vendredi 28 novembre 2008

Les aventures de Dylan 2

Dylan a toujours son prénom de série américaine et il est en fin de CE1.
Il a pu rattraper son retard et il suit aujourd'hui la classe avec intérêt. Parfois même, son maître Stéphane le surprend à répondre, à lever le doigt. Ce qui le surprend le plus, Stéphane, à propos de Dylan, c'est la rapidité avec laquelle il est "entré" dans l'écrit, lui qui ne savait même pas lire il y a 4 mois. Il écrit sans difficulté et peut même rivaliser avec le groupe des meilleurs. Il devait avoir de bonnes bases! Quand il écrit, on le comprend. Ce qui n'est pas le cas de son ami Paul, lui qui n'était pas en difficulté en début d'année, en tout cas, pas comme ce sacré Dylan. Aujourd'hui, Stéphane se demande s'il ne va pas devoir redoubler son CE1, tellement le passage à l'écrit est difficile.

Quand il a rencontré les parents de Paul, Stéphane a appris qu'en fait, Paul n'avait pas fait de Petite Section, il était rentré directement en Moyenne Section. Il lui a fallu plus d'un an pour prendre ses repères, pour comprendre ce qu'il faisait là, mais surtout, ..... pour parler, alors que tous ses camarades étaient comme des poissons dans l'eau ! Et la maternelle, c'est important, si bien que tous les pays d'Europe et d'ailleurs nous l'envient. Normal, à la maternelle, on se structure, on apprend à s'organiser, à connaître et maîtriser l'espace, le temps, le langage, oui, on apprend à parler, à bien parler, on apprend à vivre en société, et ça, c'est tout un métier !
Effectivement, Paul ne parlait pas en classe, ou du moins, très peu. Quand il entrait dans la classe, il s'asseyait, et ne bougeait pas jusqu'à ce qu'on l'appelle. Même quand la récréation sonnait, alors que tous ses camarades sortaient de la classe, lui restait et attendait qu'on lui dise quoi faire. Sa maîtresse, un jour, s'était même énervée, à tort bien sûr, parce qu'au bout de 8 mois de Grande Section, il ne savait pas écrire son prénom, encore moins le reconnaître, mais surtout, il ne savait toujours pas dans quel groupe il était. Il ne suivait pas ses camarades quand la maîtresse disait "le groupe vert, vous allez faire votre contrat sur la table". Il restait là, impassible, à attendre, sans rien dire. On aurait pu croire qu'il était timide, un peu complexé, un peu inhibé, qu'il avait honte, mais en fait ... non, en récréation, il parlait, quand il était en petit groupe, il parlait, il souriait, il riait, des fois même, rarement, il faisait des bêtises .... c'était rassurant. Il parlait, enfin, il parlait plutôt mal, on le comprenait, mais on sentait bien qu'il avait des difficultés à s'exprimer. Ce qui n'était pas le cas de Dylan, c'est le moins que l'on puisse dire.

Comme il était scolaire, et puis parce qu'il avait évolué, quand même, Paul avait appris à lire sans trop de problème. Le maître E l'avait suivi quelques mois, mais c'est tout. Et en CP, on sentait bien que Paul ne parlait pas comme les autres. Parfois, Dylan se moquait de lui et disait qu'il était "bébé".

Cette année, en CE1 Paul est assidu, il apprend et fait ses devoirs, il est sérieux, il n'est pas mauvais, mais il a toujours quelques difficultés pour s'exprimer, et ça se sent quand .... il écrit.
Parce que c'est lié, en fait, le langage, la lecture et l'écrit, c'est même extrêmement lié, le langage et l'écriture. C'est vrai, comment écrire des choses qu'on ne sait pas bien dire, comment écrire si on ne maîtrise pas la langue ? Comment écrire un mot correctement si on ne le prononce pas correctement ? C'est tout un problème, un casse-tête même pour Stéphane.

Un pédo-psychiatre a même vu Paul, une fois, à la demande de la mère et du maître. Et comme la psychologue scolaire, Evelyne, n'était plus là, la maman a donc du payer un pédo-psychiatre qui lui a dit que ce n'était pas très grave, qu'il avait un petit retard de langage, que c'était en partie parce qu'il n'avait pas fait de Petite Section, qu'il n'avait pas pris des habitudes langagières, qu'il n'avait pas appris à parler aux autres et qu'il fallait qu'il aille voir une orthophoniste.

Heureusement que Dylan est allé à l'école maternelle et qu'il a appris les concepts de base sans trop de difficulté. Heureusement pour lui, Delphine, sa maîtresse de Petite section et de Moyenne section lui a appris à vivre avec les autres, à parler, à s'exprimer, à écouter et à jouer avec les sons pour que la lecture soit plus facile plus tard, à jouer avec les chiffres, à compter, autant de choses pas vraiment simples qu'un enseignant apprend pendant des années pour préparer les enfants à entrer dans la lecture et les mathématiques en grande section ou en CP.
Heureusement pour lui car bientôt, il n'y aura plus de maternelle, les enfants commenceront l'école en Grande Section ou en CP. Ca fera des économies. Comme ça, Paul ne sera pas le seul enfant à avoir ces difficultés, ils seront plusieurs. Vraiment, Dylan a eu de la chance d'être allé à l'école maternelle.

Imaginez, dans quelques années, vous n'emmènerez plus votre enfant à la maternelle, mais dans une garderie communale ou privée, payante donc, avec du personnel non enseignant ? C'est vrai que l'école maternelle a besoin de questionnement, qu'on y accorde du temps, de l'analyse, de la formation, de la réflexion, qu'elle soit encore plus performante que ce qu'elle est déjà ! Mais en la supprimant, que fait-on ? Et qui aide-t-on ? On peut dire que Dylan a eu de la chance !

La semaine prochaine, retrouvez Dylan dans de nouvelles aventures : "Dylan et le remplaçant".

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