parents d'élèves. Samedi, Rue89 a rencontré deux mères et un père, qui avaient fait le déplacement à Paris depuis l'Ille-et-Vilaine et le Lot. Extraits :

Mathilde : “Ça fait quatre ans que base élèves existe en Ille-et-Vilaine. Que sont devenues les informations enregistrées avant que le décret ne vienne modifier les champs du fichier, comme par exemple la nationalité, le lieu de naissance ou la catégorie sociale ? Le ministère refuse d'apporter la preuve de la destruction de ces fichiers.”

Maryline : “L'Etat utilise l'obligation scolaire à partir de six ans pour ficher toute la population. Mais pourquoi ma fille de trois ans devrait-elle avoir un matricule et rendre des comptes à la société ? Parce que je le refusais, on m'a menacée de refuser d'inscrire ma fille.”

Philippe : “Les modalités ont été si différentes d'un département à l'autre voire d'un canton à l'autre, que ça a renforcé notre suspicion. Même s'ils ont supprimé des champs, ce fichier existe, et personne ne peut nous répondre sur ce qu'il va devenir.”

« Le premier constat des saisies des élèves fait apparaître une diminution de l'ordre de cinq cents élèves par rapport à l'an dernier. Je rappelle que le constat arrêté au niveau académique et national sur lequel s'appuiera le travail de préparation de rentrée, notamment pour les suppressions et créations d'emplois, est celui de la base élèves. »

Christophe, lui, promet de tenir bon. Directeur dans la Vienne, il avait pris contact avec Rue89 il y a plusieurs semaines mais hésitait à s'exprimer au grand jour (même s'il est syndiqué). Comme d'autres, il a subi des pressions. Par oral, on l'a menacé de sanctions de l'ordre d'une journée de salaire retenue par journée réfractaire. Sachant qu'il n'a pas flanché depuis la rentrée de septembre, la fronde commençait à peser cher : Christophe, six ans au compteur, gagne 1700 euros par mois.

Finalement,la pénalité sera la même que pour les autres : un trentième par lettre d'injonction. Sorti de l'anonymat, il espère mobiliser à nouveau :

« La base-élèves et le numéro d'immatriculation des enfants sont devenus des sujets tabous. Quand on en parle, on dirait que les collègues ne sont pas fiers, ils préfèrent regarder ailleurs. »

En écho, Jean, pour qui les menaces verbales se sont transformées en retenue d'un trentième par injonction écrite, s'interroge : “comment la profession a pu basculer là-dedans ? ”

En juin, Darcos a parlé à l'Assemblée de « fichier liberticide ». Depuis, ils disent qu'ils sont revenus en arrière en supprimant certains champs. Mais c'est un écran de fumée, car ce que nous avons fini par comprendre, c'est que c'est le numéro d'identifiant qui est le plus problématique. On immatricule des enfants de cinq ans pour les trente-cinq années suivantes ! »
Côté ministère, on espère faire taire la contestation en affirmant que des modifications ont bien été faites dans le fichier, après que le ministre avait reconnu certains écueils à l'ancienne mouture, le 13 juin dernier.

Photo : Nicolas Sarkozy en visite dans une école primaire de Distre en juin 2008 (Stephane Mahe/Reuters).

dimanche 31 mai 2009

Appel des syndicats de l'éducation contre les mesures de Sarkozy

PARIS (Reuters) - Plusieurs syndicats d'enseignants, lycéens et parents d'élèves ont signé samedi un appel à une autre politique de lutte contre la violence dans les établissements scolaires, deux jours après les annonces de Nicolas Sarkozy sur ce thème.

"Les établissements d'éducation doivent avant tout rester des lieux de confiance, d'apaisement et de sérénité", écrivent neuf syndicats dans cet appel commun rédigé à Saint-Etienne, à l'occasion du congrès national de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE).

"C'est une façon de répondre de manière unitaire à tout ce qui a été dit sur la sécurité dans l'école", a expliqué à Reuters Alix Nicolet, présidente de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl).

"Le ministre sait que la fouille des cartables est impossible à mettre en place et ne règlera rien; il sait que la création d'une brigade volante d'intervention n'a aucun sens; il sait que vouer aux gémonies les parents dits 'démissionnaires' n'est pas une solution", énumèrent les signataires de l'appel (Fidl, UNL, FCPE, Unsa Education, FERC-CGT, Snes, Unef, SGEN-CFDT, FSU).

"Rien ne peut remplacer les rapports humains, l'éducation, la prévention, toutes choses que les portiques et les caméras de vidéosurveillance ne sont pas en mesure d'apporter", affirment-ils.

Jeudi, Nicolas Sarkozy a annoncé plusieurs mesures à la suite d'une série d'incidents médiatisés dans les établissements scolaires. Les chefs d'établissement et leur personnel d'encadrement seront habilités à fouiller cartables et sacs des élèves à la recherche d'armes éventuelles et à la saisir.

Le chef de l'Etat a évoqué le développement de la vidéosurveillance dans les établissements scolaires et son ministre de l'Education nationale Xavier Darcos l'installation de portiques de détection.

"Les agressions de personnels de l'Education nationale sont inadmissibles. Les intrusions de bandes armées de battes de base-ball dans un établissement sont intolérables", peut-on lire dans l'appel syndical.

"Néanmoins, il ne s'agit pas des formes les plus fréquentes de violence perpétrées dans les écoles et les établissements scolaires. Les agressions commises avec arme contre les personnels de l'Education nationale sont heureusement rarissimes (10 cas recensés depuis 2007)."

Selon les auteurs du texte, la politique de l'éducation du Président depuis son élection a favorisé le développement de la violence à l'école.

"Par bien des aspects la politique suivie renforce les phénomènes de violence: désectorisation, suppressions de dizaines de milliers de postes d'enseignants et de personnels vie scolaire, déstabilisation des équipes, dégradation des conditions de travail et d'étude, insuffisance du dialogue avec les parents..."

Clément Guillou, édité par Mathilde Gardin, le Monde.fr

vendredi 29 mai 2009

M. Sarkozy veut "sanctuariser les établissements scolaires"

LE MONDE | 28.05.09

"Nous devons sanctuariser les établissements scolaires." Après avoir énuméré les incidents des dernières semaines, Nicolas Sarkozy a annoncé, jeudi 28 mai, en fin de matinée à l'Elysée, une série de mesures, qui reprennent les propositions du ministre de l'éducation Xavier Darcos, à l'exception des sanctions financières infligées aux parents.

"J'entends les bonnes consciences qui crient au scandale quand le ministre de l'éducation nationale propose d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des établissements. Bien sûr qu'il est regrettable d'en arriver là. Mais comment agir autrement dans un tel contexte. Attendre que l'irréparable se produise ?", a déclaré M. Sarkozy, citant les 17 morts de Winnenden en Allemagne en mars.

184 établissements parmi les plus sensibles vont faire l'objet d'un "diagnostic de sécurité à l'issue duquel seront adoptées toutes les mesures nécessaires", qu'il s'agisse de l'installation de portiques ou de mesures de vidéo-surveillance. L'idée est de faire du cas par cas.

M. Sarkozy estime que "les personnels de direction et d'encadrement [des établissements scolaires] devront à l'avenir disposer des moyens de s'assurer que les élèves ne transportent pas d'armes. A cette fin, ils recevront une habilitation spécifique qui leur permettra de faire ouvrir les cartables et les sacs". La fouille des cartables nécessite selon les juristes une modification de la loi.

S'y ajoute le durcissement de la répression : l'intrusion dans un établissement scolaire ne sera plus une infraction, mais un délit. Les violences contre un agent de l'éducation nationale constitueront à l'avenir des circonstances aggravantes, également lorsqu'elles se produisent à l'extérieur de l'établissement. Enfin, les établissements scolaires sont invités à avoir un "policier référent" dans le commissariat voisin.

CRITIQUES POUR "MAM"

Ce plan s'inscrit dans un plan de lutte global, contre l'insécurité, alors que la délinquance repart à la hausse. M. Sarkozy, qui a assis son crédit politique sur la lutte contre la délinquance, se livre à une critique à peine voilée des résultats obtenus par sa ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie : "Il faut tout autant dire la vérité quand surviennent des évolutions moins favorables. Les résultats de ces derniers mois contrastent avec l'évolution observée depuis sept ans."

Les crimes et délit ont augmenté de près de 4 % en mars, d'un peu plus de 2 % en avril. "Les chiffres de mai ne seront sans doute pas très bons", a affirmé M. Sarkozy qui estime que "la priorité, aujourd'hui, c'est la reconquête des quartiers sensibles".

Le chef de l'Etat veut se concentrer sur vingt-cinq quartiers, dont vingt-et-un en région parisienne, qui sont "rongés par la délinquance, le trafic de drogue et le trafic d'armes". "Aucune rue, aucune cave, aucune cage d'escalier ne doit être abandonnée aux voyous. Je veux que se multiplient immédiatement les opérations coups de poings".

M. Sarkozy propose la création d'une police d'agglomération, d'abord en région parisienne. Le préfet de police de Paris aura la responsabilité de la sécurité de la capitale mais aussi la petite couronne. Il demande à ce que 200 fonctionnaires de police en plus soient affectés en Seine-Saint- Denis.

M. Sarkozy demande la constitution d'un groupe de travail pour lutter contre le trafic d'armes. Il veut que tous les services de l'Etat marchent mais dans la main, y compris le fisc et les douanes. Pour le chef de l'Etat, "il n'y a pas à mes yeux de secret professionnel qui tienne, entre services de l'Etat, lorsque la sécurité des Français ou celle de l'Etat est en jeu". Il demande l'accélération du rapprochement police-gendarmerie. "J'ai voulu cette réforme et j'entends qu'elle soit menée à son terme, Madame la ministre, dans les plus brefs délais." Michèle Alliot-Marie est prévenue.

Violences scolaires : "Il faut stabiliser les équipes"

"L'école doit être sanctuarisée", a réaffirmé, mercredi 27 mai, Xavier Darcos, qui recevait, "dans le cadre de la lutte contre l'introduction d'armes dans les établissements", les représentants des fédérations de parents d'élèves, des collectivités locales et ceux des chefs d'établissement. A cette occasion, le ministre de l'éducation a repris l'ensemble de ses propositions formulées depuis l'agression au couteau, le 15 mai, d'une enseignante par un collégien de 13 ans au collège François-Mitterrand de Fenouillet (Haute-Garonne).

M. Darcos prône notamment l'installation de portiques de détection de métaux à l'entrée de certains établissements, la création auprès des recteurs d'une "force mobile d'agents assermentés" et la possibilité juridique pour les personnels de fouiller les sacs des élèves. Ces propositions ont déclenché un tollé dans le monde enseignant, et des prises de position critiques de la part de la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, et du haut-commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse, Martin Hirsch.

Eric Debarbieux, professeur à l'université de Bordeaux-II et directeur de l'Observatoire international de la violence à l'école, répond à nos questions.

La violence en milieu scolaire est-elle en augmentation en France ?

La tendance, depuis une dizaine d'années, est qu'il n'y a pas d'augmentation globale de la violence à l'école, mais une augmentation inégale, statistiquement concentrée sur les lieux d'exclusion sociale. L'essentiel consiste en "petites" violences répétées, qui ne font pas l'actualité mais sapent le moral de tous. On constate aussi, parmi l'ensemble des faits de violence, une forte augmentation de ceux visant les adultes.

Depuis plusieurs années, dans nos propres enquêtes dans les établissements "sensibles", cette dégradation de la relation aux adultes est patente. Les statistiques 2005-2006 du ministère de l'éducation, les dernières issues de plusieurs années d'utilisation d'un même outil de signalement, faisaient état d'une augmentation de 7% en un an des incidents touchant les enseignants, et de 25 % depuis 2003 des incidents touchant les personnels de surveillance et les conseillers principaux d'éducation (CPE).

Quand M. Darcos a suggéré de mettre en place des portiques détecteurs de métaux dans certains établissements, M Hirsch a dit qu'il était contre "transformer les écoles en aéroports". Certains se moquent de ce genre de proposition…

S'en moquer ? Certainement pas. Préférerait-on l'immobilisme ? Mais il est vrai qu'en France, sous le coup d'un certain affolement, des "solutions" comme la vidéosurveillance ou des détecteurs sont réclamées à cor et à cri. La moindre des précautions avant de les adopter serait d'examiner leur efficacité. L'effet des détecteurs à l'entrée des établissements a été évalué, entre autres, par une enquête du FBI. Contrairement à la légende, ces détecteurs ne sont présents que dans moins de 1 % des écoles américaines (d'après le rapport annuel "Indicators on Crime Safety" en 2006). Les effets pervers en sont bien connus : ressentiment montant des élèves, sentiment de mépris, éventuellement renforcé par la fouille des cartables, et, finalement, augmentation de la violence antiscolaire !

M. Darcos a aussi suggéré la création d'une "force mobile" intervenant "sur des missions de prévention et de contrôle" et pouvant opérer des fouilles d'élèves…

Les fouilles systématiques sont un des moyens les plus sûrs d'augmenter la violence. Quant à l'intervention ou la présence d'une "force", de nature policière ou non, tout dépend de son style. Si c'est, par exemple, une vraie police de voisinage, en lien avec les établissements, les habitants, les jeunes eux-mêmes, alors oui, il y a des expériences très concluantes, comme à Toronto, au Canada.

Chaque gouvernement, après un fait dramatique, annonce son plan contre la violence à l'école. M. Darcos parle aujourd'hui de "sanctuariser l'école"…

Quoi de nouveau ? Gilles de Robien, le précédent ministre, en parlait en 2006… comme l'avait fait François Bayrou en 1993. Cette notion se fonde sur une fausse évidence : la violence viendrait de l'extérieur. D'où une logique de clôture de l'espace scolaire. Pourtant, qu'on le veuille ou non, la relation pédagogique – un mot devenu imprononçable en France – est au cœur du problème ! Par ailleurs, l'importance de la stabilité des équipes pour la protection des élèves et des personnels est une constante dans la recherche internationale. Or, notre système de recrutement des personnels de l'enseignement secondaire est une catastrophe. Elle se traduit par l'envoi en masse de jeunes débutants, non ou peu formés, dans des établissements sensibles dont ils n'ont qu'une idée : en partir. La manière dont est cogérée la nomination de nos enseignants est insensée. J'avoue en avoir assez de le répéter.

Enfin, la formation à la gestion du stress, à la dynamique de groupe, à la prise de parole, au travail en équipe doit accompagner, à égale dignité, leur formation disciplinaire. Mais en France le débat est tellement masqué par l'idéologie que les avancées sont fort lentes, comme si la lutte contre la violence à l'école devait être "de droite" ou "de gauche". Il est triste qu'elle soit un enjeu électoral.
Propos recueillis par Luc Cédelle, Le Monde

Violence à l'école : il y a treize ans, Sarkozy prônait le contraire


Par Chloé Leprince, rue 89

Dans le rétro avec l'INA

Depuis deux mois, Xavier Darcos multiplie les prises de positions sur la sanctuarisation de l'école face à la violence. Avant lui, François Bayrou, avait déjà enfourché ce cheval. En 1996, amorçant vidéosurveillance et portiques de sécurité contre la violence scolaire, le ministre de l'Education d'alors affirmait vigoureusement sa volonté de « refaire de l'école un sanctuaire » [2].

Or, dans les soutes de l'Ina, on trouve une interview de Nicolas Sarkozy qui date de 1996. Et, il y a treize ans, ce dernier reprend à la volée François Bayrou, ne cachant pas son scepticisme… pour une politique qu'il inspire justement aujourd'hui ! (Voir la vidéo)

« Sanctuaire », c'est pourtant le terme qu'utilisaient Darcos et Alliot-Marie le 2 avril, lorsque tous deux vantaient (encore à l'unisson à l'époque) leur plan anti-violence scolaire. C'est une interview accordée au Parisien [3] qui fait date en la matière. Voici MAM dans le texte à l'époque :

« Ce qui compte, c'est la philosophie de cette nouvelle démarche : l'école doit être un sanctuaire de sécurité, où les parents sont sûrs que les enfants sont protégés, et les adultes aussi. »

Et Xavier Darcos, dans la foulée :

« Avec le président de la République, il nous est apparu que l'établissement scolaire ne peut en effet plus seulement être un lieu protégé par ses règles internes (le règlement intérieur) puisqu'il se trouve confronté à un phénomène récent, celui de la violence importée. »

Jeudi à l'Elysée

Vingt-quatre heures avant le rendez-vous à l'Elysée sur la sécurité à l'école, fixé jeudi par Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos recevait ce mercredi des représentants des collectivités locales, des chefs d'établissement et des parents d'élève. Malgré les tacles [4] de Michèle Alliot-Marie le week-end dernier, le ministre de l'Education nationale a maintenu dans les grandes lignes [5] ses objectifs.

On peut citer, par exemple :

* des portiques de sécurité pour détecter des armes dans des établissemets ciblés
* la fouille des sacs des élèves à l'entrée par les chefs d'établissements qui deviendraient « officier de police judiciaire »

Xavier Darcos entend même maintenir la « force d'agents mobiles », rebaptisée « brigades de la paix scolaire », contre laquelle Michèle Alliot-Marie s'est récemment élevée [6].
Déjà, en 1996, la surmédiatisation…

Vous aurez noté au passage sur la vidéo qu'en 1996, Nicolas Sarkozy s'élevait aussi sur la surmédiatisation des faits de violence scolaire. Une critique que bon nombre d'opposants adressent justement à l'exécutif qui multiplie les prises de positions sur le sujet à chaque fait divers depuis le début de l'année.

C'est par exemple ce que soulignait Bernard Girard, enseignant-blogueur et riverain assidu de Rue89 [7], qui dénonce l'instrumentalisation [8] de faits épisodiques au bénéfice d'un discours sécuritaire plus vaste.

28 000 postes de fonctionnaires supprimés en 2008

LEMONDE.FR avec AFP | 27.05.09

La baisse des effectifs dans la fonction publique d'Etat, un axe essentiel de la politique gouvernementale vivement contesté par les syndicats, a été plus importante que prévu, avec 28 000 équivalents temps pleins supprimés en 2008, contre près de 23 000 initialement programmés.

Ces nouveaux chiffres risquent de jeter de l'huile sur le feu, alors que la défense du service public et de l'emploi public face à la crise fait partie des revendications des huit organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires et UNSA), qui depuis janvier appellent à des journées d'action et de manifestations, notamment le 29 janvier, le 19 mars, le 1er mai et le 26 mai.

La réduction du nombre de fonctionnaires est un axe essentiel de la politique de Nicolas Sarkozy pour réduire les dépenses publiques, avec pour objectif de revenir "au même nombre de fonctionnaires qu'en 1992", quand François Mitterrand était président. Pour 2009, le gouvernement a prévu dans son budget de supprimer 30 627 postes de fonctionnaires d'Etat, et a déjà annoncé un objectif de 34 000 suppressions de postes pour 2010.

mardi 26 mai 2009

Du réseau unique à l’existence possible d’antennes :

Le SE-UNSA est le seul syndicat à avoir déposé un amendement visant à modifier le projet de texte qui figeait l’organisation des RASED en un réseau unique de circonscription. Pour le SE-UNSA la nouvelle rédaction permet l’existence d’antennes RASED, notamment en milieu rural, là où les distances entre les écoles sont importantes. Il s’agit pour le SE-UNSA de garantir une proximité d’action et une meilleure couverture du territoire. Le secteur d'intervention des personnels doit être suffisamment limité pour permettre une véritable efficacité pédagogique : tout élève en difficulté doit pouvoir bénéficier des aides nécessaires, dans le cadre du service public d’éducation.

Cet amendement a reçu un accueil favorable des services du ministère.

Le SE-UNSA a également insisté pour que le texte mentionne que l’implantation des emplois ainsi que les secteurs d’intervention soient débattus en CTP, et que les frais occasionnés lorsque les personnels sont appelés à se déplacer soient prévus lors de l'implantation de ces emplois.

Le ministère a fait évoluer le texte en ce sens.


sources : SE UNSA
Les heures de synthèse du Rased ont encore fait débat…

Le 29 avril, le SE-UNSA, le Snuipp-FSU, et le Sgen -CFDT ont adressé une lettre à Xavier Darcos 2009 lui demandant de respecter le principe des trois heures de coordination et synthèse spécifiques aux RASED dans la nouvelle circulaire.

De plus, le SE-UNSA pour sa part, a déposé aussi un amendement visant à mieux prendre en compte ces trois heures de synthèse et de coordination. Les enseignants des RASED doivent pouvoir assurer le travail d’analyse et de suivi des élèves en difficulté d’une part et le travail avec leurs collègues d’autre part.

Même s’il ne nie pas la spécificité des missions, le ministère n’entend pas déconnecter les enseignants spécialisés du décret de juillet 2008 qui s’applique à tous les personnels du premier degré. Dans ces conditions, la ventilation de trois heures fixes par semaines devient impossible.

Nous avons quand même obtenu une rédaction qui permette les 3H en moyenne sur l’année scolaire, ce qui conduira les personnels à faire des choix notamment dans les animations pédagogiques de circonscription.

Une diminution inquiétante des départs en formations spécialisées

Le SE-UNSA a dénoncé la diminution des départs en stage de formation pour la rentrée prochaine. Nous avons demandé qu’une enquête précise soit menée en urgence auprès de tous les départements afin d’obtenir des départs en stage là où il le faut. Pour le SE-UNSA c’est le fonctionnement et l’efficacité des RASED dans un proche avenir qui sont gravement menacées !

Le groupe de travail sur la difficulté scolaire doit se réunir « une dernière fois » le 15 juin prochain, avant une présentation de la nouvelle circulaire au CSE du 18 juin.

lundi 25 mai 2009

COMMUNIQUE du Mouvement des enseignants en résistance

collectif des désobéisseurs de la Haute-Garonne Un enseignant à nouveau sanctionné en Haute-Garonne ! Christian Borgetto, enseignant à l'école Jean Rostand de Nailloux (31) était convoqué mardi 19 mai à 18h à l'Inspection Académique de la Haute-Garonne.

Membre actif de l'ICEM (Institut de Coopération de l'Ecole Moderne, pédagogie Freinet), il est entré en désobéissance pédagogique ouverte dès le mois de novembre 2008 en signant une lettre collective de désobéissance adressée à son inspecteur. Soutenu par une centaine d’enseignants et de parents qui se sont rassemblés aux portes de l’Inspection Académique, Christian Borgetto, accompagné par cinq représentants syndicaux, a été reçu par l’inspecteur d’académie adjoint Christian Wilhem pendant plus d’une heure. L’administration a décidé de lui retirer un jour de salaire par semaine à compter du 29 avril pour le motif de ne pas appliquer réglementairement le dispositif de l’aide personnalisée, deux heures par semaine, le mercredi matin. Sur ce temps-là, Christian Borgetto prend l’ensemble des élèves et met en place des dispositifs coopératifs pour aider les élèves en difficulté. Le mouvement des enseignants en résistance pédagogique s’élève contre les accusations de sectarisme proférées par l’administration à l’encontre d’un enseignant dévoué, compétent et expérimenté, membre actif d’un mouvement pédagogique reconnu, et qui a le soutien entier des parents d’élèves de sa classe. Il dénonce l’immobilisme et l’incompétence de l’Inspection Académique, incapable d’entendre et de comprendre les motivations professionnelles et pédagogiques qui ont amené Christian Borgetto comme des dizaines d’enseignants du primaire sur le département, et des milliers dans toute la France, à entrer en désobéissance ouverte tout en effectuant l’intégralité de leur service. Alors que les enseignants désobéisseurs ont reçu dimanche dernier, sur le plateau des Glières, le soutien public des anciens Résistants Raymond Aubrac et Stéphane Hessel, ils réaffirment que cette répression disproportionné e n’entamera pas leur détermination à œuvrer pour un service public d’éducation digne de ce nom. Ils appellent les enseignants du primaire à poursuivre la résistance pédagogique pour faire échec aux lois et décrets scélérats qui déconstruisent l’école publique et laïque de ce pays. Blog Résistance pédagogique pour l’avenir de l’écolehttp://resistancepe dagogique. blog4ever. com/blog/ index-252147. html

Contact : 06 61 58 10 55

petit message du collègue André O.

Chers collègues et amis,

Le Monde 2 publie cet article de Pierre Assouline sur le décret
scélérat du 16 avril dernier. Je rappelle que, si ce texte est
appliqué, la Catho pourra ouvrir des masters enseignement et former
de futurs enseignants du public (soit l'inverse de la situation
actuelle). C'est ce qui avait amené Caroline Fourest à titrer un
article dans le Monde quotidien : "Le prêtre formera l'instituteur" .
Bien cordialement,

André OUZOULIAS

IUFM de Versailles - Université de Cergy-Pontoise

Non au coup de force gouvernemental ! L’Université ne se laissera pas humilier

Appel de la Coordination Nationale Formation Des Enseignants (CNFDE), 22 mai 2009

La mobilisation des formateurs dans les UFR et les IUFM a permis de faire reculer le gouvernement, principalement sur les échéances. Mais aujourd’hui, il prépare un coup de force pour promulguer avant l’été les décrets modifiant le recrutement des enseignants. Sans attendre la fin des travaux de la « commission de concertation », dont le rapport doit être remis le 15 juillet, il a inscrit l’examen de ces décrets à l’ordre du jour de la Commission paritaire technique ministérielle (CTPMEN) du 27 mai et du Conseil supérieur de la fonction publique d’État du (CSFPE) du 12 juin :

* La « réforme » est en marche pour 2011, une « réforme » qui conserve toute sa nocivité (l’année bac + 5 à la charge des étudiants, une année de M2 ingérable où il faudra concilier préparation au concours, mémoire de recherche et stages éventuels, la fin de la formation en alternance…). Elle contient toujours les dispositions qui, tout à la fois, mettraient en péril les masters recherche et feraient disparaître les IUFM. Au total, on assisterait à une dégradation de la qualification réelle des enseignants débutants, tant du côté de la maîtrise des savoirs académiques que de celui des compétences professionnelles, et par voie de conséquence, de la qualité du service public d’éducation.

* Le dispositif prévu pour l’année dite transitoire 2010-2011 cumulerait les inconvénients pour les lauréats : exclus de la reconnaissance de leur formation au niveau master, privés de la « revalorisation », privés de formation initiale en IUFM, ils auraient, certains pour la première fois, à prendre en charge des élèves pour 2/3 de leur temps de service (contre 1/3 aujourd’hui).

Dans quelle république sommes-nous ? Le gouvernement s’exonère de la responsabilité des grèves que les universitaires et étudiants ont dû décider démocratiquement pour protéger l’Université, la recherche et la formation des maîtres contre sa politique de saccage. Mais cela ne suffit pas, il érige maintenant la provocation et l’humiliation en mode de gouvernement. Comment qualifier autrement les déclarations où il fait passer les opposants à sa politique universitaire pour une petite bande d’activistes professionnels ? Comment qualifier autrement son mépris pour les membres de la commission Marois-Filâtre à qui il demande de réfléchir à la formation des maîtres tout en installant le cadre juridique de sa « réforme » ?

Face à la gravité du coup de force, face à cette nouvelle humiliation publique de l’Université, l’action doit se poursuivre et s’amplifier, la riposte doit s’organiser sans délai :

* en demandant le retrait immédiat des décrets sur le recrutement des enseignants de l’ordre du jour des instances consultatives (CTPMEN et CSFPE) ;
* en alertant partout les Présidents d’Université, les directeurs d’IUFM, les représentants syndicaux, les élus, parlementaires et élus territoriaux… ;
* en faisant connaitre les textes et les documents qui émanent de la CNFDE et qui permettent de faire valoir ce que demandent les formateurs.

À la demande de nombreux collectifs, le secrétariat de la CNFDE décide de réunir la quatrième coordination nationale. Celle-ci se déroulera samedi 6 juin à Paris, à partir de 9 h 30 (le lieu sera précisé prochainement) .

Le secrétariat de la CNFDE prend contact dès maintenant avec la CPU, la CDIUFM, les organisations syndicales, les syndicats étudiants et associations de parents d’élèves, la coordination nationale des universités, les sociétés savantes, les mouvements pédagogiques… pour les inviter à cette quatrième coordination nationale et pour réunir au plus tôt les conditions d’une riposte à la hauteur des enjeux.

Xavier Darcos, Valérie Pécresse et la mastérisation,

par Brigitte Perucca, LE MONDE

Les universités sont quasiment débloquées, mais les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), eux, sont encore crispés. Même si Xavier Darcos, chargé de la réforme de la formation des professeurs, a en partie désarmorcé la grogne en repoussant sa mise en oeuvre d'un an, le problème n'est que différé. Cette "mastérisation" aura constitué la face cachée du mouvement qui agite les universités depuis huit semaines.

Tout sauf anodine, puisqu'elle modifie le niveau de recrutement et la façon dont vont être formés les professeurs de ce pays, cette réforme a une autre caractéristique : son traitement concerne certes au premier chef le ministère de l'éducation, qui recrute les professeurs mais a de fortes implications pour le ministère de l'enseignement supérieur qui les forme.

Xavier Darcos et Valérie Pécresse auraient dû en bonne logique penser et agir la réforme ensemble. Or le moins que l'on puisse dire est que les deux équipes ministérielles n'ont traité le sujet ni en harmonie ni même en commun. Pendant toute la durée de la crise, les deux ministres n'ont cessé - en privé - de se renvoyer la responsabilité de l'impasse dans laquelle se trouvait le mouvement des universités.

A chaque fois qu'on évoque devant elle les difficultés de mise en oeuvre, mais aussi le mal-fondé de la réforme de la formation des maîtres, la ministre de l'enseignement supérieur répond par un "joker" ! Cette réponse en forme de pied de nez signifie que Mme Pécresse n'approuve ni ne défend vraiment une réforme qui n'est pas la sienne. De surcroît, Mme Pécresse n'a pas été dupe de l'empressement de M. Darcos à vouloir réaliser la mastérisation si promptement : elle lui permettra d'économiser à terme des milliers de postes.

Cette mastérisation - qui vise à traduire concrètement le fait que tous les enseignants seront recrutés à bac + 5 - n'est pas seulement une mesure d'économie. C'est une réforme qui permet à M. Darcos de satisfaire tous ceux qui veulent en finir avec les IUFM. Créés par Lionel Jospin, ils sont honnis d'une bonne partie du monde académique et universitaire. Mais bizarrement, la contestation de cette réforme n'est pas venue des IUFM, muets dans un premier temps devant le dépeçage de l'aspect "professionnel" de la formation enseignante. Leurs critiques ont cependant fini par émerger, les directeurs d'IUFM regrettant que les nouveaux futurs enseignants soient "lâchés" sans formation devant des classes.

Les présidents d'université n'étaient pas mécontents de récupérer dans leur giron une formation que certains d'entre eux jugent confisquée par les "pédagogues" et dont le rattachement à l'université paraît logique. Mais comment s'y prendre, dans l'université telle qu'elle est, pour assurer à la formation d'enseignant le caractère professionnalisant dont elle a besoin ? Les universitaires, non préparés puisque mis à l'écart des préliminaires de la réforme, en ont réalisé assez vite les effets collatéraux.

Les enseignants- chercheurs se sont ainsi inquiétés de la création de cet "ovni" que risque d'être le master "enseignement" . De quoi seront "faits" ces masters ? S'agit-il d'une sorte de "pot-pourri" de disciplines dont l'enseignement n'aurait, de fait, rien d'universitaire puisqu'il s'agit de garantir que les futurs professeurs des écoles possèdent bien les connaissances de base nécessaires ? Que deviendront ces jeunes en cas d'échec ? N'y a-t-il pas un risque que cette filière capte les meilleurs des étudiants en sciences humaines, ce qui, du coup, priverait ces filières de "bons" étudiants ? Que l'on juge ces critiques discutables ou irrecevables ne change rien à l'affaire : les choses auraient dû être dites et débattues avant d'être imposées.

De la même manière que l'on ne change pas par "décret" un rapport aussi complexe que celui de l'enseignement et de la recherche, on ne peut bousculer en quelques semaines, sous prétexte d'économies, une formation aussi sensible que celle des professeurs. Et il y a fort à parier que tous les aspects de la réforme auraient été mieux traités si un seul ministère avait piloté ladite réforme.

Car cette gestion morcelée ne tient pas seulement au fait que les titulaires des deux portefeuilles ne s'entendent pas. Elle démontre aussi que l'enseignement est un continuum difficile à scinder. Les incompréhensions et les malentendus autour de la mastérisation auraient peut-être été résolus plus tôt si le dossier avait été d'emblée étudié sous toutes ses facettes. Ce qui vaut pour la formation des maîtres peut s'appliquer à d'autres dossiers comme la réforme du lycée. Une bonne partie de l'argumentaire de M. Darcos pour "changer" le lycée repose sur l'idée qu'il ne prépare pas convenablement aux exigences de l'enseignement supérieur.

Et que dire si demain l'enseignement supérieur était séparé de la recherche de manière à "offrir" à Claude Allègre, l'ancien ministre de l'éducation de M. Jospin, le portefeuille sur mesure (la recherche et l'industrie) qu'il réclame ? Nul doute que les enseignants- chercheurs et les chercheurs, à qui M. Allègre n'a pas laissé que des bons souvenirs, auront du mal à s'y retrouver.

Brigitte Perucca, service Planète

jeudi 21 mai 2009

Et si l'on évaluait l’évaluation de CE1…

"Une bonne évaluation est légitime et indispensable pour l’élève, l’enseignant et les programmateurs de l’E.N. Mais tout évaluateur doit connaître les limites de l’évaluation qu’il propose". C'est le rôle que se fixe Jacques Delacour qui analyse pour nous l'évaluation de CE1.

Rien ne permet d’affirmer que les items proposés constituent un reflet exact de ce que devrait savoir l’élève. Ils reflètent le souhait du programmateur. Vous pouvez toujours souhaiter que votre enfant de 2 ans parle 4 langues…

Encore moins probable, une courbe de Gauss, rendant compte de l’éparpillement des résultats, ne signifie pas des niveaux insuffisants, moyens ou supérieurs de connaissances. On a déjà fait le coup avec le QI…

Chaque item devrait faire l’objet d’une publication de ses résultats. On verrait ainsi que l’item « désigner le plus petit nombre » est beaucoup plus réussi que les problèmes. Peut-on décemment additionner ces deux items pour déterminer le niveau de l’élève ? A la limite, le problème n’est-il pas le seul à rendre compte de la capacité mathématique ? Mais si les résultats aux problèmes sont désastreux, ne faut-il pas penser que leur niveau n’est pas de CE1 ? J’invite les maîtres à proposer les problèmes dans toutes les classes de l’école pour vérifier la progression du succès. Ils seront peut-être surpris de voir que certains CM1 ne réussissent pas !

Et que vont apporter ces évaluations pour une réflexion sur l’efficacité des pédagogies appliquées ici ou là en CE1 ? A-t-on seulement essayé de comprendre pourquoi des classes équivalentes n’ont pas les mêmes résultats ? On a parlé de l’effet maître, mais l’effet pédagogie est-il contrôlé ? Peut-être par peur de constater que certaines pédagogies, dites marginales et seulement tolérées, réussissent mieux que la pédagogie « officielle ».

Autre remarque : comment ne pas penser que la publication prématurée des épreuves ne va pas en changer les résultats ? Il serait bien dommage que des élèves trouvent de l’aide directe ou indirecte, qui se retournerait contre l’E.N. dont on se gausserait des résultats désastreux. La pression mise sur les enseignants, en publiant les résultats (ils le seront d’une façon ou d’une autre) devrait les conduire à ouvrir un contre-feu tout simple, faire passer les items les plus difficiles à tous les élèves de l’école. En comparant les résultats avec les CE2 ou même CM1, on aurait des surprises. De même, en réunion de parents, puisque ces derniers connaissent le système en base 10, leur demander de compter en base 4, leur réapprendre le système de numération (comptage) positionnelle en base 4 puis leur faire appliquer leur savoir sur une soustraction à retenue en base 4. Cela leur donnera une idée de ce qui est demandé en CE1 à leurs enfants.

Et il est dommage qu’un outil comme l’échelle Dubois-Buyse reste inutilisé pour tester l’orthographe lexicale. Là encore, les maîtres peuvent proposer à la dictée une liste de mots tirés de l’échelon 11 et vérifier la situation de leurs élèves par rapport à une statistique établie sur 1 717 765 graphies réalisées par 59 469 élèves. Mais au fait, connaît-on cette échelle si pratique au Ministère ?

La messe est dite : il faudra beaucoup de savoir-faire, d’expérience, de connaissances, de mesure et d’intelligence pour parvenir à tirer quelque enseignement profitable de cette évaluation. Une telle dépense d’énergies, de temps, de finances, mériterait que cela aboutisse à des constats profitables pour tous : programmeurs officiels, enseignants, élèves et parents.

Les résultats doivent aussi remettre en question un retour trop accentué du balancier programmatique : avoir abandonné certains points des programmes de 45 ne signifie pas qu’il faut y revenir en totalité. Un long travail d’équilibre entre la pratique réalisable et les programmes reste à faire, sachant que le savoir enseigné n’est finalement que le support d’un développement intellectuel et moral que la pédagogie met en place pour faire de l’apprenant momentané un apprenant perpétuel.

Commentaires point par point (pour les cas les plus frappants) :

Français :

Exercice 16 : lecture
On rate une occasion de comparer les vitesses de lecture : un simple chronométrage de la lecture aurait permis de constater combien cet indice apporte d’informations quant à la maîtrise de la lecture, surtout en CE1.

Item 7 – 8 – 9
L’item le plus difficile n’est pas en fin d’exercice. Les mots commençant tous par « p » devraient se trouver en dernière ligne.

Page 5 Question N°4 : 2 fautes sur le cahier de l’élève …
Cloué (e oublié) et terrifié (e oublié)

Page 8, exercice 6
Grammaire formelle qui n’améliore pas l’intelligence du texte. Plus des deux tiers de chaque classe ne réussira pas tout correctement.

Il est maladroit que le texte fasse lever « une main » à la place de « la main ». On plie le texte au test de grammaire... Qui écrirait qu’il a levé une main en classe pour obtenir la parole ?

L’exercice aurait pu demander, comme dans l’item suivant, de souligner un verbe dans une phrase, un nom dans une autre…etc. et les résultats seraient différents (les maîtres peuvent tester dans leur classe, en reprenant les phrases du test officiel)

Exercice 7
Même formalisme, qui n’aura aucune corrélation avec l’intelligence du texte.

Le métalangage grammatical est le dernier souci des enfants de CE1 qui ne peuvent comprendre son utilité et doivent seulement mémoriser des mots (nom, article, verbe, sujet) sans contenu conceptuel véritablement accessible. Les résultats le prouveront. Le test simultané de nature (verbe) et fonction (sujet) pousse à l’erreur.

Page 9
Dans un cas la consigne est compréhensible (le mot contraire est employé à la place d’antonyme), dans l’autre, on emploie le mot synonyme. Si on veut vérifier que l’enfant sait ce qu’est un mot quasiment équivalent, il ne faut pas créer une frontière cognitive au niveau lexical. Même si le maître explique synonyme, cette explication peut s’évanouir au fil des items suivants.

Page 10, Dictée de mots :
Quand Alfred Binet conseillait déjà en 1911, de ne pas dicter des mots inconnus, mais d’opter pour une connaissance préalable du mot, de peur d’inscrire une fausse image visuelle du mot, on est étonné de cette « dictée ».

On peut aussi se demander comment les enseignants vont lire « jungle », comme à l’origine orale du mot ou comme la lecture l’impose parfois, comme elle a imposé dompteur en prononçant le p qui ne se lit pas (baptême) !

Tout instituteur sait qu’il ne faut pas faire écrire des mots fautivement.

Si, comme je le dis depuis des années, on ne confondait pas coder et décoder, cela n’arriverait pas.

Si on voulait vérifier que l’enfant savait transcrire quelques phonèmes, on aurait pu proposer :

Moustache (échelon 8), soleil(7), rédaction((9), journée(10), fromage(11), véritable (12), tous inclus dans une phrase.

Les mots irréguliers choisis peuvent laisser perplexe… Si on consulte l’échelle orthographique Dubois-Buyse : aucun des mots ne figure parmi les mots connus par 75% des élèves en CE1.
(...)
Les résultats de l’évaluation permettront donc de faire le point sur la validité de l’échelle Dubois-Buyse.

Il aurait été profitable d’introduire les mots dans une phrase pour les faire écrire, comme le conseillent Ters, Mayer et Reichenbach, question de sens, de bon sens :

« Je suis toujours à l’heure. écrivez toujours »

Mathématique :

Page 15, Exercice 3
L’exercice proposé est très difficile pour des CE1. Car il teste simultanément deux capacités.

Les élèves doivent inférer la règle de composition et ensuite l’appliquer correctement. Le seul fait d’écrire le premier nombre correctement indique que la règle a été trouvée, l’ensemble correct indique le calcul exact.

La division par deux ne devrait être réussie au mieux que par 20% des élèves. J’ai vu une caissière poser sur sa calculette 25x4….Alors la moitié de 100 ou de 50 en CE1, allez donc savoir !

Exercices 4 et 5
Même objectif, on pourrait éviter le doublon.

Page 16, Exercice 6
Le comptage ne donne aucune indication de connaissance mathématique nécessaire pour résoudre les problèmes. Même dans la vie courante on ne compte plus (monnaie, poids, et comptage de clous ou de pièces par pesage…). On ne devrait donner le point qu’à ceux qui ont entouré des groupes de 10 triangles, même si le nombre final est faux !

On voit ici la limite du papier-crayon et des photocopies remplaçant la manipulation. On peut supposer que tous les élèves compteraient manuellement correctement 49 jetons. Leur manière de compter n’est pas innocente pour la suite (groupement par 5, 10 ou comptage en récitant la comptine, un à un)

Les élèves utilisant les réglettes Cuisenaire (4 oranges plus une bleue) vont être surpris de ce comptage de maternelle.

Page18, Exercice 7
La difficulté des opérations n’est pas progressive, il aurait fallu proposer l’ordre BADC. Les résultats de la soustraction seront désastreux par rapport à l’addition. En fin de CE1 peu d’élèves, qui ont pourtant bien compris le fonctionnement, arrivent à réaliser mentalement de telles opérations (13-6). Ce que j’ai constaté en testant les élèves de CE1 arrivant en CE2 pendant plusieurs dizaines d’années (voir l’évaluation au CE2 – J.Delacour – Hachette)

Page 19, Exercice 8
Des divisions sont proposées alors que le livre du maître fait état seulement d’additions, de soustractions et de multiplications (page19)

Exercice 9
Les additions ne sont pas graduées, l’une aurait pu se faire sans retenue, l’autre avec retenue, proposer deux opérations avec retenue c’est s’assurer de l’insuccès, est-ce le but recherché ?

Page 20, Exercice 10
Une seule soustraction, c’est insuffisant : une hirondelle ne fait…

Statistiquement cela n’a absolument aucune valeur.

Ne pas tester soustraction sans retenue puis avec retenue est aussi une erreur. Je pense que 15 à 20% des élèves réussiront cette soustraction à retenue. Ce pourcentage que j’ai constaté durant des années n’a aucune influence sur la suite de la scolarité en mathématique.

Page 21, Exercice 13
Le problème est trop compliqué pour la majorité des élèves. Il faut, sur une seule question, répondre à plusieurs : trouver la somme dont on dispose, trouver le prix de 3 B.D., trouver le reste. Le point accordé est donc très difficile à obtenir… La réussite par moins de 50% des élèves rendrait ce test inutile.

Page 24, Exercice 19
Un travail de fourmi ! Ca manque un peu de réalisme, reviendrait-on aux robinets qui fuient et aux baignoires qui se remplissent ? Doublon avec le 17

Seuls quelques points ont fait l’objet d’une critique que j’espère éclairée. L’ensemble ne répond pas du tout à un objectif d’évaluation formative et assez mal aux critères d’une évaluation sommative fiable. Aucune conclusion sérieusement étayée ne peut être tirée de l’ensemble des résultats.

Jacques Delacour, Directeur d’école honoraire

Mastérisation : le passage en force

Sur le site du ministère la réforme est mise en place.

( http://www.educatio n.gouv.fr/ cid25081/ masterisation- la-nouvelle- formation- des-enseignants. html#Les% 20principes% 20de%20la% 20r%C3%A9forme),

avant que les groupes de travail aient terminé leurs réunions, et que la commission Marois – Filâtre ait commencé ses consultations.

Nos revendications ont été portées au ministère de façon officielle et explicite lors des GT. Il ne peut feindre de les ignorer. Sa réponse est “j’écoute, mais je ne tiens pas compte!”

* La formation (durée non précisée) que les stagiaires recevront est officiellement appelée “formation continue” (et non plus “formation continuée” terme pudique employé dans les groupes de travail). Autrement dit, cela officialise la disparition des IUFM, puisqu’ils ne sont chargés que de la formation initiale.

* La revalorisation salariale ne s’applique qu’aux débutants. Qu’en penseront les professeurs actuellement titulaires qui espéraient à bon droit une revalorisation salariale?

* les stages en responsabilité POURRONT avoir lieu. Ils auront une longueur MAXIMALE de 108h. Bref, en fonction des besoins on fera appel à des étudiants de master pour assurer les remplacements des titulaires ou plus probablement des stagiaires partant en formation continue. Autrement dit, dans les classes, les professeurs débutants seront remplacés par des étudiants. Qu’en penseront les familles ?

* il y aura 12 000 bourses “au mérite”. Comment se fera la répartition ? à partir de quels critères? Combien chaque université, chaque département recevra-t-il de bourses ? Qui arbitrera la foire d’empoigne au moment de la répartition des bourses au mérite entre universités ?

Le reste (l’organisation des masters) n’est pas fixé : le ministère de l’éducation nationale s’en moque, la seule chose qui comptait, ce sont les économies budgétaires, lesquelles procèdent d’un choix idéologique et politique.

Comment arrêter le passage en force ?

Sylvie Plane

Circulaire sur les missions des personnels de RASED :

Un texte contraire aux revendications des personnels, selon le SNUDI FO

Le projet de circulaire ministérielle ne saurait obtenir l’accord du SNUDI Force Ouvrière, tant que subsistera une confusion entre les aides apportées par les enseignants spécialisés des RASED et la mise en place de l’aide personnalisée et les stages de remise à niveau.

Une telle confusion sert à justifier la suppression de 3000 postes d’enseignants spécialisés au budget et la réduction drastique des départs en stage CAPA-SH, option E, option G et psychologues scolaires qui, comme l’a reconnu lui-même le ministère, est très en deçà des besoins des écoles.

Un manque de départs en stage qui remet en cause l'avenir des aides spécialisées

Le SNUDI Force Ouvrière et les autres organisations syndicales, s’alarment depuis des mois sur les menaces qui pèsent sur la formation CAPA SH , notamment dans les options « E » et « G ». Si les propos se sont voulus rassurants lors des différentes réunions du groupe de travail, aucune mesure concrète n’a été prise par le Ministère pour favoriser, dans les départements, les départs en stage de formation spécialisée.

Les personnels de RASED ne sont pas des personnels ressources pour les écoles

Le projet de circulaire, dans un tel contexte, ne pourrait alors avoir comme conséquences à terme que de transformer les enseignants spécialisés des RASED en personnels ressources auprès de leurs collègues. Pour le SNUDI FO , comme pour les professionnels des RASED, il est impératif que les missions des enseignants spécialisés demeurent exclusivement la prise en charge, auprès des élèves, de la difficulté scolaire.

Maintien des trois heures de coordination et de synthèse

C’est avec cet objectif que le SNUDI FO poursuit ses interventions au ministère afin que soit précisée explicitement dans la circulaire la garantie des trois heures de concertation dans les obligations de services des enseignants spécialisés.

En effet, il est tout aussi indispensable qu'un temps conséquent (estimé à trois heures hebdomadaires par les professionnels) puisse être consacré à la concertation de l'équipe spécialisée afin, à la fois, d’apprécier la nature de l'aide spécialisée nécessaire à apporter aux élèves suivis et mener à bien les synthèses de ces dernières.

En effet, la garantie, dans un texte réglementaire, de l'intégralité de ces heures est indispensable pour les professionnels comme reconnaissance de leurs missions auprès des élèves.

Pour toutes ces raisons, le SNUDI FO demande que le projet de circulaire RASED ne soit pas publié en l’état et que se poursuivent les négociations avec les organisations syndicales sur la base des revendications des personnels.

Le SNUDI FO décide de poursuivre, à tous les niveaux, la mobilisation des personnels pour obtenir le rétablissement des 3 000 postes RASED supprimés au budget 2009.

Montreuil le 19 mai 2009

La démobilisation des enseignants.

L'heure est venue de faire un bilan de l'action de M. Darcos
Les avis des amis de l'école publique et des progressistes sont très négatifs. On ne peut pas parler de réforme, le mot réforme évoquant la notion de progrès, mais d'une série de mesures toutes régressives, autoritaires, inspirées par une conception rétrograde de la société, fondées sur une idéologie ultra libérale récente dans l'histoire de notre pays et sur une volonté de réduire la dépense publique à tout prix. Si les protestations et les revendications quantitatives ont fait l'objet d'actions vigoureuses, les vrais problèmes ont été trop souvent sous estimés, parfois délibérément ignorés, alors qu'ils auront des conséquences dramatiques pour l'éducation et pour la société. Les nouveaux vieux programmes ultra régressifs, la semaine de 4 jours imposée et quasiment irréversible alors que le vrai problème est celui de la journée, le soutien factice, l'abandon des politiques éducatives territoriales, la disparition de la formation, le déni de la pédagogie, etc, etc... La catastrophe que les pédagogues ont annoncée peut malheureusement être confirmée. On peut s'étonner de l'indulgence, des compromis, de l'absence de courage, de la frilosité observés ici et là. On peut regretter l'absence de projet alternatif crédible et mobilisateur.
Dans ce contexte, un problème clé n'est jamais évoqué et encore moins traité, c'est celui de la démobilisation des enseignants, conséquence de plusieurs éléments
- le balayage d'un revers de main des programmes de 2002 et de toute l'action menée au cours des 30 ans écoulés
- les volte face serviles de nombreux cadres qui, après avoir prôné, avec plus ou moins d'engagement il est vrai, la rénovation pédagogique, ont accepté de dire que tout ce qui avait été fait est nul et de donner leur caution à la nouvelle idéologie mise en oeuvre
- le développement de l'autoritarisme de l'encadrement. Exécutants eux-mêmes, contrôleurs, les cadres se mettent à considérer les enseignants comme des exécutants eux aussi. Un responsable syndical important des inspecteurs considère par exemple qu'il arrive un moment où il faut bien sévir et contraindre. Pressés par leur pyramide hiérarchique, ils multiplient eux-mêmes les pressions. Voir par exemple la multiplication de comptes rendus obligatoires que personne n'a le temps de lire et d'exploiter, le formalisme, les sanctions, les exigences, les contrôles
Je pense comme ancien instit, comme inspecteur ayant 30 ans de carrière, comme militant pédagogique à l'écoute du terrain dans notre académie où j'ai gardé de nombreux contacts et dans toute la France où, à l'occasion des conférences débats que j'anime un peu partout au terme desquelles je rencontre beaucoup d'enseignants, que les enseignants ont perdu la "foi", la confiance, le sentiment de participer à un grand projet collectif... Et je les comprends
Mais qui le ressent et qui le dit?
La responsabilité de cette situation est partagée: le pouvoir évidemment, mais aussi les partis et les syndicats, les cadres persuadés que "chez eux tout va bien", que c'est toujours le voisin qui exagère.
Redonner de l'espoir, de la confiance, de la liberté, remobiliser les équipes réellement (pas seulement en apparence), permettre de penser et de s'exprimer, comprendre.. La tâche du prochain ministre sera rude.

Voir ce nouvel article publié par le café pédagogique de ce jour:


http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/Frackowiak_MouMmeleprochainministre.aspx

vendredi 15 mai 2009

Des jardins d'éveil pour les 2-3 ans

Il sera peut-être l'un des premiers maires de France à inaugurer un jardin d'éveil : Thierry Barba, maire de Ville-en-Tardenois, une commune de 600 habitants située dans la Marne, compte ouvrir à la rentrée 2009 l'une de ces structures que le gouvernement vient d'inventer. Dès le mois de septembre, les anciens locaux de la poste du village, 80 m2 dans un bâtiment communal, devraient accueillir douze enfants.

Si la commune de Ville-en-Tardenois s'est lancée dans cette aventure, c'est en raison de la pénurie de places d'accueil pour les moins de trois ans. "Nous avons cinq assistantes maternelles, mais tout est complet, soupire le maire. Une microcrèche privée va ouvrir en septembre, mais les neuf places sont déjà prises !"

Lundi 11 mai, Thierry Barba a reçu la visite de la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, qui a profité de ce déplacement pour présenter le mode d'emploi de ce moyen de garde "innovant".

L'idée de créer des jardins d'éveil a été lancée, à l'été 2008, par la députée (UMP) Michèle Tabarot. "Il est rapporté des cas d'enfants qui s'ennuient dans les crèches qui, comparativement à l'école maternelle, proposent plus de jeux libres, écrivait-elle dans un rapport sur la petite enfance. Inversement, si l'école maternelle propose davantage d'activités pédagogiques, elle sait moins bien gérer les temps d'attente."

Michèle Tabarot proposait donc de créer une structure intermédiaire entre la crèche et l'école maternelle. Cette idée a été reprise par Nadine Morano, qui compte ouvrir 8 000 places en jardins d'éveil d'ici à la fin du quinquennat, en 2012. "Ces structures sont beaucoup plus adaptées qu'une préscolarisation, car les enfants de 2 ans ont besoin d'un accompagnement plus personnalisé", estime la secrétaire d'Etat.

Les jardins d'éveil accueilleront des enfants de 2-3 ans, qu'ils soient propres ou non, dans des locaux communaux ou des établissements d'accueil existants. Ouverts de 8 heures à 19 heures au moins deux cents jours par an, ces structures afficheront un taux d'encadrement situé entre la crèche (un adulte pour huit enfants) et l'école maternelle (un pour quinze) : ils compteront, selon les moments de la journée, un adulte pour de huit à douze enfants.

Ces structures seront principalement financées par les caisses d'allocations familiales (CAF) et le "porteur de projet", qu'il s'agisse d'une commune, d'une administration, d'une association ou d'une entreprise. Lors de l'aménagement des locaux, la CAF ou la Mutualité sociale agricole apporteront une aide moyenne de 1 000 euros par place. Elles participeront ensuite aux dépenses de fonctionnement.

Alors que l'école maternelle, qui accueille déjà certains enfants de 2 ans, est gratuite, les jardins d'éveil seront payants : la participation des parents variera en fonction de leurs revenus, comme dans les crèches.

Nadine Morano a présenté un barème indicatif pour la présence d'un enfant vingt jours par mois, dix heures par jour : les familles gagnant un smic paieront 42,50 euros par mois, celles qui gagnent trois smic 127 euros et celles qui gagnent quatre smic 178 euros.

Pour le SNUipp-FSU, le principal syndicat du primaire, le gouvernement souhaite substituer à l'école maternelle "une garderie beaucoup plus coûteuse pour les familles". Les professionnels de la petite enfance sont, eux aussi, sceptiques. "Douze enfants par adulte, c'est 50 % d'enfants en plus par rapport à la crèche, ce n'est pas rien !, souligne Christine Accolas-Bellec, déléguée nationale de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants. Comment, dans ces conditions, prendre le temps de développer l'apprentissage du langage ?"

Nombre d'éducateurs comprennent mal le principe même de la création des jardins d'éveil. "Pourquoi créer des structures spéciales pour les 2-3 ans ?, poursuit Mme Accolas-Bellec. Cela les obligera à passer de la crèche au jardin d'éveil, puis du jardin d'éveil à la maternelle, alors qu'ils pourraient tout simplement passer de la crèche à la maternelle. A cet âge-là, les séparations demandent un investissement énorme, mieux vaut éviter les ruptures inutiles."

Dans une pétition nationale baptisée "Pas de bébés à la consigne !", qui a déjà recueilli 13 000 signatures, plusieurs organisations de la petite enfance dénoncent une dégradation des conditions d'accueil.

La Mairie de Paris, elle, a déjà annoncé qu'elle préférait poursuivre sa politique "volontariste" d'ouverture de crèches plutôt que de créer des jardins d'éveil. "Ce nouveau dispositif destiné avant toute chose à augmenter les capacités de "garde" au moindre coût va dégrader la qualité de l'accueil des enfants de 0 à 3 ans", estiment les adjoints à l'école et à la petite enfance, Colombe Brossel et Christophe Najdovski.
Anne Chemin
Tous les modes de garde sur mon-enfant.fr

"Faire garder mon enfant devient plus simple !", n'hésite pas à promettre le nouveau site lancé, mercredi 13 mai, par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Sur mon-enfant.fr, tous les modes de garde existants (crèches, assistantes maternelles, garde à domicile, accueil de loisirs, etc.) pour la semaine, les mercredis, les vacances scolaires ou après la classe sont expliqués et répertoriés. Les parents peuvent facilement trouver la liste et la description des structures d'accueil dans la commune de leur résidence ou de leur travail et calculer, en fonction de leurs revenus, le prix qu'ils devront payer grâce à un "simulateur de tarification" . Reste ensuite à espérer qu'une place sera libre. Mais, cela, le site ne peut bien évidemment pas le garantir... Attention, tapez bien mon-enfant.fr et pas monenfant.fr, site affirmant donner "la liste des cadeaux préférés des enfants" !
Article paru dans l'édition du Monde du 15.05.09

Sept présidents d'université en appellent au chef de l'Etat

Monsieur le président de la République,

Si nous nous permettons de nous adresser à vous maintenant, c'est que la situation dans les universités est grave.

Quelle que soit la façon dont on vous présente les choses, aussi bien officiellement que dans les médias, la confusion règne : on vous dit à la fois qu'il ne se passe rien de considérable et que tout rentre dans l'ordre, et en même temps que l'année risque d'être perdue dans des troubles et des désordres intolérables. C'est là un tableau pour le moins contradictoire.

La réalité est certes contrastée. Mais, dans certains établissements et dans certaines filières, il n'est pas sûr que les examens puissent se tenir dans des conditions correctes ni même simplement se tenir. Et la solution du décalage au début de l'été pas davantage le basculement en septembre ne constituent la moindre solution à ce type de problème. Il y a risque réel de non-validation du semestre, donc de l'année, ce qui est aussi catastrophique pour les étudiants qu'ingérable pour nos administrations - sauf à laisser les universités éventuellement concernées inventer, dans le cadre de leur autonomie, des modes de règlement du problème indépendants des contrôles strictement bureaucratiques des tutelles : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.

Quel est l'état d'esprit des acteurs de la communauté universitaire ? On peut le présenter sous deux aspects. L'un d'eux, que vous avez sans doute perçu dès le début de la crise, c'est l'opposition et la colère de la quasi-unanimité des parties prenantes (sociétés savantes, organes décisionnels professionnels de l'enseignement supérieur, structures académiques, syndicats de tous bords...) vis-à-vis des deux grands chantiers que vos ministères ont ouverts : la réforme des statuts des enseignants- chercheurs et l'ensemble du dispositif de la formation et du recrutement des professeurs des écoles et des lycées et collèges. Une telle union n'avait jamais été vue.

Le second aspect est davantage et durablement porteur de tensions. Comme le traitement du premier point reste ambigu, subsiste une impression diffuse et tenace d'une volonté ministérielle de passer systématiquement outre les avis de la communauté universitaire. Pour parler clair, beaucoup n'ont plus confiance.

Pourtant, toutes les raisons ont été largement, clairement et publiquement expliquées qui entraînent à voir dans les mesures prises un ensemble de réformes sans grand impact positif, voire aggravantes, menées dans la précipitation et sans réelle consultation d'une communauté universitaire habituée à la collégialité dans la prise de décisions et encouragée depuis des années dans l'idée et la pratique qu'elle doit s'investir dans le gouvernement de l'enseignement supérieur et de la recherche.

La sagesse consiste évidemment à décider un moratoire, de manière à favoriser une réflexion réelle, et collective, sur cette question qui déborde amplement le milieu universitaire, et qui touche, justement parce que nous sommes une démocratie, tous les enfants de toutes les familles du pays.

Or que constatons-nous ? Il n'y a ni suspension ni moratoire - mais une série de mesures, d'indications, de commissions, de projets, d'annonces, qui conduisent à faire entériner des dispositifs confus, peu lisibles et globalement nocifs. D'où un sentiment général d'amertume, de colère, de rancoeur, voire de désespoir, qui aboutit à un mélange de consternation et de radicalisation avec le risque de comportements de plus en plus incontrôlables. C'est miracle que l'on en ait jusqu'à maintenant limité la propagation.

Qu'en sera-t-il quand on sera conduit à envisager que, par suite de l'obstination ministérielle ou d'une démarche excessivement tatillonne de l'administration des tutelles, des milliers d'étudiants puissent perdre leur année ? La démarche actuelle génère, dans le milieu de la culture, de la recherche et de l'enseignement, très attaqué et moqué ces temps-ci, un malaise profond, durable, et aux effets lointains, très peu susceptible de donner de l'attractivité à notre enseignement supérieur et à notre recherche.

Il faut donc, vite, des gestes d'apaisement vigoureux, radicaux et clairs, que vous seul, Monsieur le président de la République, pouvez accomplir avec éclat et avec sagesse. C'est la confiance qu'exprime de la sorte notre profond respect.

Par Pascal Binczak, président de l'université Vincennes-Saint- Denis (Paris-VIII) ,
Lise Dumasy, présidente de l'université Stendhal (Grenoble-III) ,
Anne Fraïsse, présidente de l'université Paul-Valéry (Montpellier- III),
Bernadette Madeuf, présidente de l'université Paris-Ouest (Paris-X),
Georges Molinié, président de l'université Paris-Sorbonne (Paris-IV),
et Philippe Rollet, président de l'université Lille-I, sciences et technologies.

jeudi 14 mai 2009

"EVALUATIONS CE1 : QUAND Y EN A PLUS, Y EN A ENCORE" !

« Vous avez aimé les évaluations de CM2 ? Vous allez adorer celles de CE1 ! »

Voilà ce qu'aurait pu dire le Ministre de l'Education Nationale qui confond une fois encore la détermination dont il se prévaut avec un entêtement bien regrettable. Car aucune leçon n'a été tirée du détestable épisode de janvier dernier qui aura vu, fait historique, l'administration demander aux enseignants de mettre eux-mêmes leurs élèves en échec !

Certes, la communication (2) des résultats en mars 2009, à partir d'éléments très lacunaires (bilans incomplets et au moins 22 % de non remontée) n'a pas participé pour une fois au discours catastrophiste auquel on nous avait habitués. Mais les risques liés à ces nouvelles évaluations (3) demeurent entiers. D'abord par la difficulté de certains items (dans la logique des nouveaux programmes). Ensuite par le système d'évaluation (4) révélateur de la pensée actuelle : binaire (1 ou 0, bon ou faux) ! Enfin, par la menace persistante d'une publication qu'aucun pouvoir politique ou judiciaire ne pourra empêcher. D'ailleurs, on a déjà pu voir sur internet des classements par académie dignes d'un championnat (5) !

Par ailleurs ces évaluations vont suivre les élèves, car elles font partie du nouveau livret national unique et obligatoire qui va en plus être informatisé. Elles seront même l'essentiel de ce document, puisqu'elles vont servir de base pour l'inscription dans ce même livret des « compétences » du « socle commun » censées être acquises par les élèves. Ces évaluations vont donc (comme celles de CM2) entraîner une concurrence entre élèves, entre enseignants et, rapidement, entre écoles. Si tel devait être le cas, ce serait la fin de l'école publique que nous connaissons et défendons.

Devant tant d'incompréhension, mais aussi en raison des risques encourus par ceux qui ont affronté l'administration dans cette affaire des évaluations (jusqu'à 4 jours de retrait de salaire pour des enseignants qui ont pourtant fait classe la semaine de passation), nous appelons plus que jamais les collègues concernés, soutenus par les Conseils de Maîtres, voire les Conseil d'Ecole où siègent les Parents d'Elèves (qui peuvent inciter à ne pas mettre les élèves de CE1 une matinée dans la période d'évaluation) , à ne rien faire remonter des résultats partiels ou globaux qui pourraient être récupérés.

Et comme le dit lui-même Xavier Darcos (6) (Ouest-France, le 6 mai 2009) : « Je serais un prof du premier degré, je serais sans doute parmi les mecs qui gueulent ». Comme on le comprend !

Sylvain Grandserre
Porte-parole de l'appel des 100 maîtres

(1) - Le site avec ce texte :
http://www.darcos- demission. org/
(2) - la communication des résultats de CM2 : http://www.vousnous ils.fr/page. phpP=data/ autour_de_ nous/l_actualite _du_jour/ depeches_ de_l_educat/&key=20090330&key2=090330155100. 5sbuwumm. xml
(3) - Le cahier de l'élève :
http://www.darcos- demission. org/docs/ evalCE1_eleve. pdf
(4) - Le livret de l'enseignant :
http://www.darcos- demission. org/docs/ evalCE1_maitre. pdf
(5) - Classement aux évaluations CM2 :
http://www.linterna ute.com/actualit e/education/ dossier/test- des-cm2-les- resultats- par-region/ niveau-des- cm2-qui-sont- les-meilleurs. shtml?f_id_ newsletter= 766
- (6) - la déclaration de X. Darcos :
http://www.ouest- france.fr/ actu/politique_ confidentiel_ -Xavier-Darcos- furieux-contre- certains- universitaires_ 41770-923607_ actu.Htm

«Education nationale» : Grand Corps Malade au tableau

Par Sophie Delassein

Ce matin, sur la quatrième de couverture de «Libération», on pouvait lire un slam de Grand Corps Malade intitulé «Education Nationale», où «l'égalité des chances» est «un concept de ministère» (voir la vidéo ci-dessous). Comme la démarche est peu banale, j'ai illico téléphoné à Fabien, alias Grand Corps Malade, pour comprendre de quoi il retourne.

«Ce slam, je l'ai écrit il y a six mois, selon l'inspiration du jour – comme chaque fois. Il n'est sur aucun de mes deux albums, mais, depuis le mois de janvier, je l'intègre à mon spectacle en tournée. Les réactions sont à chaque fois très bonnes. Il est même arrivé que le public se lève pour l'applaudir. A la sortie, on me demande où on peut le trouver. Si bien que j'ai fini par en faire un clip, à la hâte, avec mon réalisateur attitré Mehdi Idir. Nous l'avons tourné dans une école de Saint-Denis.

Le thème de l'école m'intéresse et me préoccupe. Mais l'idée (ou le déclic) m'est venue lors d'un atelier d'écriture avec des élèves de CM2, dans une école d'Epinay. J'ai rencontré une institutrice pleine de bonne volonté, qui bosse comme une folle. Pour organiser une sortie avec ses élèves à la Cité des Sciences, comme on ne lui donne aucun moyen de le faire, elle a mobilisé ses élèves pour qu'ils gagnent des places sur Internet. J'ai trouvé ça tellement triste et déplorable qu'on puisse en arriver là. Vous vous rendez compte, elle n'a pas les moyens d'emmener ses élèves en sortie !

Je n'attends rien de l'Education nationale, mais je ne comprends pas que les professeurs soient si mal payés quand on sait quelles responsabilités pèsent sur eux. Ils doivent assurer l'enseignement, le confort et la sécurité de trente enfants quotidiennement. J'ai beaucoup de respect pour eux et je suis scandalisé qu'ils soient à ce point dévalués au niveau du salaire. J'ai eu envie de réagir.

A mon niveau, je fais ce que je peux. Je n'ai rien à faire dans des réunions ministérielles, je n'ai aucune légitimité. En revanche, je rencontre des élèves, j'anime des ateliers d'écriture et de slam, je fais inviter des jeunes à des concerts (et pas seulement à mes spectacles).»

Grand Corps Malade

(propos recueillis par Sophie Delassein)

Le clip ici : http://www.grandcorpsmalade.com/accueil.htm

vendredi 8 mai 2009

UNE ANNEE D’AIDE PERSONNALISEE : QUEL BILAN ?

« LE COLLECTIF 31 SAUVONS LES RASED »

DENONCE ET S’OPPOSE A CE DISPOSITIF QUI REPOSE SUR LE PRINCIPE DE :

La diminution de deux heures par semaine du temps obligatoire d’enseignement,

La différenciation du temps de travail des élèves à l’école,

La substitution de l’aide personnalisée à l’aide spécialisée et donc de la suppression des RASED,

Faire reposer la responsabilité finale de la difficulté scolaire sur les parents d’élèves,

Car ce dispositif annoncé comme le pilier de la réforme pour lutter contre la difficulté scolaire repose sur 2 heures facultatives pour les élèves, soumises à l’autorisation de leur parents et de ce fait échappe totalement à l’Ecole !!!!

NI L’AIDE PERSONNALISEE NI LES STAGES DE REMISE A NIVEAU NE RESOUDRONT SEULS LA DIFFICULTE SCOLAIRE

Evaluations nationales CE1

Voici un courriel du SNUIPP 31 concernant les évaluations nationales CE1.

Il semble important que nous ne rations pas cette échéance.

Environ 30% des enseignants de CM2 ont refusé de transmettre les résultats de leurs élèves par l'application nationale. La logique, les risques de dérives, qui ont provoqué cette opposition massive restent les mêmes avec les évaluations CE1 qui vont arriver.

Concernant les évaluations CE1, le calendrier ministériel est le suivant :
- Passation des tests par les élèves : du 25 au 30 mai
- Opérations de saisies par les enseignants : du 1 au 10 juin
- Communication aux parents : à partir du 10 juin
- Mise en ligne des résultats par le ministère : fin juin 2009.

Le SNUipp proposera :
¨ Un 4 pages « grand public », à destination des parents d'élèves, qui est en cours de finalisation, pour les informer de la rupture instaurée par ce ministère au niveau de la mise en place d'évaluations nationales. Nous vous le ferons parvenir dans les prochains jours.
¨ Le dossier du prochain Fenêtres sur cours porte sur les évaluations. Il arrive dans les écoles.

Consignes unitaires :
Le SNUipp a décidé de relancer la démarche unitaire nationale pour adopter, comme pour les évaluations CM2, des consignes unitaires pour parer à toute mise en concurrence des écoles.
¨ Ne rendre compte que des seuls résultats des évaluations aux élèves et aux parents de la classe concernée ;
¨ Ne pas utiliser le logiciel ministériel de transmission et ne transmettre que les résultats anonymés (élèves et école).
Concernant le 1er point de la consigne de janvier (item correspondant à des notions non encore étudiées), il est certain que la passation en fin d'année n'en justifie pas la reprise. Toutefois, il semble que la mise en place d'aides ne pouvant s'envisager qu'à la rentrée scolaire suivante (début CE2), on peut s'interroger sur le bien fondé de faire passer cette évaluation à cette période de l'année. Cela confirme simplement qu'il s'agit bien d'instaurer une évaluation des acquis et d'en faire une catégorisation des élèves sans utilité pédagogique.
Nous prenons les contacts unitaires en ce sens au niveau départemental aussi. Nous vous tiendrons informés dès que possible des résultats de la démarche unitaire engagée.

Premières remarques sur le contenu et la forme de ces évaluations :

Codage
Le mode de codage reste inchangé par rapport à celui des évaluations CM2. On reste sur un codage binaire « tout juste » ou « tout faux ». Pour des élèves aussi jeunes, cette mise en échec artificielle par la non prise en compte de réponses partiellement justes risque d'être encore plus désastreuse.
En français
Le texte proposé en lecture est très long et difficile (beaucoup d'implicite) . Des élèves « moyens » risquent de se trouver très vite dépassés par la tâche.
L'exercice 6 évalue des compétences des nouveaux programmes (noms, articles, verbes) pas forcément entièrement mis en place dans toutes les classes.

En mathématiques
L'exercice 8 est très difficile (calcul mental avec multiplication et division).
Le problème « à étapes » de l'exercice 13 semble d'un niveau de difficulté trop élevé pour des élèves de cet âge. Construire un triangle « qui a deux côtés de 8 cm » est une compétence remarquable au CE1 (exercice 16).

qu'est-ce que Base Eleves ????

Les fichiers de l’Éducation nationale, par Stéphanie Pouget
>
> article de la rubrique Big Brother > le ministère de l’EN et les
> fichiers
> date de publication : lundi 4 mai 2009
>
>
> L’arrêté concernant Base Elèves (BE) a supprimé plusieurs champs
> d’information. A cette occasion, on a pu entendre crier victoire,
> considérant que le problème était résolu. Or BE n’est qu’un élément
> d’un système de fichage et profilage des élèves et étudiants.
> L’arrêté n’a rien changé aux finalités de ce système. Aussi peut-on
> légitimement estimer qu’il n’était qu’un leurre destiné à désarmer la
> contestation, et l’on peut également s’attendre à voir réapparaître,
> sous la forme d’autres fichiers, les informations supprimées – ainsi
> a-t-on récemment vu apparaître un fichier sur le retard scolaire, et,
> dans certains départements, il a été demandé aux directeurs d’écoles
> de faire remonter des listes nominatives d’enfants nécessitant des
> suivis spécifiques comme le RASED.
>
> Dans son intervention le 25 avril dernier, lors de la seconde journée
> nationale de rencontre organisée à Valence par le CNRBE, Stéphanie
> Pouget, militante de la LDH contre Base élèves, avait passé en revue
> les différents dispositifs informatiques mis en place dans le système
> éducatif. Nous reprenons son intervention.
>
>
> Sconet
>
> En tout premier lieu, on se doit d’évoquer la base de données Sconet.
> Elle est l’équivalent de BE en collèges et lycées. Créée en 1995 par
> un arrêté, elle s’appelait alors Scolarité. Elle a été modifiée à
> plusieurs reprises et aujourd’hui, dans sa version minimale, elle est
> très proche de ce qu’était BE avant l’arrêté et avant la suppression
> du champ nationalité. Les données nominatives sont transférées hors
> de l’établissement, dans une base de données académiques. Une
> proportion infime de parents connaît l’existence de Sconet, et sait
> que les données nominatives sont diffusées hors de l’établissement,
> aucune information à ce sujet n’étant fournie par les établissements
> scolaires. On peut espérer que les parents d’enfants scolarisés en
> primaire et sensibilisés au problème que représente BE
> s’intéresseront naturellement à Sconet à l’occasion du passage de
> leurs enfants dans le secondaire.
>
> L’Identifiant National Elève (INE)
>
> Un identifiant élève qui suscite de nombreuses interrogations, mais
> qui existait à l’origine dans Scolarité. C’est à l’occasion d’une
> modification de Sconet effectuée en 2002 que lui a été attribué le
> nom d’INE. Mais l’INE d’alors n’était pas celui que l’on connaît
> aujourd’hui. En effet, son attribution n’était pas centralisée au
> niveau national et de nombreux doublons existaient. Le Ministère de
> l’Education Nationale (MEN) a saisi l’occasion de la mise en place de
> Base Elèves pour passer à une attribution centralisée par
> l’intermédiaire d’une base de données des identifiants élèves, la
> BNIE (Base Nationale des Identifiants Elèves).Comment cela se passe-t-
> il aujourd’hui ?
>
> Lorsqu’un enfant s’inscrit dans une école, le directeur entre ses
> données dans BE. Une connexion automatique à la BNIE attribue un INE
> à l’enfant s’il n’en avait pas encore. La BNIE renferme des
> informations d’état civil ainsi que l’historique des écoles
> fréquentées. Elle est mise à jour régulièrement par connexion aux
> bases élèves académiques.
>
> Comment le MEN justifie-t-il l’utilisation de l’INE ? Il invoque
> d’une part la nécessité d’avoir un meilleur contrôle des effectifs,
> et d’autre part celle de pouvoir suivre les parcours scolaires
> complets de tous les enfants dans le but de réaliser des études
> statistiques.
>
> On ne peut que souligner la légèreté avec laquelle a été mis en place
> un identifiant national qui concerne une grande partie de la
> population, les données étant conservées pendant 35 ans…Concernant
> les effectifs, on ne peut qu’être choqué par la disproportion entre
> finalité et moyens mis en œuvre. Enfin, il est légitime de se
> demander pourquoi un tel besoin de données exhaustives pour des
> études statistiques ; pourquoi ne pourraient-elles pas être réalisées
> à partir d’ échantillons de population ?
>
> L’INE est très problématique pour l’accueil à l’école des enfants de
> familles sans papier. En effet, si un enfant arrive en école
> élémentaire par exemple, le directeur l’inscrit dans BE ; lors de la
> connexion à la BNIE il est automatiquement repéré comme n’ayant pas
> d’INE, et son cas doit alors être traîté par l’administration…
>
> Dans le contexte actuel de multiplication des fichiers administratifs
> qui accompagne une volonté de profilages des individus, on peut
> également craindre de futures interconnexions rendues possibles par
> l’existence de cet identifiant.
>
> Les Environnements numériques de travail (ENT)
>
> Il s’agit là d’un dispositif en plein développement et fortement
> soutenu par le MEN.
>
> L’ENT est un portail sur Internet qui rassemble de nombreuses
> informations relatives à la scolarité de l’élève (cantine, absences,
> mais également notes, appréciations …). Ces informations, protégées
> par un mot de passe, sont accessibles à des degrés divers aux
> différents acteurs de l’éducation de l’enfant, administration,
> enseignants, parents. Un arrêté relatif aux ENT est paru en 2006, et
> la CNIL a rendu un avis dans lequel elle souligne l’importance de la
> sécurisation des données. Quel est le lien avec les bases de données
> élèves ? Sconet, que nous avons déjà présenté, permet une
> centralisation de toutes les données intéressant la scolarité entière
> de l’élève, depuis des données familiales jusqu’à l’enregistrement de
> ses résultats et de sa conduite. Cette base de données est d’ores et
> déjà interfacée avec les ENT, de sorte que toute information fournie
> par les professeurs et les administrations vient alimenter le dossier
> individuel de l’élève.
>
> Les ENT s’inscrivent dans le cadre du développement des TICE
> (Technologies de l’Information et de la Communication pour
> l’Education) dans l’Education Nationale. Ils sont présentés comme un
> outil moderne et essentiel favorisant l’implication des parents dans
> la scolarité de leur enfant. Plusieurs études récentes se sont
> intéressées aux conséquences importantes et pour certaines
> problématiques de l’introduction d’un tel outil. Ainsi apparaît-il
> par exemple que l’implication accrue des parents se limite bien
> souvent à l’utilisation de l’ENT comme moyen de contrôle des enfants,
> ce qui ne peut en aucun cas se substituer à une nécessaire relation
> de confiance et de dialogue.
>
> Un élément des ENT est le livret de l’élève qui rassemble les notes
> et compétences validées par l’élève. Il était prévu (jusqu’à l’arrêté
> BE) qu’il soit alimenté par les bases de données BE et Sconet
> (rappelons que la version initiale de BE comprenait la validation des
> compétences du socle commun). Ce livret doit suivre l’élève tout au
> long de sa scolarité et même au-delà. En effet ce livret de
> compétences, également appelé portfolio numérique, est conçu pour
> suivre la personne tout au long de sa vie professionnelle,
> enregistrant les compétences validées dans le système éducatif mais
> également après, dans le cadre de formations spécifiques.
>
> Le portfolio est présenté comme un outil essentiel dans une société
> moderne reposant sur le savoir. Plus prosaïquement, sur les sites des
> entreprises qui commercialisent les logiciels de gestion de portfolio
> on peut lire des termes comme employabilité, adaptabilité… Fortement
> soutenu au niveau européen mais également adopté dans des pays comme
> l’Australie, il met en évidence le rôle que nos sociétés veulent
> attribuer à l’éducation, celui d’un outil de production d’une main
> d’œuvre mobile, adaptée au marché du travail.
>
> Pour conclure, on peut souligner le fait que le développement de
> l’utilisation des fichiers dans l’Education Nationale se trouve à la
> convergence de deux tendances actuelles, la première consistant à
> ficher à tout va, dans le but de pouvoir détecter le plus tôt
> possible les personnes susceptibles de poser des problèmes à la
> société, les comportements déviants, et la seconde tendant à
> considérer principalement l’Education selon des critères de
> rentabilité économique.
>
> Stéphanie Pouget