mardi 7 juillet 2009

ça chauffe ...

Alors que les vacances scolaires approchent, l’éducation nationale solde ses comptes avec ses «désobéisseurs».
Au moment même de l’annonce du départ de Xavier Darcos du ministère de l’éducation, deux d’entre eux ont reçu une convocation devant une commission disciplinaire, les 7 et 9 juillet, et un troisième s’est vu interdire l’accès aux médias «/pour tout sujet ayant rapport avec [ses] fonctions/».
Ils sont presque 3.000 enseignants en France à refuser ouvertement d’appliquer certaines réformes de l’école primaire. Mais, selon l’attitude de leurs inspecteurs, seuls 70 à 80 d’entre eux ont été sanctionnés par des retenues de salaire allant, selon les cas, de dix à trente-six jours. Et parmi eux, les plus médiatisés comme Alain Refalo, auteur en novembre 2008 d’une des premières lettres de désobéissance , sont aussi les plus durement frappés.
Outre la retenue de quatorze jours de salaire et un refus de promotion, cet enseignant de l'école Jules-Ferry de Colomiers, près de Toulouse, est convoqué le 9 juillet dans son académie de Haute-Garonne devant une commission de discipline, composée pour moitié de représentants des syndicats et pour l'autre de ceux de l'administration. Il lui est reproché un refus d'obéir, un manque au devoir de réserve, une invitation à la désobéissance et une attaque publique contre un fonctionnaire de la République. Christian Navarro, de la FSU de Haute-Garonne , y voit la main du ministère lui-même. «/Nous sommes à peu près sûrs que le dossier à charge a été concocté par les services juridiques du ministère/, avance-t-il. /La lecture des charges est assez terrifiante et donne l’impression que l’inspection académique s’est transformée en tribunal militaire mais au final le dossier ne contient pas grand-chose puisque Alain Refalo a fait toutes ses heures de service./» Refusant d’appliquer les deux heures d’aide individualisée, vues comme un «/prétexte à la suppression de milliers de poste du RASED [Réseau d'aide spécialisée aux enfants en difficulté]/», Alain Refalo anime en effet à la place un atelier de théâtre avec ses élèves de CM1.
Contraint au silence A Marseille, Erwan Redon, enseignant à l'école des Convalescents, risque lui la révocation. Il est convoqué le 7 juillet devant une commission disciplinaire, officiellement pour «/insuffisance professionnelle/». Ce «/désobéisseur/» avant l’heure, militant Freinet, est bien connu des services académiques pour refuser toute inspection depuis 2005. Il a déjà été sanctionné de 32 jours de retrait de salaire pour avoir remplacé l’aide individualisée par des ateliers. Autre figure connue de la désobéissance, Bastien Cazals, le très remuant directeur d’école maternelle à Saint-Jean-de-Vedas, dans l’Hérault, s’est vu réduit au silence. Une lettre de son inspecteur d’académie en date du 23 juin, lui «/donne l’ordre de ne plus communiquer avec aucun média pour tout sujet ayant rapport avec [ses] fonctions/». Auteur d’un petit livre publié en mai 2009, /Je suis prof et je désobéis/ , Bastien Cazals avait par ailleurs engagé un recours devant le tribunal administratif contre «/une inégalité de traitement flagrante dans les sanctions/». «/Nous sommes trois enseignants dans mon école maternelle à avoir choisi de faire des activités par petits groupes au lieu de l’aide individualisée et je suis le seul à être sanctionné /[36 jours de retrait de salaire, NDRL]», expliquait-il à l’époque. L’audience devant le tribunal administratif est fixée au 6 juillet.
Le débat se focalise sur la question épineuse de l'obligation de réserve des enseignants . «/M. Cazals est libre de s'exprimer librement en tant que personne mais comme directeur d'école il représente l'institution/», justifie sur le site du Café pédagogique , l'inspecteur d'académie de l'Hérault, Paul-Jacques Guiot.«/On est là dans l’abus de pouvoir/, estime Alain Refalo, à qui est également reproché un manque au devoir de réserve. /Notre devoir de réserve concerne uniquement les élèves, leur travail et problèmes particuliers, pas notre liberté d’expression./»
A l'appel d'un certain nombre d'entre-eux (Bastien Cazals, Isabelle Huchard, Jean-Yves Le Gall, Erwan Redon, Alain Refalo et Josef Ulla), les «désobéisseurs» sanctionnés ou menacés se tiendront le 7 juillet, jour de la commission de discipline d'Erwan Redon, sur la Canebière à Marseille, «/munis d'une pancarte indiquant leur sanction/.»

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