dimanche 30 novembre 2008

Auch. Polémique sur les contrôles de stupéfiants au collège

Les gendarmes ont, à deux reprises, « fait une descente» dans des établissements scolaires à la recherche de produits stupéfiants.
Les policiers et les gendarmes sont-ils dans leur rôle en faisant rentrer des chiens renifleurs dans une classe pour chercher de la drogue ?

La réponse est oui pour Chantal Firmigier-Michel, la procureure de la République du Gers qui, depuis son arrivée dans le département en 2005, répond positivement à toutes les demandes faites en ce sens par les responsables d'établissement scolaire.
Seulement voilà, les deux opérations conduites la semaine dernière, au CFA de Pavie et au collège de Marciac, n'en finissent pas de susciter la polémique (lire La Dépêche du 20 novembre). La dernière en date en particulier, qui a concerné des élèves de 13 et 14 ans au collège de Marciac.
Hier, la FSU a d'ailleurs interpellé l'inspecteur d'académie sur ce sujet. Réponse de Jean-René Louvet : « Je n'ai pas encore eu de remontée sur cette opération. » Étonnant sept jours après !

Christian Pethieu, le principal du collège, lui en revanche, a reçu quelques coups de fil de parents mécontents. Mais il relativise. « Le contrôle s'est fait dans quatre classes et n'a pas semblé susciter une émotion extraordinaire. Il y a une procédure qui, à mon sens, a été respectée. Je n'ai pas senti de climat particulier de tension. » Enfin, dans un premier temps.

Le témoignage de Zoé:
Mais depuis, Frédéric David lui a transmis le récit que sa fille lui avait fait par écrit de l'événement. Zoé, une bonne élève dotée d'une belle plume, raconte : « Un gendarme disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Le gars qui nous regardait, dit à l'intention de l'autre gendarme : « On dirait qu'elle n'a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier ! La fouilleuse chercha de plus belle… fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte !»

Christian Pethieu a donc décidé hier de transmettre ce courrier à la procureure. «De suite après l'exercice, je suis passé dans les classes pour dire qu'un maître-chien viendrait prochainement expliquer comment il travaille. Mais après réflexion, je conçois que l'intervention puisse avoir un côté impressionnant. A l'avenir, il faudrait peut-être revoir la procédure et faire une visite explicative en amont de ce genre d'exercice. » Le débat est ouvert.

sources : la dépêche.fr 27/11/08

un petit point

Bonjour,

En ces temps de disette pédagogique et de réformes à gogo, la précipitation est de rigueur. D'ailleurs, vous pourrez prochainement voter et ouvrir les paris sur la prochaine mesure qui va enfin permettre à notre école en ruine de relever dignement la tête.
La St Nicolas des écoles, c'est samedi prochain, et vendredi aussi pour certaines écoles qui aiment être en avance, ce sera l'occasion d'informer les parents, de partager quelques moments conviviaux suffisamment rares pour être relayés, de permettre aux parents de comprendre les enjeux de la scolarité de leurs enfants ....
Suite à ça, et à la manif' du 10 décembre, les parents décideront des actions qu'ils mettront en place afin de montrer leur inquiétude et leur mécontentement. Certains, comme à Créteil ou ailleurs ont déjà commencé.
Allez voir le blog du collectif de résistance à base élève, et tant que vous y êtes, l'appel des maîtres du primaire, c'est important.

Bon dimanche et vivement dimanche prochain ... oups pardon !

samedi 29 novembre 2008

Darcos: discussions avec les syndicats à partir de la semaine prochaine

Le ministre de l'Education Xavier Darcos a affirmé vendredi, à l'issue d'une visite au salon de l'Education à Paris, que "les discussions syndicales sur tous les sujets", sans tabou, allaient "recommencer", "à partir de la semaine prochaine".

"A partir de la semaine prochaine, nous recommençons les discussions syndicales sur tous les sujets, il n'y a pas de sujet tabou. Le climat est en train de changer", a déclaré le ministre à la presse, sans donner davantage de détails, avant de monter dans sa voiture.

"Les organisations syndicales seront reçues à partir de la fin de la semaine prochaine, une par une", a-t-on précisé vendredi soir dans l'entourage du ministre, sans plus d'explication.

Le responsable du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, a confirmé à l'AFP avoir été contacté, mais a ajouté qu'aucune date n'avait encore été fixée. De même s'agissant du "contenu" du rendez-vous, a-t-il dit.

"Le fait que le ministre reconnaisse qu'il faille ouvrir des discussions, c'est un signal et c'est le résultat de la pression des enseignants. Mais il ne faudrait pas que ce soit une simple visite de courtoisie. Nous voulons avoir l'assurance que ce seront de véritables négociations", a-t-il dit.

Selon lui, elles devront porter notamment "sur le maintien des postes en Rased (spécialistes de la grande difficulté scolaire), sur les conditions de la scolarisation en maternelle, les droits syndicaux, la formation professionnelle".

M. Darcos a effectué une visite de 40 minutes au salon de l'Education, principalement au salon Educatec et Educatice (nouvelles technologies). Il ne s'est pas rendu dans le carré du salon où étaient représentées les organisations syndicales.

Le salon se tient jusqu'à dimanche au Palais des expositions de la porte de Versailles, à Paris.

sources : AFP

vendredi 28 novembre 2008

ARITHMOPHOBIE ?


La lecture des comptes-rendus des débats parlementaires pourrait devenir un support intéressant — et original — pour initier les maîtres en formation à la psychologie de l’erreur.
En effet, la réponse que le ministre de l’éducation nationale, M. Darcos, fait à une question de Mme Le Moal, députée, Nouveau Centre, lors du débat sur le budget de l'éducation nationale, mardi 4 novembre, contient une étonnante substitution de chiffres :
• Dans sa question, Mme Le Moal alerte le ministre : « La réaffectation dans les classes de 3 000 maîtres de RASED que vous envisagez peut faire que 100 000 enfants les plus exposés à l’échec scolaire seraient privés des aides spécialisées qu’ils reçoivent actuellement. »
• M. Darcos lui répond : « Madame la députée, vous dites que 100 000 élèves en difficulté sont accompagnés par les 15 000 membres du RASED. Cela voudrait dire que chacun voit six élèves par an. On peut donc sans aucun doute rendre le système plus performant. »
La députée de la majorité a eu la courtoisie à l’égard du ministre de ne pas pointer cette substitution de chiffres en séance publique. Pourtant, Mme Le Moal parlait clairement des seuls 3 000 postes que le ministre demande de supprimer. Or le quotient de 100 000 par 3 000 est d'un peu plus de 33 et non de 6.
Si le quotient de 100 000 par 15 000 est effectivement proche de 6 (en fait, il est plus près de 7), on ne comprend quand même pas d'où vient le diviseur de 15 000 utilisé par M. Darcos. Ce n'est ni le nombre des postes supprimés (3 000), ni le nombre total des postes en RASED, qui est de 11 500, mais de 8 500, si on ne compte que les maîtres E et G, seuls métiers explicitement menacés par les suppressions de postes envisagées.
Alors pourquoi cette réponse pour le moins décalée ? En formation initiale, l’intérêt d’une question similaire serait d’amener les stagiaires à interpréter un comportement verbal où le sujet, croyant répéter ce qu’a dit autrui, en donne une image en distorsion.
Éliminons d’emblée une première hypothèse : M. Darcos aurait eu conscience de cette substitution de chiffres (15 000 au lieu de 3 000 !). Il s'agirait alors d'une manœuvre perfide. Nous ne pouvons que rejeter cette hypothèse, qui n’a rien de psychologique. En pédagogie, cette explication consisterait en effet à rapporter l’erreur de l’élève à un défaut moral (paresse, indifférence, insolence, etc.). Or, assimiler l’erreur à une faute, c’est disqualifier l’élève comme tel, c’est le voir comme un être à redresser (re-dresser ?) plutôt qu’à instruire. Ici, cela reviendrait aussi à jeter le soupçon sur l’honneur d’un magistrat de la République.
Examinons une deuxième hypothèse : M. Darcos a fait une erreur de mémorisation d'une information contenue dans le texte de la question de Mme Le Moal. Cette erreur serait exemplaire du processus que les psychologues appellent la réélaboration des souvenirs, lequel est comparable à celui qui débouche sur certains lapsus « significatifs ». Mais cette hypothèse conduirait à voir dans cette substitution inconsciente de chiffres le reflet d'intentions malveillantes du ministre à l'égard des RASED. Là encore, nous sortirions des limites de la réflexion didactique pour nous perdre dans des considérations morales. Rien ne nous autorise non plus à parler au nom de l’inconscient d’autrui.
On ne voit qu’une troisième hypothèse : M. Xavier Darcos ferait partie de ces personnes qui sont paniquées aussitôt qu'elles sont mises en présence de chiffres. Pour ce trouble très pénalisant du fonctionnement cognitif, on parle d'arithmophobie. Même si cela est assez rare, il peut arriver à des maîtres de RASED de rencontrer de tels sujets. On voit d’ailleurs en ce moment, sur les écrans de TV, une publicité pour une entreprise privée « d’aide personnalisée » qui présente, de façon caricaturale, un enfant victime de ce trouble (en voyant un compas entrer dans sa chambre, il pousse des cris terribles et se réfugie sous son lit).
Cette interprétation a pour elle des éléments empiriques. On sait en effet que notre ministre semble fâché avec la proportionnalité (http://www.dailymotion.com/video/x6f2op_xavier-darcos-en-kholle-de-maths_school). On peut alors se demander si, en fait, plus généralement, il n'est pas fâché avec les chiffres.
Hélas, les données connues montrent que, chez les adultes, les approches thérapeutiques sont peu efficaces pour diminuer l’intensité de la phobie. L’approche la plus prometteuse semble se situer du côté de la prévention dans les premiers apprentissages en TPS et PS (voir par exemple Brissiaud, Premiers pas vers les maths, Retz, 2007) ou d’une prise en charge rééducative aussitôt que se manifestent les premiers signes d’angoisse face aux symboles arithmétiques.
André OUZOULIAS
Professeur à l'IUFM de Versailles-UCP (Université de Cergy-Pontoise)
Département PEPSSE (Philosophie, épistémologie, psychologie, sociologie et sciences de l'éducation)

Les aventures de Dylan 2

Dylan a toujours son prénom de série américaine et il est en fin de CE1.
Il a pu rattraper son retard et il suit aujourd'hui la classe avec intérêt. Parfois même, son maître Stéphane le surprend à répondre, à lever le doigt. Ce qui le surprend le plus, Stéphane, à propos de Dylan, c'est la rapidité avec laquelle il est "entré" dans l'écrit, lui qui ne savait même pas lire il y a 4 mois. Il écrit sans difficulté et peut même rivaliser avec le groupe des meilleurs. Il devait avoir de bonnes bases! Quand il écrit, on le comprend. Ce qui n'est pas le cas de son ami Paul, lui qui n'était pas en difficulté en début d'année, en tout cas, pas comme ce sacré Dylan. Aujourd'hui, Stéphane se demande s'il ne va pas devoir redoubler son CE1, tellement le passage à l'écrit est difficile.

Quand il a rencontré les parents de Paul, Stéphane a appris qu'en fait, Paul n'avait pas fait de Petite Section, il était rentré directement en Moyenne Section. Il lui a fallu plus d'un an pour prendre ses repères, pour comprendre ce qu'il faisait là, mais surtout, ..... pour parler, alors que tous ses camarades étaient comme des poissons dans l'eau ! Et la maternelle, c'est important, si bien que tous les pays d'Europe et d'ailleurs nous l'envient. Normal, à la maternelle, on se structure, on apprend à s'organiser, à connaître et maîtriser l'espace, le temps, le langage, oui, on apprend à parler, à bien parler, on apprend à vivre en société, et ça, c'est tout un métier !
Effectivement, Paul ne parlait pas en classe, ou du moins, très peu. Quand il entrait dans la classe, il s'asseyait, et ne bougeait pas jusqu'à ce qu'on l'appelle. Même quand la récréation sonnait, alors que tous ses camarades sortaient de la classe, lui restait et attendait qu'on lui dise quoi faire. Sa maîtresse, un jour, s'était même énervée, à tort bien sûr, parce qu'au bout de 8 mois de Grande Section, il ne savait pas écrire son prénom, encore moins le reconnaître, mais surtout, il ne savait toujours pas dans quel groupe il était. Il ne suivait pas ses camarades quand la maîtresse disait "le groupe vert, vous allez faire votre contrat sur la table". Il restait là, impassible, à attendre, sans rien dire. On aurait pu croire qu'il était timide, un peu complexé, un peu inhibé, qu'il avait honte, mais en fait ... non, en récréation, il parlait, quand il était en petit groupe, il parlait, il souriait, il riait, des fois même, rarement, il faisait des bêtises .... c'était rassurant. Il parlait, enfin, il parlait plutôt mal, on le comprenait, mais on sentait bien qu'il avait des difficultés à s'exprimer. Ce qui n'était pas le cas de Dylan, c'est le moins que l'on puisse dire.

Comme il était scolaire, et puis parce qu'il avait évolué, quand même, Paul avait appris à lire sans trop de problème. Le maître E l'avait suivi quelques mois, mais c'est tout. Et en CP, on sentait bien que Paul ne parlait pas comme les autres. Parfois, Dylan se moquait de lui et disait qu'il était "bébé".

Cette année, en CE1 Paul est assidu, il apprend et fait ses devoirs, il est sérieux, il n'est pas mauvais, mais il a toujours quelques difficultés pour s'exprimer, et ça se sent quand .... il écrit.
Parce que c'est lié, en fait, le langage, la lecture et l'écrit, c'est même extrêmement lié, le langage et l'écriture. C'est vrai, comment écrire des choses qu'on ne sait pas bien dire, comment écrire si on ne maîtrise pas la langue ? Comment écrire un mot correctement si on ne le prononce pas correctement ? C'est tout un problème, un casse-tête même pour Stéphane.

Un pédo-psychiatre a même vu Paul, une fois, à la demande de la mère et du maître. Et comme la psychologue scolaire, Evelyne, n'était plus là, la maman a donc du payer un pédo-psychiatre qui lui a dit que ce n'était pas très grave, qu'il avait un petit retard de langage, que c'était en partie parce qu'il n'avait pas fait de Petite Section, qu'il n'avait pas pris des habitudes langagières, qu'il n'avait pas appris à parler aux autres et qu'il fallait qu'il aille voir une orthophoniste.

Heureusement que Dylan est allé à l'école maternelle et qu'il a appris les concepts de base sans trop de difficulté. Heureusement pour lui, Delphine, sa maîtresse de Petite section et de Moyenne section lui a appris à vivre avec les autres, à parler, à s'exprimer, à écouter et à jouer avec les sons pour que la lecture soit plus facile plus tard, à jouer avec les chiffres, à compter, autant de choses pas vraiment simples qu'un enseignant apprend pendant des années pour préparer les enfants à entrer dans la lecture et les mathématiques en grande section ou en CP.
Heureusement pour lui car bientôt, il n'y aura plus de maternelle, les enfants commenceront l'école en Grande Section ou en CP. Ca fera des économies. Comme ça, Paul ne sera pas le seul enfant à avoir ces difficultés, ils seront plusieurs. Vraiment, Dylan a eu de la chance d'être allé à l'école maternelle.

Imaginez, dans quelques années, vous n'emmènerez plus votre enfant à la maternelle, mais dans une garderie communale ou privée, payante donc, avec du personnel non enseignant ? C'est vrai que l'école maternelle a besoin de questionnement, qu'on y accorde du temps, de l'analyse, de la formation, de la réflexion, qu'elle soit encore plus performante que ce qu'elle est déjà ! Mais en la supprimant, que fait-on ? Et qui aide-t-on ? On peut dire que Dylan a eu de la chance !

La semaine prochaine, retrouvez Dylan dans de nouvelles aventures : "Dylan et le remplaçant".

"Réformes Darcos": des parents occupent des écoles à Créteil


Plusieurs écoles de Créteil ont été occupées ou bloquées ce jeudi par des parents d'élèves en protestation de la politique de Xavier Darcos.

AFP/PASCAL GUYOT

Plusieurs écoles de Créteil étaient occupées ou bloquées jeudi par des parents d'élèves protestant contre les réformes du ministre de l'Education Xavier Darcos, a-t-on appris de sources concordantes.

Selon Alain Piaugeard, vice-président de la fédération des parents d'élèves FCPE du Val-de-Marne, 17 écoles maternelles et élémentaires de Créteil sont occupées par des parents. L'inspecteur d'académie Didier Jouault a fait état de 11 écoles touchées sur les 51 que compte la ville.

L'inspecteur a précisé que les enseignants étaient empêchés de faire classe dans trois écoles, tandis que dans les huit autres, les parents occupaient ou avaient occupé symboliquement le bureau du directeur.

Parmi les établissements touchés, figuraient le groupe scolaire Gaston-Defferre (430 élèves en maternelle et primaire), déjà bloqué vendredi et lundi par des parents d'élèves, et le groupe scolaire Pierre-Mendès-France (210 élèves en maternelle et primaire), où jusqu'alors les parents d'élèves avaient manifesté au moyen de tracts, a dit l'un d'eux à l'AFP.

Pas de "suppression des Rased", ni de "fermeture" de maternelle

Dans ces deux établissements, les parents ont expliqué qu'ils protestaient contre les "réformes Darcos", citant notamment le "bouleversement des rythmes scolaires", la "disparition" des Rased (maîtres spécialisés contre l'échec scolaire) ou des menaces sur la maternelle.

"Personne n'a parlé de la suppression des Rased", a réagi Didier Jouault, selon qui, seule une partie d'entre eux seront réinstallés devant des classes. De même, il a assuré qu'il n'y avait "pas la moindre perspective de fermeture" de maternelle.

La FCPE départementale appelle à manifester à Créteil le 6 décembre pour dénoncer la "casse du service public d'éducation".

Manifestation contre les mesures Darcos à l'entrée du Salon de l'Education


PARIS (AFP) — Quelques 500 enseignants et parents d'élèves selon les organisateurs, 350 selon la police, ont manifesté jeudi matin devant les portes du Salon de l'Education à Paris pour protester contre les mesures éducatives du gouvernement, a constaté une journaliste de l'AFP.

A partir de 09H00, les manifestants, rassemblés à la porte de Versailles où se tient de jeudi à dimanche le Salon européen de l'Education, ont distribué des tracts aux visiteurs, jouant des cymbales, de la crécelle et donnant des coups de sifflets.

Une trentaine d'entre-eux ont pénétré dans le Salon peu avant 11H00 en demandant "Darcos, où es-tu?". L'un d'entre-eux a affirmé à l'AFP qu'au moment d'entrer dans le salon, "ça a bagarré entre les forces de l'ordre et les manifestants" et une personne a été interpellée.

L'interpellation pour "violence sur agent de la force publique" a été confirmée de source policière: l'homme a été conduit à un commissariat, entendu et relâché, selon cette source.

Les manifestants répondaient à l'appel de la section parisienne du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire) et de Sud-éducation de se rassembler à l'occasion de la venue du ministre de l'Education Xavier Darcos, initialement prévue ce jeudi matin mais finalement repoussée à vendredi.

"Il s'agit de montrer que nous sommes contre les nouveaux programmes (en primaire, ndlr), contre les suppressions de postes, dont les +Rased+ (maîtres spécialisés dans la grande difficulté scolaire, ndlr), contre les attaques contre la maternelle, contre les heures supprimées (le samedi matin, ndlr) et le faux soutien", a déclaré au micro Nicolas Wallet, responsable du SNUipp Paris.

Les manifestants, dont beaucoup portaient des chasubles déplorant "la disparition des Rased" scandaient: "y'en a ras-le-bol de ces guignols qui ouvrent les prisons et s'en prennent à l'école". Des parents d'élèves, notamment de la FCPE, étaient venus les soutenir.

"Disparition des Rased et des postes en maternelle, cette fois la couche est pleine" ou "la maternelle ne se couchera pas" proclamaient des banderoles faisant allusion aux propos de Xavier Darcos sur la maternelle.

M. Darcos, initialement attendu jeudi matin pour l'inauguration, avait annoncé mercredi qu'il devait se rendre à Bruxelles pour un entretien avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Sa présence est prévue au Salon vendredi.

jeudi 27 novembre 2008

Un rapport du Sénat annonce 106 000 suppressions de postes dans l’Education nationale d’ici 2012

Le Sénat vient de mettre en ligne un rapport de Joël Bourdin, sénateur UMP de l’Eure, sur « les perspectives macroéconomiques et les finances publiques à moyen terme (2009-2013) ».

S’appuyant sur les chiffres officiels du ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, M. Bourdin souligne que 372 000 fonctionnaires de l’Etat prendront leur retraite entre 2008 et 2012 et que conformément aux engagements du Président de la République, un sur deux seulement sera remplacé. Le ministère de l’Education nationale regroupe à lui seul 57% des départs projetés soit 212 040.

Cela signifie qu’entre 2008 et 2012, 106 000 postes seront supprimés dans l’Education nationale. Il y a eu 11 200 suppressions au budget 2008 et 13 500 sont prévues au projet de loi de finances 2009. Il y aurait donc 81 300 suppressions supplémentaires de 2010 à 2012 soit plus de 27 000 suppression par an pendant 3 ans.

Conscient des conséquences d’une telle saignée, le sénateur de l’Eure écrit : cette règle « aboutirait à une réforme en profondeur de l’enseignement en France ». C’est le moins que l’on puisse dire !

Il ne faut pas chercher ailleurs, en application des critères de convergence du traité de Maastricht, de la LOLF et de la RGPP l’avalanche des contre-réformes des ministres Darcos et Pécresse pour le retrait desquelles les personnels ont fait massivement grève le 20 novembre.

- les décrets Darcos pour l’enseignement du premier degré et la généralisation des baccalauréats professionnels en 3 ans doivent être abrogés,
- la réforme des lycées, la mastérisation des concours de recrutement, la remise en cause du statut des enseignants-chercheurs doit être abandonnée,
- les 13 500 postes supprimés au PLF 2009 doivent être rétablis.

sources : SNUDI FO du 26/11/08

mercredi 19 novembre 2008

TOUTE RESSEMBLANCE...

Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.

Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie

eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être.

Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.

Dieu sait pourtant que le Président se démène :

il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;

ne pouvant créer, il décrète ;

il cherche à donner le change sur sa nullité ;

c'est le mouvement perpétuel ;

mais, hélas !
cette roue tourne à vide.
L'homme qui, après sa prise du pouvoir

a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne,
ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.

Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.

Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.

Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit

et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,

il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.

On y ajoutera le cynisme car, la France,

il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave,

la nie, l'insulte et la bafoue !

Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde,
d'un homme médiocre échappé '.


Victor HUGO, dans ' Napoléon, le petit '

(Réédité chez Actes Sud)

Vous pensiez peut être à quelqu'un d'autre ?

Toute ressemblance...

Les petits arrangements de Xavier Darcos

C'est le ministre de l'Education qui le dit: grâce aux heures supp', des profs touchent 4400 euros; les jeunes profs ont une prime de 1500 euros; les postes d'enseignants spécialisés ne sont pas supprimés... Ces affirmations -qui font bondir les internautes- correspondent-elles à la réalité? LEXPRESS.fr fait le tri.

Réforme de la seconde, "jardin d'éveil" à la place de la maternelle, disparition des membres des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), disparition de l'IUFM dans sa forme actuelle, surveillance des leaders d'opinion sur le Web... Les motifs de discorde entre Xavier Darcos et le monde enseignant, qui sera en grève le 20 novembre, ne manquent pas. Ce qui pousse parfois le ministre de l'Education nationale à contre-attaquer par des petites phrases minimisant les suppressions de postes ou vantant les avantages concédés aux professeurs. Des affirmations qui seraient exagérées, voire carrément fausses selon des internautes qui s'expriment sur LEXPRESS.fr. Alors, quelle est la part du vrai et du faux?

"Les postes de Rased ne sont pas supprimés, mais sédentarisés" : FAUX

Ce qu'a dit Xavier Darcos: Le ministre explique que 3000 postes sur 11 000 sont sédentarisés, et non supprimés, plaidant pour une "expérimentation d'un an". "Ce que nous voulons c'est que les Rased soient affectés dans les établissements où on a besoin d'eux", expliquait-il dans une interview vidéo à LEXPRESS.fr le 20 octobre.

Qu'en disent les internautes sur LEXPRESS.fr: "Les propos de M. Darcos sur les Rased relèvent de l'entourloupe de bateleur, de l'imposture et du mensonge. Les 3000 postes Rased ne sont pas, comme il le prétend, 'sédentarisés' mais supprimés, rayés, biffés (c'est dans le projet de budget 2009 : MOINS 3000 POSTES RASED)." Il rejoint en cela le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et Pegc qui s'occupe du premier degré (Snuipp), pour lequel "il ne s'agit absolument pas d'une "sédentarisation" des Rased comme l'a prétendu le ministre mais bien d'une suppression d'un dispositif d'aides aux élèves en difficulté".

Verdict: En parlant de sédentarisation, Xavier Darcos joue sur les mots: dans les faits, les 3000 postes de Rased sont bien supprimés, les 3000 enseignants concernés cessant toute activité "spécialisée" en petits groupes avec des élèves en difficulté. Luc Ferry, prédécesseur de Xavier Darcos au ministère, avait d'ailleurs déjà affirmé sur Europe 1 en septembre dernier que le ministère souhaitait supprimer des postes de Rased pour des raisons comptables. Preuve supplémentaire de la volonté du ministère de diminuer les effectifs des Rased, la formation des maîtres E et G, les enseignants spécialisés des Rased, a été suspendue.

"Les professeurs qui feront 3 heures de soutien supplémentaires toucheront 4400 euros" : CELA DEPEND DES CAS. ET CELA S'ENTEND PAR AN.

Ce qu'a dit Xavier Darcos: Le ministre a beaucoup communiqué à la rentrée sur la mise en place du soutien scolaire dans les écoles. Dans l'interview vidéo accordée le 20 octobre à LEXPRESS.fr, il surenchérit: "les professeurs qui feront 3 heures de soutien supplémentaires toucheront 4400 euros".

Qu'en disent les internautes de LEXPRESS.fr: "Il parle de quel prof Monsieur Darcos???? En primaire, un prof ne gagnerait pas cela même après 40 ans de bons et loyaux services!". " Comment peut on laisser dire de telle absurdités concernant les salaires? J'ai été directeur d'école avec 160 élèves et toutes les responsabilités qui vont avec, ma classe, le tout pour 1700 euros par mois. Les enseignants dans le primaire n'ont pas d'heures supplémentaires eux, il n'y connait rien."

Verdict: Xavier Darcos ne parle pas de 4400 euros par mois, comme on peut le penser à la première lecture de la vidéo, mais de 4400 euros (sous-entendu dans l'année), "soit un treizième, voire un quatorzième mois".

"Les nouveaux enseignants touchent une prime de 1500 euros": VRAI

Ce qu'a dit Xavier Darcos: Dans notre entretien vidéo, Xavier Darcos indique que les jeunes professeurs touchent une prime de 1500 euros.

Ce qu'en disent les internautes: "Une prime de 1500 euros pour les jeunes profs ? C'est nouveau ça ? J'ai commencé en 1999 et j'ai eu une prime de 10000 francs d'aide à l'installation ... Ah bon, c'est nouveau ?"

Verdict: "Cette prime -versée en deux temps- pour les débutants est une totale nouveauté", confirme le ministère. Cette prime concerne uniquement les professeurs enseignant pour la première année, 25 000 en tout.

Il a toutefois existé par le passé un autre dispositif, "la prime d'installation," de 10 000 francs par an, comme le souligne le commentaire. "Dispositif qui existe toujours pour les académies de Paris et de Lille, note-t-on au ministère, et qui est cumulable avec cette nouvelle prime pour les jeunes professeurs."

Par Nalla Faye, Emilie Cailleau, Eric Lecluyse, le 17/11/2008, l'Expres

nous sommes tous des inspecteurs .... enfin, presque

Le SNPI-fsu comprend et soutient la grève du 20 novembre 2008

Pour le 20 novembre prochain, tous les syndicats enseignants de la FSU
et la plupart des syndicats enseignants des autres fédérations ont
appelé à une grande grève de protestation contre le budget de
l'éducation et les réformes menées sans concertation et sans délai par
les ministères de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche.

Conscient de la réalité et de la légitimité des griefs qui ont été
exposés pour justifier cet appel à la grève, le SNPI-fsu exprime
solennellement son soutien à cette journée d'action qui réclame une
véritable négociation de la politique en cours.

Observateur de l'état de notre système éducatif sur le terrain, le
SNPI-fsu déplore le développement d'une ambiance invraisemblable qui
met en péril la bonne marche de nos enseignements, qui ébranle
dangereusement la sérénité nécessaire aux enseignants et qui, au
final, fait croître un doute général inacceptable sur la qualité des
apprentissages des élèves.

Le SNPI-fsu appelle les inspecteurs à s'associer à cette journée du 20
novembre 2008, selon les conditions locales, et à en respecter le
sens. Car c'est de respect que notre système a besoin.

sources : Site du SNPI-FSU, 18/11/08

Nous sommes tous des rétrogrades, vous ne le saviez pas ...

Patrick Devedjian appelle à combattre "les forces rétrogrades"

Le secrétaire général de l'UMP a écrit aux militants de son parti une lettre dans laquelle il stigmatise les "manifestations d'humeur" des organisations syndicales qui visent "à faire reculer le gouvernement", et appelle à donner de l'argent.

Patrick Devedjian (AFP)

Patrick Devedjian (AFP)

Le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, a envoyé aux adhérents de son parti une lettre intitulée" "Et si la bataille pour l'école était en voie d'être gagnée". Revenant sur les mesures engagées par Nicolas Sarkozy dans le domaine éducatif, Patrick Devedjian fustige dans son texte les "forces rétrogrades soutenues par les plus virulents des syndicats d'enseignants et d'étudiants". Selon lui, ces organisations "veulent marquer, dans la rue, leur opposition aux réformes qui, depuis plus d'un an, font considérablement évoluer l'école". Le chef de l'UMP qualifie "leur combat d'arrière-garde". Et de rappeler les principaux points des réformes : "11.200 départs à la retraite non-remplacés à la rentrée 2008", "le recentrage des programmes sur les fondamentaux", "l'accueil des enfants les jours de grève des enseignants (…) qui restaure l'esprit de permanence du service public"… Cet appel vise notamment à "rétablir la vérité sur des sujets qui sont systématiquement stigmatisés, déformés voire ridiculisés par les média", pour reprendre l'expression utilisée par Patrick Devedjian utilisée dans son post-scriptum.

Appel à "contribution financière"


Patrick Devedjian poursuit ensuite sur "les mouvements de protestation", qu'il qualifie de simples "manifestations d'humeur de l'Education nationale", qui visent "à faire reculer le gouvernement et à revenir à une méthode qui consiste à répondre à l'échec du système par le recrutement d'un nombre croissant d'enseignants". A ces mouvements "d'humeur", le secrétaire général de l'UMP répète que le gouvernement "ne reculer(a) pas". Patrick Devedjian achève son texte par un appel à une "contribution financière" des militants et ce, pour "faire connaître (sa) détermination à soutenir la politique du président de la République et du gouvernement".

sources : le nouvel obs

mercredi 12 novembre 2008

je refuse d'obéir


"Je refuse d'obéir !" (Lettre d'un instituteur à son inspecteur)

Colomiers, le 6 novembre 2008


Monsieur l'Inspecteur,

Je vous écris cette lettre car aujourd'hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d'obéir.

Depuis un an, au nom des indispensables réformes, un processus négatif de déconstruction de l'Education Nationale s'est engagé qui désespère de plus en plus d'enseignants. Dans la plus grande précipitation, sans aucune concertation digne de ce nom, au mépris de l'opinion des enseignants qui sont pourtant les « experts » du quotidien sur le terrain, les annonces médiatiques de « réformes » de l'école se succèdent, suscitant tantôt de l'inquiétude, tantôt de la colère, et surtout beaucoup de désenchantement et de découragement. La méthode est détestable. Elle témoigne de beaucoup de mépris et d'arrogance vis-à-vis de ceux qui sont les premiers concernés. La qualité d'une réforme se juge autant par son contenu que par la façon dont est elle est préparée, expliquée et mise en oeuvre. L'Education Nationale n'est pas l'armée ! Il n'y a pas d'un côté ceux qui décident et d'un autre côté ceux qui exécutent ! L'honneur de notre métier est aussi de faire œuvre de raison, de critique et de jugement.


Aujourd'hui, la coupe est pleine ! Le démantèlement pensé et organisé de l'Education Nationale n'est plus à démontrer tant les mesures décidées et imposées par ce gouvernement l'attestent au grand jour : des milliers de suppressions de postes qui aggravent une situation d'enseignement déjà difficile, la diminution du volume horaire hebdomadaire, la préférence accordée à la semaine de 4 jours, pourtant dénoncée par tous les chronobiologistes, l'alourdissement des programmes scolaires malgré une rhétorique qui prétend le contraire, la suppression des IUFM, la disparition annoncée des RASED alors qu'aucun bilan de leur action n'a été réalisé, la réaffectation dans les classes des enseignants travaillant pour les associations complémentaires de l'école, ce qui mettra à bas grand nombre de projets éducatifs dont l'utilité n'est plus à démontrer, la mise en place d'une agence chargée du remplacement avec l'utilisation de vacataires, la création des EPEP où les parents et les enseignants seront minoritaires dans le Conseil d'Administration, la dévalorisation du métier d'enseignant dans les écoles maternelles et les menaces qui pèsent sur celles-ci, la liste est longue des renoncements, des coupes franches et finalement des mauvais coups portés à notre système éducatif. Sans compter, ce qui m'est le plus insupportable, l'insistance à dénoncer le soit disant « pédagogisme », c'est-à-dire les mouvements pédagogiques qui, depuis des décennies, apportent des réponses innovantes, crédibles, raisonnables à l'échec scolaire.


Le démantèlement des fondements de l'Education Nationale est un processus que je ne peux accepter sans réagir. L'objet de ma lettre est de vous informer que je ne participerai pas à ce démantèlement. En conscience, je refuse de me prêter par ma collaboration active ou mon silence complice à la déconstruction d'un système, certes imparfait, mais qui a vocation à éduquer et instruire, à transmettre tout autant un « art de faire » qu'un « art de vivre », en donnant toutes ses chances à chaque élève, sans aucune distinction.

1. Les « nouveaux » programmes constituent une régression sans précédent. Ils tournent le dos à la pédagogie du projet qui permet aux élèves de s'impliquer dans les savoirs, de donner du sens à ce qu'ils font, de trouver des sources de motivation dans leur travail. Cette vision mécaniste et rétrograde des enseignements, qui privilégie l'apprentissage et la mémorisation, va certainement enfoncer les élèves en difficulté et accentuer l'échec scolaire. Ces programmes sont conçus pour pouvoir fournir des résultats « quantifiables, publiables et comparables » Or, « en éducation, tout n'est pas quantifiable, ni même évaluable en termes d'acquisitions immédiatement repérables ». (Philippe Meirieu). Nous sommes bien dans une logique d'entreprise et de libéralisation de l'école. Désormais, les enseignants seront évalués sur les progrès des acquis des élèves, c'est-à-dire sur la progression des résultats chiffrés. C'est notre liberté pédagogique qui est ainsi menacée. Dans la mesure où les programmes de 2002 n'ont fait l'objet d'aucune évaluation sérieuse et que d'autre part nous ne savons toujours pas qui a élaboré et rédigé les programmes 2008, d'ailleurs sans aucune concertation digne de ce nom, nous sommes en présence d'un déni de démocratie et de pédagogie. Pour toutes ces raisons, je considère que ces programmes sont totalement illégitimes. C'est pourquoi en conscience, j'ai décidé de ne pas les appliquer et de continuer à travailler dans l'esprit des programmes de 2002.

2. Tout particulièrement, je refuse de m'inscrire dans la logique d'une « Instruction morale et civique » aux relents passéistes. C'est une insulte faite aux enseignants et aux élèves de penser que l'inscription d'une règle de morale au tableau, apprise par cœur par les élèves, fera changer un tant soit peu leur comportement ! Aujourd'hui, plus que jamais nous avons besoin de mettre en place dans nos classes des dispositifs qui offrent aux élèves la possibilité de se connaître, de se rencontrer, d'échanger, de se respecter. Nous avons besoin d'une éducation au vivre ensemble, car si nous ne le faisons pas, qui le fera ? L'éducation citoyenne est l'un des piliers de l'école pour construire une société ouverte, démocratique et libérée de l'emprise de la violence. La priorité aujourd'hui est d'apprendre aux élèves à se respecter, à réguler positivement les inévitables conflits du quotidien par la parole, la coopération, la médiation. Aujourd'hui, comme hier, en conscience, j'ai fait le choix d'une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble.


3. La réduction du volume horaire de la semaine scolaire de 26h à 24h apporte des bouleversements tels dans l'organisation des écoles, qu'il faut aujourd'hui parler de désorganisation structurelle. Le dispositif d'aide personnalisée pour « les élèves en difficulté » n'est qu'un prétexte démagogique pour supprimer les RASED. Ce dispositif porte un coup fatal à la crédibilité du métier d'enseignant. En effet, de nombreuses expériences pédagogiques d'hier et d'aujourd'hui ont montré et montrent que la difficulté scolaire se traite avec efficacité avec l'ensemble du groupe-classe, dans des dynamiques de coopération, de tutorat, de travail différencié, d'ateliers de besoin, etc. Le dispositif actuel considère que la difficulté doit être traitée de façon « médicale », avec un remède individuel, en dehors de toute motivation et de tout projet de classe. C'est une grave erreur. Ce dispositif est une faute contre l'esprit et la pédagogie. Dès la rentrée, en conscience, je n'appliquerai pas ce dispositif d'aide personnalisée tel qu'il est actuellement organisé. Ces deux heures seront mises à profit pour mener à bien un projet théâtre avec tous les élèves de la classe, répartis en demi-groupe, le mardi et le vendredi de 15h30 à 16h30, ceci avec l'accord des parents.


4. Les stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires à destination des élèves de CM1 et CM2 sont eux aussi des dispositifs scandaleux et démagogiques destinés à caresser l'opinion publique dans le sens du poil. Mis en place sous le motif populiste qu'il est anormal que seuls les riches peuvent se payer des heures de soutien scolaire (dixit notre ministre), ces stages dont certains ne seront pas animés par des enseignants, ne règleront en rien l'échec scolaire. Ils sont destinés à appâter les enseignants qui souhaitent effectuer des heures supplémentaires avec bonne conscience, alors que dans le même temps des milliers de postes sont supprimés, aggravant ainsi les conditions de travail dans les écoles. Parce que je respecte profondément les élèves qui ont des difficultés et leurs parents et que je suis persuadé que ce dispositif est néfaste, je continuerai à refuser de transmettre des listes d'élèves pour les stages de remise à niveau.


5. La loi sur le service minimum d'accueil dans les écoles les jours de grève n'est pas autre chose qu'une loi de remise en question des modalités d'application du droit de grève. Il est demandé aux enseignants de se déclarer gréviste 48h avant la grève afin que ce service minimum d'accueil puisse se mettre en place. Ce qui signifie clairement que les enseignants doivent collaborer à la remise en cause du droit de grève ! On ne saurait être plus cynique ! La commune de Colomiers ayant décidé de ne pas organiser ce service minimum d'accueil les jours de grève, il devient inutile de se déclarer 48h avant. En conscience, je ne me déclarerai pas gréviste à l'administration et j'informerai les parents trois jours avant de mon intention de faire grève.

Dans son dernier ouvrage, « Pédagogie : le devoir de résister », Philippe Meirieu écrit : « Nous avons le devoir de résister : résister, à notre échelle et partout où c'est possible, à tout ce qui humilie, assujettit et sépare. Pour transmettre ce qui grandit, libère et réunit. Notre liberté pédagogique, c'est celle de la pédagogie de la liberté. […] Nous n'avons rien à lâcher sur ces principes pédagogiques. Car ils ne relèvent pas de choix passagers de majorités politiques, mais bien de ce qui fonde, en deçà de toutes les circulaires et de toutes les réformes, le métier de professeur dans une société démocratique.

Et devant les errances de la modernité, le professeur n'a rien à rabattre de ses ambitions, bien au contraire… Face à la dictature de l'immédiateté, il doit travailler sur la temporalité. Quand, partout, on exalte la pulsion, il doit permettre l'émergence du désir. Contre les rapports de force institués, il doit promouvoir la recherche de la vérité et du bien commun. Pour contrecarrer la marchandisation de notre monde, il doit défendre le partage de la culture. Afin d'éviter la sélection par l'échec, il doit incarner l'exigence pour tous.

Personne ne prétend que la tâche est facile. Elle requiert détermination et inventivité. Echanges, solidarité et travail en équipe. Elle exige du courage. Et la force de nager à contre-courant. Il ne faut pas avoir peur de la marginalité. Car, plus que jamais et selon la belle formule de Jean-Luc Godard, « c'est la marge qui tient la page. » »

Si aujourd'hui je décide d'entrer en résistance et même en désobéissance, c'est par nécessité. Pour faire ce métier, il est important de le faire avec conviction et motivation. C'est parce que je ne pourrais plus concilier liberté pédagogique, plaisir d'enseigner et esprit de responsabilité qu'il est de mon devoir de refuser d'appliquer ces mesures que je dénonce. Je fais ce choix en pleine connaissance des risques que je prends, mais surtout dans l'espérance que cette résistance portera ces fruits. J'espère que, collectivement, nous empêcherons la mise en œuvre de ces prétendues réformes. Cette action est une action constructive car dans le même temps il s'agit aussi de mettre en place des alternatives pédagogiques concrètes, raisonnables et efficaces.


Monsieur l'Inspecteur, vous l'avez compris, cette lettre n'est pas dirigée contre vous, ni votre fonction, mais je me dois de vous l'adresser et de la faire connaître. Le propre de l'esprit responsable est d'agir à visage découvert, sans faux-fuyant, en assumant les risques inhérents à cette action. C'est ce que je fais aujourd'hui.

Je vous prie de recevoir, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de mes sentiments déterminés et respectueux.

Alain REFALO

Professeur des écoles

Ecole Jules Ferry, Colomiers (31)


Lettre adressée à Mr l'Inspecteur de l'Education Nationale de la 17ème circonscription de la Haute-Garonne.


Lettre au format PDF


PS : Une lettre type modulable à envoyer à son inspecteur est proposée en page d'accueil du site pour celles et ceux qui veulent participer à ce mouvement.


extrait du blog "Résistance pédagogique pour l'avenir de l'école"

mardi 11 novembre 2008

le cochon est dans la marmitte 1

un nouveau feuilleton sur les ondes de "sauvons l'école publique"

régulièrement, seront envoyés des messages à "là-bas si j'y suis", ainsi qu'aux courriers de lecteurs de Télérama, Mariane, L'express, Le Nouvel Obs, le quotidien, le JIR, Témoignages et autres médias

voici le premier :

Nous tenons à vous faire part de la naissance d'un collectif d'enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur mais aussi de parents d'élèves inquiets pour l'avenir de nos enfants. Inquiets est un euphémisme qui reflète à peine le saccage incommensurable dont fait l'objet l'école française depuis l'arrivée de X. Darcos, une école qui ne sera bientôt plus publique, ni laïque, ni gratuite !
Et au lieu de dénoncer bien méthodiquement toutes ces mesures saccageuses, et en réponse au grand professionnalisme ainsi qu'aux talents de communicant de toute l'équipe de ce ministère, nous allons essayer de jouer au même jeu : faire peur avec des phrases choc, le poids des mots, le choc des photos, sauf qu'il n'y aura pas de photos et que nous n'interpréterons pas de manière erronée les sources que nous citons !!

Si le gouvernement offre à chaque famille un extincteur en disant que comme ça, il lutte contre les incendies, où est le mal ? Bien au contraire, qui ne serait pas content ? Si quelques jours après, il ferme les casernes de pompiers en affirmant qu'elles ne sont pas efficaces, ben oui, y a toujours des incendies, où est le mal ?
Si le gouvernement met en place du soutien pour les élèves moyens ou lents en disant que comme ça, il lutte contre l'échec scolaire, c'est très bien, où est le mal ? Mais si quelques jours après il supprime les RASED en affirmant qu'ils ne sont pas efficaces, ben oui y a encore de l'échec scolaire .... je n'en dirai pas plus !

se souvenir des belles choses

un petit concentré sans sucre ajouté, de se qui se passe du côté des médias, si avec ça personne ne bouge, je m'en vais offrir "l'histoire de l'agneau qui ne voulait pas être un mouton" à tous les enseignants de France et Navarre ... au fait, c'est où Navarre, c'est dans l'océan indien ???

Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, Main basse sur l'école, Paris, Démopolis, 2008

Libération
La surprise vient ici du fait que ce livre coup-de-poing n’ait pas provoqué davantage de polémique. Il accuse entre autre le ministre de l’éducation, Xavier Darcos, d’être sous l’influence des cercles les plus réactionnaires et de favoriser, en sous-main, l’enseignement catholique. Mais peut-être que face aux multiples réformes – les programmes du primaire, la suppression du samedi, le service minimum… -, l’opinion ne sait plus que penser. D’après les auteurs, on assiste à une sainte alliance entre les ultra-libéraux, qui veulent une école marchande, et les ultraconservateurs, qui rêvent de revenir au système d’antan. Tout était écrit d’avance, il suffit de relire les propositions de Créateurs d’écoles, une boîtes à idées créée en 1992 a laquelle participaient Xavier Darcos, le conseiller éducation du Président Dominique Antoine et le recteur de Paris Maurice Quénet – qui auraient en outre tous deux fréquenté le très à droite Club de l’Horloge.
Véronique SOULE - Libération, 18-19 octobre 2008 - Article numérisé<http://www.main-basse-sur-ecole-publique.com/documents/Libe_18-19_octobre_2008>

Le blog de Philippe MEIRIEU
« Voilà un livre à lire absolument pour comprendre la situation scolaire et les débats éducatifs d'aujourd'hui. L'ouvrage se présente comme un enquête - presque un "thriller" - centrée sur la dénonciation d'un projet qui, malgré les apparences, n'a rien d'improvisé ni d'incohérent. La libéralisation de l'école y apparaît comme une perspective mûrie de longue date, avec des objectifs précis et des étapes qui sont en train de se dérouler sous nos yeux : appuis au développement de l'enseignement privé, mise en place de la concurrence systématique avec l'enseignement public, mécanismes subtils de privatisation de ce dernier...»

Le blog de Philippe MEIRIEU<http://www.meirieu.com/RECOMMANDES/listerecommandes.htm>

FRANCE 2 et FRANCE 3
« Leur livre est, malheureusement, aussi étayé que convaincant. »
Anne BRIGAUDEAU - Le site de la chaine France2.fr<http://culture.france2.fr/livres/essais/46682721-fr.php>

Le Blog des livres - Vincent DUCLERT
« L'un des essais à thèse les plus dérangeants... La méthode est stimulante et l'argumentation serrée. L'ouvrage souligne également l'impasse d'une résistance fondée seulement sur la défense du statu-quo. »
Vincent DUCLERT - Le Blog des livres<http://larecherche.typepad.fr/le_blog_des_livres/2008/08/main-basse-sur.html>

Le Monde
« Jamais l'Etat n'avait autant organisé la concurrence de son propre service public », ...Livre « Fouillé et documenté, il retrace de façon parfois glaçante la montée en puissance du lobbying en faveur de l'école privée »
Caroline FOUREST « On achève bien l'Ecole publique » 29 août 2008 - Lemonde.fr<http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/08/28/on-acheve-bien-l-ecole-publique-par-caroline-fourest_1088937_0.html>

Le Monde Diplomatique
Main basse sur l'école publique parmi « Cinq livres sur l'école et l'enseignement et un constat : au delà de la dénonciation, la situation impose une repolitisation des questions d'éducation. » LE MONDE DIPOLMATIQUE Nicolas TRUONG Rentrée scolaire et nouveaux rapports de classes. »
Nicolas TRUONG Septembre 2008 - Lemondediplomatique.fr<http://www.monde-diplomatique.fr/2008/09/>

Le Canard Enchainé
« Xavier Darcos, en 1992, alors inspecteur général de l'Education nationale, ... fondait, avec quelques hauts fonctionnaires du ministère, la très droitière association Créateurs d'école »

Brigitte ROSSIGNEUX « La Voie aux Chapitres » mercredi 10 septembre 2008 - Article repris par Bellacio<http://bellaciao.org/fr/spip.php?article72196>

Charlie Hebdo
Avec le plan » Espoir banlieue « dès septembre 2007, Nicolas Sarkozy rencontrait les responsables de l'enseignement catholique... En créant une niche budgétaire inédite en dehors du dispositif législatif ? l'État, pour la première fois, n'aide plus seulement au fonctionnement de l'enseignement privé, mais finance carrément son développement.
Agathe ANDRE - Charlie hebdo, 28 septembre 2008 - Articles de Charlie Hebdo repris par "Ecoles différentes"<http://ecolesdifferentes.info/OPAentecpub.htm>

RMC
Le carnet de note de Maître Grandserre : " Indispensable et dérangeante enquête sur l'origine du découpage des pièces du puzzle qui s'assemblent actuellement."
Sylvain GRANDSERRE - site RMC, 14 octobre 2008 - METEO ET NUAGES BAS !<http://www.rmc.fr/blogs/lesgrandesgueules.php?tag/Darcos>

lundi 10 novembre 2008

une nouvelle pétition pour les maternelles

MANIFESTE du 5 NOVEMBRE
Depuis sa création le 5 novembre 1921,l’AGEEM réaffirme avec force :
OUI à l’école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tousSeule école ouverte à tous les enfants quelles que soient leurs origines, leurs cultures et leurs conditions sociales.
OUI à l’école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tousDont les valeurs sont celles de la République française
OUI à l’école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tousQui accorde toute sa place à l’enfant, l’élève, le futur citoyenQui considère l’enfant dans sa globalitéQui lui donne le temps de s’approprier les savoirsQui vise la construction et l’épanouissement de sa personneQui propose d’apprendre ensemble en étant acteur de ses apprentissagesQui privilégie le jeu, la manipulation, l’expérience sensible et l’accès à la pensée symbolique
OUI à l’école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tousQui permet à l’enfant de maîtriser le langage Qui favorise la culture artistique, littéraire et scientifiqueQui place le corps aux sources de l’éducation
OUI à l’école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tousQui est un espace de prévention avec des partenaires : les Réseaux d’aide aux élèves en difficulté, le personnel de santé scolaire, la protection maternelle et infantile
Avec AGEEM, dites OUI à l’école maternelle françaisePublique, laïque et gratuite pour tous !

Signer la pétition - Voir les signataires

de http://marnesia.free.fr/phpPetitions/index.php?petition=2

dimanche 2 novembre 2008

c'est décidé, j'entre en résistance, lettre d'un directeur d'école

Je ne supporte plus l’hypocrisie des discours officiels qui se gargarisent de grandes phrases sur l’intérêt des élèves, sur l’égalité des chances, …, alors que les seuls critères sont comptables avec un arrière fond idéologique pour le moins inquiétant.

· Qui peut croire que l’intérêt des enfants a compté dans la suppression du samedi matin ? · Qui peut croire que les deux heures de travail personnalisé pourront compenser le travail des maîtres spécialisés des RASED qu’on est en train de supprimer ?

Je ne supporte plus la malhonnêteté des effets d’annonce alors que j’assiste, chaque jour un peu plus à une entreprise systématique et planifiée de démantèlement de l’école publique.

Je ne supporte plus le harcèlement administratif des courriels qui arrivent par vagues. Lorsqu’ils ne sont pas accompagnés de pièces jointes (jusqu’à 20 dans un seul envoi !) ou de documents à aller chercher soi-même sur le site de l’académie, il s’agit en général d’injonctions (« merci de me transmettre – toujours dans l’urgence – telle information ») ou de rappels à l’ordre (« Sauf erreur ou omission je n’ai pas été destinataire de tel document »). Et je suis déchargé totalement ! J’imagine ce que doivent ressentir la grande majorité des directeurs, ceux qui n’ont qu’une journée ou pas de décharge du tout, lorsqu’ils ouvrent leur boite aux lettres électronique.

Je ne supporte plus le « flicage institutionnel », les multiples tableaux à compléter pour vérifier que nous faisons correctement notre travail, que nous ne tirons pas au flanc pour l’aide personnalisée, que nous participons bien à toutes les animations pédagogiques. J’ai eu la chance de vivre des stages de formation continue (pas beaucoup, il est vrai – mais quand même !) passionnants, stimulants, qui interrogeaient la réflexion et les pratiques, dont je suis sorti avec le sentiment d’avoir progressé. Que nous propose-t-on aujourd’hui ? Des grand-messes où l’on paraphrase du « PowerPoint » durant des heures, du formatage au nouveau discours officiel, de l’endoctrinement ! Pas étonnant dans ces conditions que les seules animations pédagogiques qui fassent le plein soient les animations sportives. Pas étonnant dans ces conditions que les IEN doivent demander aux directeurs de « susciter des candidatures ». Pas étonnant qu’il faille « fliquer » pour que les gens viennent !

Je ne supporte plus cette forme d’infantilisation et ce manque de confiance qui consistent à nous faire rédiger des projets (projet d’école, projet d’organisation de l’accompagnement éducatif, …) à corriger (pardon « à valider ») par les IEN.

Au mieux, ils nous reviennent « validés » avec une remarque du style « Le projet, dans sa formalisation et dans son contenu, est conforme aux attentes ». Bon élève !

Au pire, on nous demande de revoir notre copie.

Ou l’administration fait confiance à notre professionnalisme et je ne vois pas alors la nécessité de valider a priori notre travail ou alors nos supérieurs estiment que nous ne sommes pas capables de construire nous-mêmes nos projets, mais dans ce cas, qu’ils soient cohérents et qu’ils les rédigent eux-mêmes !

Par ailleurs, quelle illusion de contrôle et de toute puissance dans ce formalisme !!

Je ne supporte plus la répression rampante, les atteintes au droit de grève, la restriction du droit à l’information syndicale, ….

Je me refuse à terminer ma carrière dans la dépression, en plaignant les étudiants que je croise à l’école ou mes jeunes collègues qui ont encore quelques dizaines d’années à passer dans cette galère.

Le découragement conduit à la résignation et à l’inaction, la colère conduit à l’action et à la résistance.

Je choisis donc la colère et l’action !

Comment résister ?

Un principe d’abord : la principale priorité, la seule, ce sont nos élèves !

Tout le reste est secondaire sinon accessoire !

Faisons comme nos IEN, examinons toutes leurs exigences à la lumière d’une grille d’analyse toute simple :

· Est-ce que cette demande va aider mes élèves ?

· Est-ce que cette demande me permettra de mieux faire fonctionner l’école ?

· Est-ce que cette demande va servir à mes collègues dans leur travail quotidien au bénéfice des élèves ?

Si la réponse à ces questions est non, alors la demande n’est pas urgente, quels que puissent être les éventuels délais de réponse. Et si d’aventure, il n’y avait pas de réponse, il est au moins certain que cela ne portera préjudice ni aux élèves, ni aux collègues.

Comment résister ?

· Soyons positifs, affirmons-nous, ne restons pas isolés et ne nous laissons pas culpabiliser !

Après tout, l’école, c’est nous qui la faisons vivre au quotidien, et elle ne fonctionne pas si mal finalement, quoi qu’on essaie de nous faire croire. Même les enquêtes PISA et PIRLS, utilisées comme prétexte pour tout changer ne sont pas aussi catastrophiques que certains le prétendent, - les ont-ils lues ?

En tout cas, malheureusement, il est déjà certain, (ce n’est pas moi qui le dit mais la plupart des chercheurs en pédagogie) que ce ne sont pas les nouvelles orientations qui feront remonter le niveau de nos élèves. Comment résister ?

· Ne nous laissons pas intimider

Retournons les agressions de l’administration contre elle :

· Il faut se déclarer gréviste 48 heures à l’avance !

Soit ! Alors déclarons-nous systématiquement grévistes. Cela ne nous engage à rien mais annule l’intérêt de la déclaration préalable et oblige les communes à se positionner sur le service minimum.

· Les réunions d’information syndicale doivent être prises sur le temps de travail hors présence élève (les fameux 48 heures) !

Qu’à cela ne tienne ; inscrivons nous massivement aux réunions d’information syndicale au lieu de participer aux animations pédagogiques. Elles seront certainement plus intéressantes et probablement aussi formatrices !

Comment résister ?

· Engageons-nous dans les mouvements pédagogiques.

Ils sont en train d’être étouffés par une réduction dramatique des subventions publiques et la suppression des postes de mis à disposition ou de détachés. Pourtant ce sont des lieux extraordinaires de rencontres, de réflexion et de formation.

L’ICEM (Pédagogie Freinet), l’OCCE, la Ligue de l’enseignement, les PEP, la JPA, les CEMEA et d’autres que j’oublie, ceux qu’on appelait il n’y a pas si longtemps, les œuvres complémentaires de l’école sont peut être les derniers remparts de cette Ecole qui prend l’enfant dans sa globalité pour le faire avancer, pour en faire un citoyen, face au dogmatisme et au formatage de ce qu’on cherche à nous imposer. Les trois quarts de ce qui fait ma compétence professionnelle aujourd’hui, c’est à leur contact que je les ai acquis et non dans l’Institution.

Comment résister ?

· Syndiquons-nous

J’entends trop souvent des collègues me dire que les syndicats ne servent à rien.

Mais les syndicats, c’est nous !

Si nous voulons qu’ils agissent plus, mieux, qu’ils soient plus près du terrain, à nous de les faire bouger, de les interpeller, de nous engager.

Ils n’existent que pour défendre nos droits et nos valeurs.

Mais en même temps, ils n’existent que par nos adhésions et notre soutien.

Je ne me suis jamais considéré comme un militant syndical, mais j’ai toujours été payé ma cotisation syndicale, pour une raison très simple : je n’oublie pas que des personnes sont mortes pour que nous ayons le droit, ce droit tout simple, d’être représentés et défendus face au pouvoir en place. Je n’oublie pas qu’aujourd’hui encore, dans certains pays pas éloignés, les syndicalistes sont menacés et assassinés. La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !!

Un mot encore pour terminer. Une lecture rapide de mon texte pourrait faire croire que j’en veux à nos supérieurs hiérarchiques directs, les IEN ! Il n’en est rien !

Je connais la plupart des inspecteurs du département. Il y en a que je compte parmi mes amis. J’ai suffisamment discuté ou milité avec certains d’entre eux pour savoir qu’ils ne sont pas plus emballés que moi par l’évolution actuelle de l’Ecole. Comme nous, plus que nous certainement, ils sont pris entre le marteau et l’enclume, entre l’inertie du monde enseignant et les pressions de leur hiérarchie.

Je ne voudrais pas être à leur place, mais ils ont choisi et comme nous, ils ont la liberté !

· La liberté d’être de simples courroies de transmission, d’essayer de nous convaincre que tout va bien, que les nouveaux programmes ne changent pas grand-chose par rapport aux anciens, que l’on peut faire dans les 24 heures qui nous restent tout ce qui est demandé par ces fameux programmes, même la religion et les trois heures d’allemand.

· Ou la liberté de parler vrai, de défendre leurs convictions, d’être des citoyens avant d’être des fonctionnaires ! Et peut être de résister !!!

Bon courage à vous tous.

Roland BRAUN Directeur de l’école Saint Exupéry à Colmar le 16 octobre 2008

le mémento du gréviste

La loi, c’est la loi ! Il faut maintenant déclarer son intention de faire grève 48 h à l’avance. Pour aider au mieux nos collègues confrontés à cette nouvelle obligation, nous avons recensé les différentes manières possibles de procéder, en évaluant leurs avantages et inconvénients.
Vous trouverez dans le tableau ci-dessous une synthèse de nos recherches.
Prenons l’hypothèse d’un appel à la grève émanant d’une organisation syndicale quelconque, mettons jeudi prochain.

1. Déclarer ou non son intention de faire grève : quatre cas peuvent se présenter

a) Vous avez déclaré votre intention de faire grève et vous êtes effectivement en grève :
Tout baigne. Allez à la manif. Si 25% des collègues de l’école ont fait comme vous, la mairie a dû se décarcasser pour organiser le service minimum d’accueil, mais c’est son problème.
b) Vous avez déclaré votre intention de faire grève mais finalement vous changez d'avis :
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis.
Avantages : vous ne perdez pas d’argent.
Inconvénients : si 25 % des collègues ont fait comme vous, non seulement la Mairie a dû se décarcasser, mais en plus, pour rien ! Et elle va devoir payer des surveillants qui ne surveilleront pas : c’est immoral…
c) Vous n'avez pas déclaré que vous allez faire grève et vous êtes au travail :
Rien de spécial, la routine, quoi...
d) Vous n'avez pas déclaré que vous allez faire grève et vous vous joignez au mouvement
Attention! faute professionnelle. Il va falloir faire grève pour vous défendre....

2. Quand déclarer ?
a) Dès votre décision prise, le plus tôt possible
Avantages : Vous touchez les dividendes de votre compétence organisationnelle : ce n’est pas à vous qu’il arrivera de laisser passer la date limite et de vous retrouver du mauvais côté de la frontière ténue qui vous sépare de la faute professionnelle.
Inconvénients : Aucun. Un peu tristounet, peut-être…
b) La veille au soir
Avantages : Pas vraiment d’avantages. Sauf si vous cherchiez un prétexte pour finalement ne pas faire la grève en faisant croire que vous en aviez l’intention.
Inconvénients : Relisez le texte : ce n’est pas valable : la déclaration doit arriver à l’IEN au plus tard 48 h avant le déclenchement de la grève, et encore, il doit y avoir un jour de classe dans cette période. Pour une grève jeudi prochain, il faut que l’IEN reçoive la demande au maximum le lundi soir.
c) Au dernier moment autorisé
Avantages : Vous êtes couvert, soyez rassuré. Si votre déclaration arrive à l’IEN le lundi soir pour une grève le jeudi, vous pouvez disposer sans crainte de votre journée de grève. Notre conseil : fréquentez l’AG de grévistes, préparez les banderoles, répétez les slogans, et allez dans la rue !
Inconvénients : Quel travail pour l’IEN ! Il doit trier les demandes et comptabiliser les grévistes de chaque école. Réussir une règle de trois mieux que Darcos pour calculer quand le seuil de 25% sera franchi. Avertir l’IA, le Maire, etc.
Un genre de boulot dont on se passerait bien.

3. Comment l’envoyer ?
a) Par courrier postal individuel
Avantages : Vous manifestez votre singularité, vous pouvez éviter de retrouver votre cas particulier assimilé à celui de votre collègue qui fait grève lui aussi mais pour des motifs qui n’ont rien à voir avec les vôtres.
En cas de tension importante dans l’école, vous êtes sûr(e) que votre courrier ne sera pas intercepté par une main malveillante.
Inconvénients : Vous payez le papier, l’encre, le timbrê, en plus de la journée de grève...
b) Par mel
Avantages : Pratique, sûr, moderne, rapide
Inconvénients :
Pas autorisé. On se demande encore pourquoi…
c) Par courrier confié collectivement au/à la directeur/trice.
Avantages : Caresse dans le sens du poil les pulsions hiérarchiques inavouées de votre collègue chargé(e) de direction.
Facilite grandement le travail de l’IEN, qui reçoit déjà les déclarations triées par école. Pou peu qu’il sache manier la règle de trois, il aura tôt fait de déterminer dans quelle école le seuil fatidique de 25% sera dépass é, ce qui lui laissera la possibilité de consacrer son temps à des activités autrement enrichissantes : inspections, notes de services…
Inconvénients : C’est le/la dirlo qui devra se payer le trajet avec son essence à lui/elle. Au prix où c’est, et sans indemnités…
d) Par courrier personnel porté à l'IEN en main propre
Avantages : Cela vous ouvre la possibilité d’une conversation amicale avec votre chef. Vous pouvez vous évertuer à briller, à tenter de saisir au vol ses manies, ses marottes. C’est tout bon pour votre prochaine inspection.
Inconvénients : Vous évitez le timbre, mais pas le prix de l’essence.
e) Par fax, à la poste
Avantages :Le fax, ça fait classe, ça a un côté chef d’entreprise qui en jette. Vous=2 0vous positionnez en termes d’image dans le camp des winners.
inconvénients : Ben… le prix du fax, l’essence pour aller à la poste, le temps de faire la queue… Profitez-en au moins pour faire signer contre la privatisation. Les pétitions se trouvent sur tous les bons sites habituels.
f) Par fax gratuit par internet
Avantages : Comme son nom l’indique, c’est gratuit. Mais c’est vraiment son seul avantage. Enfin, si malgré tout vous optez pour cette solution, vous pouvez toujours aller voir sur
http://fax-gratuit.net/ par exemple. Mais d'autres sites en proposent aussi. Vous avez le choix. (Et le numéro de fax, vous le trouvez sur le site de la circo).
Inconvénients : Ce qui ne vous coûte plus rien à vous en papier, encre, etc. va se retrouver facturé à l’administration (et en plus, les fax gratuits ont la désagréable particularité de comporter la moitié de la feuille en p ub, pub qui a le désavantage de pomper l’encre de la machine…) Et dans une circo de 300 PE, ça en fait de l’encre…. En plus, la pub, ça énerve. Et 300 fax arrivant dans la demi-journée, ça désorganise le boulot. À n’utiliser que contraint et forcé.
A notre avis, l’Administration va promptement se mettre à accepter les mels.

4 Que dire ?
Ne vous cassez pas la tête, on ne vous lira pas. Par conséquent, à moins que vous n’ayez un complexe envahissant d’écrivain refoulé, il est à peu près inutile de chercher à polir vos formules, à trouver l’expression heureuse qui remplira d’aise votre lecteur. Celui-ci ne jettera un œil fatigué au mieux que sur les mentions de vos nom, prénom, école.
Laissez faire les pros. Toutes les bonnes boutiques syndicales ont déjà prévu le truc. Sélectionnez, copiez, collez.


message publié par "sauvons l'école" le 20 octobre 2008