vendredi 6 mars 2009

La grogne persiste dans les universités et monte à l'hôpital

PARIS (Reuters) - Deux semaines avant une nouvelle journée d'action interprofessionnelle, les personnels hospitaliers et la communauté universitaire ont manifesté jeudi en France contre les réformes du gouvernement.

Près de 50.000 personnes, selon les organisateurs, ont défilé en France contre la réforme des universités, contre 33.000 le 26 février dernier.
L'intersyndicale de l'enseignement supérieur appelle à une nouvelle journée de "manifestations puissantes" le 11 mars mais après cinq semaines de conflit, le mouvement donne pourtant des signes d'essoufflement.
La Conférence des présidents d'université a ainsi estimé jeudi, à l'issue d'une assemblée exceptionnelle, que les conditions d'une sortie de crise étaient réunies.
"Sur le statut des enseignants- chercheurs comme sur les moyens humains des universités, les présidents ont considéré que les conditions du dialogue étaient en cours de rétablissement et les avancées sérieuses", déclare-t-elle dans un communiqué.

Le Premier ministre François Fillon et la ministre de l'Enseignement supérieur ont tenté depuis dix jours de désamorcer la contestation dans les universités en gelant des suppressions de postes et en acceptant de réécrire un décret litigieux.
Forts d'avoir fait reculer le gouvernement, une large intersyndicale et les étudiants de l'Unef ne voudraient toutefois pas s'arrêter en si bon chemin.
Ils défendent désormais une plate-forme de revendications beaucoup plus large, de la formation des enseignants à la restitution des 900 emplois supprimés dans l'enseignement supérieur en 2009, l'arrêt du "démantèlement" des organismes de recherche ou la mise en oeuvre d'un plan pluriannuel d'emplois statutaires.
A Paris, 20.000 manifestants, selon les organisateurs, 9.000 d'après la police, ont défilé dans l'après-midi de la place Denfert-Rochereau jusqu'à l'Assemblée nationale aux cris de "Non à la casse des universités."

PREMIER PAS INSUFFISANT

A Bordeaux, de 1.800 personnes selon la police à 2.500 selon les organisateurs ont manifesté contre les réformes de l'enseignement. La précédente mobilisation avant les vacances de février avait réuni de 3.000 à 4.000 personnes.
Selon les syndicats, les manifestants étaient près de 4.500 à Lyon, 2.500 à Grenoble, 2.000 à Aix-en-Provence, 5.000 à Toulouse et 2.000 à Nancy.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a obtenu des avancées en négociant mardi la réécriture du décret sur le statut des enseignants- chercheurs avec quatre syndicats.

Mais si deux points d'accord ont été trouvés, notamment le fait que le mode d'évaluation ne soit plus effectué par les présidents d'université mais au plan national, la question de la promotion des enseignants- chercheurs reste bloquée.
Une troisième séance de négociations est prévue vendredi pour tenter de dénouer le conflit sur le statut des enseignants- chercheurs.
Le Snesup, principal syndicat de l'enseignement supérieur, a cependant refusé de s'asseoir à la table des négociations et en appelle désormais, avec 11 autres organisations, à François Fillon, jugeant le "premier pas" de ces derniers jours "très insuffisant. "
De plus, la Coordination nationale étudiante à l'origine du blocage de plusieurs campus envisage d'appeler à une extension du mouvement et la contestation monte dans les laboratoires, qui préparent une journée d'action le 12 mars.

Dans le secteur hospitalier, la contestation monte contre le projet de loi "Hôpital, patients, santé et territoires" en cours de discussion à l'Assemblée nationale et pour réclamer plus de moyens.
Plusieurs milliers de médecins et personnels hospitaliers ont manifesté dans une trentaine de villes à l'appel de syndicats de médecins et de personnels mais les cortèges n'étaient pas très étoffés. Les manifestants étaient ainsi entre 1.600 et 3.000 à Paris, selon les sources. A Bordeaux, la manifestation n'a pas mobilisé selon la police plus de 200 personnes.
Les syndicats estiment que le projet de loi Bachelot, du nom de la ministre de la Santé, qui prévoit une meilleure coordination entre établissements publics et privés menace l'emploi et la qualité des soins.

Gérard Bon avec Claude Canellas et Catherine Lagrange, édité par Sophie Louet

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