vendredi 15 mai 2009

Des jardins d'éveil pour les 2-3 ans

Il sera peut-être l'un des premiers maires de France à inaugurer un jardin d'éveil : Thierry Barba, maire de Ville-en-Tardenois, une commune de 600 habitants située dans la Marne, compte ouvrir à la rentrée 2009 l'une de ces structures que le gouvernement vient d'inventer. Dès le mois de septembre, les anciens locaux de la poste du village, 80 m2 dans un bâtiment communal, devraient accueillir douze enfants.

Si la commune de Ville-en-Tardenois s'est lancée dans cette aventure, c'est en raison de la pénurie de places d'accueil pour les moins de trois ans. "Nous avons cinq assistantes maternelles, mais tout est complet, soupire le maire. Une microcrèche privée va ouvrir en septembre, mais les neuf places sont déjà prises !"

Lundi 11 mai, Thierry Barba a reçu la visite de la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, qui a profité de ce déplacement pour présenter le mode d'emploi de ce moyen de garde "innovant".

L'idée de créer des jardins d'éveil a été lancée, à l'été 2008, par la députée (UMP) Michèle Tabarot. "Il est rapporté des cas d'enfants qui s'ennuient dans les crèches qui, comparativement à l'école maternelle, proposent plus de jeux libres, écrivait-elle dans un rapport sur la petite enfance. Inversement, si l'école maternelle propose davantage d'activités pédagogiques, elle sait moins bien gérer les temps d'attente."

Michèle Tabarot proposait donc de créer une structure intermédiaire entre la crèche et l'école maternelle. Cette idée a été reprise par Nadine Morano, qui compte ouvrir 8 000 places en jardins d'éveil d'ici à la fin du quinquennat, en 2012. "Ces structures sont beaucoup plus adaptées qu'une préscolarisation, car les enfants de 2 ans ont besoin d'un accompagnement plus personnalisé", estime la secrétaire d'Etat.

Les jardins d'éveil accueilleront des enfants de 2-3 ans, qu'ils soient propres ou non, dans des locaux communaux ou des établissements d'accueil existants. Ouverts de 8 heures à 19 heures au moins deux cents jours par an, ces structures afficheront un taux d'encadrement situé entre la crèche (un adulte pour huit enfants) et l'école maternelle (un pour quinze) : ils compteront, selon les moments de la journée, un adulte pour de huit à douze enfants.

Ces structures seront principalement financées par les caisses d'allocations familiales (CAF) et le "porteur de projet", qu'il s'agisse d'une commune, d'une administration, d'une association ou d'une entreprise. Lors de l'aménagement des locaux, la CAF ou la Mutualité sociale agricole apporteront une aide moyenne de 1 000 euros par place. Elles participeront ensuite aux dépenses de fonctionnement.

Alors que l'école maternelle, qui accueille déjà certains enfants de 2 ans, est gratuite, les jardins d'éveil seront payants : la participation des parents variera en fonction de leurs revenus, comme dans les crèches.

Nadine Morano a présenté un barème indicatif pour la présence d'un enfant vingt jours par mois, dix heures par jour : les familles gagnant un smic paieront 42,50 euros par mois, celles qui gagnent trois smic 127 euros et celles qui gagnent quatre smic 178 euros.

Pour le SNUipp-FSU, le principal syndicat du primaire, le gouvernement souhaite substituer à l'école maternelle "une garderie beaucoup plus coûteuse pour les familles". Les professionnels de la petite enfance sont, eux aussi, sceptiques. "Douze enfants par adulte, c'est 50 % d'enfants en plus par rapport à la crèche, ce n'est pas rien !, souligne Christine Accolas-Bellec, déléguée nationale de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants. Comment, dans ces conditions, prendre le temps de développer l'apprentissage du langage ?"

Nombre d'éducateurs comprennent mal le principe même de la création des jardins d'éveil. "Pourquoi créer des structures spéciales pour les 2-3 ans ?, poursuit Mme Accolas-Bellec. Cela les obligera à passer de la crèche au jardin d'éveil, puis du jardin d'éveil à la maternelle, alors qu'ils pourraient tout simplement passer de la crèche à la maternelle. A cet âge-là, les séparations demandent un investissement énorme, mieux vaut éviter les ruptures inutiles."

Dans une pétition nationale baptisée "Pas de bébés à la consigne !", qui a déjà recueilli 13 000 signatures, plusieurs organisations de la petite enfance dénoncent une dégradation des conditions d'accueil.

La Mairie de Paris, elle, a déjà annoncé qu'elle préférait poursuivre sa politique "volontariste" d'ouverture de crèches plutôt que de créer des jardins d'éveil. "Ce nouveau dispositif destiné avant toute chose à augmenter les capacités de "garde" au moindre coût va dégrader la qualité de l'accueil des enfants de 0 à 3 ans", estiment les adjoints à l'école et à la petite enfance, Colombe Brossel et Christophe Najdovski.
Anne Chemin
Tous les modes de garde sur mon-enfant.fr

"Faire garder mon enfant devient plus simple !", n'hésite pas à promettre le nouveau site lancé, mercredi 13 mai, par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Sur mon-enfant.fr, tous les modes de garde existants (crèches, assistantes maternelles, garde à domicile, accueil de loisirs, etc.) pour la semaine, les mercredis, les vacances scolaires ou après la classe sont expliqués et répertoriés. Les parents peuvent facilement trouver la liste et la description des structures d'accueil dans la commune de leur résidence ou de leur travail et calculer, en fonction de leurs revenus, le prix qu'ils devront payer grâce à un "simulateur de tarification" . Reste ensuite à espérer qu'une place sera libre. Mais, cela, le site ne peut bien évidemment pas le garantir... Attention, tapez bien mon-enfant.fr et pas monenfant.fr, site affirmant donner "la liste des cadeaux préférés des enfants" !
Article paru dans l'édition du Monde du 15.05.09

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