jeudi 21 mai 2009

La démobilisation des enseignants.

L'heure est venue de faire un bilan de l'action de M. Darcos
Les avis des amis de l'école publique et des progressistes sont très négatifs. On ne peut pas parler de réforme, le mot réforme évoquant la notion de progrès, mais d'une série de mesures toutes régressives, autoritaires, inspirées par une conception rétrograde de la société, fondées sur une idéologie ultra libérale récente dans l'histoire de notre pays et sur une volonté de réduire la dépense publique à tout prix. Si les protestations et les revendications quantitatives ont fait l'objet d'actions vigoureuses, les vrais problèmes ont été trop souvent sous estimés, parfois délibérément ignorés, alors qu'ils auront des conséquences dramatiques pour l'éducation et pour la société. Les nouveaux vieux programmes ultra régressifs, la semaine de 4 jours imposée et quasiment irréversible alors que le vrai problème est celui de la journée, le soutien factice, l'abandon des politiques éducatives territoriales, la disparition de la formation, le déni de la pédagogie, etc, etc... La catastrophe que les pédagogues ont annoncée peut malheureusement être confirmée. On peut s'étonner de l'indulgence, des compromis, de l'absence de courage, de la frilosité observés ici et là. On peut regretter l'absence de projet alternatif crédible et mobilisateur.
Dans ce contexte, un problème clé n'est jamais évoqué et encore moins traité, c'est celui de la démobilisation des enseignants, conséquence de plusieurs éléments
- le balayage d'un revers de main des programmes de 2002 et de toute l'action menée au cours des 30 ans écoulés
- les volte face serviles de nombreux cadres qui, après avoir prôné, avec plus ou moins d'engagement il est vrai, la rénovation pédagogique, ont accepté de dire que tout ce qui avait été fait est nul et de donner leur caution à la nouvelle idéologie mise en oeuvre
- le développement de l'autoritarisme de l'encadrement. Exécutants eux-mêmes, contrôleurs, les cadres se mettent à considérer les enseignants comme des exécutants eux aussi. Un responsable syndical important des inspecteurs considère par exemple qu'il arrive un moment où il faut bien sévir et contraindre. Pressés par leur pyramide hiérarchique, ils multiplient eux-mêmes les pressions. Voir par exemple la multiplication de comptes rendus obligatoires que personne n'a le temps de lire et d'exploiter, le formalisme, les sanctions, les exigences, les contrôles
Je pense comme ancien instit, comme inspecteur ayant 30 ans de carrière, comme militant pédagogique à l'écoute du terrain dans notre académie où j'ai gardé de nombreux contacts et dans toute la France où, à l'occasion des conférences débats que j'anime un peu partout au terme desquelles je rencontre beaucoup d'enseignants, que les enseignants ont perdu la "foi", la confiance, le sentiment de participer à un grand projet collectif... Et je les comprends
Mais qui le ressent et qui le dit?
La responsabilité de cette situation est partagée: le pouvoir évidemment, mais aussi les partis et les syndicats, les cadres persuadés que "chez eux tout va bien", que c'est toujours le voisin qui exagère.
Redonner de l'espoir, de la confiance, de la liberté, remobiliser les équipes réellement (pas seulement en apparence), permettre de penser et de s'exprimer, comprendre.. La tâche du prochain ministre sera rude.

Voir ce nouvel article publié par le café pédagogique de ce jour:


http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/Frackowiak_MouMmeleprochainministre.aspx

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