vendredi 20 mars 2009

Une semaine après le dépot des motions en faveur des Rased, quel avenir pour ce dispositif ?

Nous interrogeons Loïc Douet , vice-président de la FNAREN, une association de maîtres des Rased.

par le café péda

Xavier Darcos a annoncé l'annulation de la suppression de 1500 postes des Rased. Est-ce ce que vous constatez sur le terrain ?


Effectivement les inspections académiques ont les mains libres pour faire ce qu'ils veulent dans le cadre fixé par le ministre. Si je prends un exemple précis, celui des Yvelines, il y a 83 postes à rendre au titre des Rased. L'inspection académique va en rendre 50 à 60 pris parmi les départs en retraite et les faisant fonction. Après cela une quarantaine de collègues des Rased seront envoyés en surnuméraires dans les écoles.

C'est là que réside la supercherie. Les 1500 postes ex-rased mis sur postes surnuméraires c'est bien des postes de Rased supprimés.

En quoi ce que font les Rased ne peut se faire dans le cadre de ces postes surnuméraires ?


Le principe des Rased c'est de pouvoir répondre à la pluralité des difficultés scolaires. Or celles-ci ont des origines différentes et plurielles. Il faut apporter des réponses différenciées. Dans les Rased on trouve des maîtres avec des spécialités différentes qui peuvent apporter ces réponses différentes.

D'autre part, les inspecteurs d'académie vont demander des aides pédagogiques uniquement. La mission spécifique des Rased sera diluée dans ce système. Par exemple sur Paris, les postes inscrits en surnuméraires vont dépendre des IEN et des directeurs. Dans certaines écoles ils feront peut-être le choix de créer une classe en plus. Ou de la remédiation pédagogique. Au ministère, vous l'avez vu le 22 janvier, on n'a pas pu nous spécifier que les postes surnuméraires resteraient Rased. Dans tous les cas les Rased vont perdre 3 000 postes.

Il faut comprendre que la particularité des Rased c'est l'esprit systémique. On a un répertoire large face aux élèves en difficulté. Notre travail ne se limite pas à la difficulté scolaire. On fait aussi de l'aide à la parentalité, on prend en compte tout l'environnement de l'enfant. Ce qu'on reproche à X Darcos c'est de réduire les Rased à une dimension "aide et soutien".

Justement, vous avez su rendre votre mouvement extrêmement populaire. Quelle relation avez-vous aujourd'hui avec le ministère ?

Notre pétition a reçu plus de 250 000 signatures. C'est énorme mais on se demande si vraiment cela a été perçu. On a utilisé toutes les voies institutionnelles pour se faire entendre (pétitions, élus etc.). Or rien ne se passe. D'après le Snuipp, Sarkozy aurait reconnu que l'aide individualisé e mise en place ne suffit pas mais ce n'est pas une déclaration officielle.

Malgré les demandes des syndicats, on est toujours pas invités dans les réunions au ministère. Nos propres demandes d'audience restent sans réponse si ce n'est que le ministère soutient notre congrès à Saint-Etienne en juin. On va y inviter X. Darcos…

Comment expliquez vous ce silence ?

Il y a deux raisons à nos yeux. D'abord le budget qui a été voté et où figurent 3 000 suppressions de postes. Ensuite peut-être que le ministre ne veut pas reconnaître qu'il s'est trompé ?

Qui sont les élèves suivis par les Rased ?

Ce sont des enfants en grande difficulté scolaire. Socialement ce sont des gosses dont les parents ne maitrisent pas les codes de l'Ecole et sont eux aussi en difficulté. Mais dans mon propre secteur je trouve aussi bien des enfants des barres d'immeuble que des villas périurbaines.

Si vous disparaissez que vont devenir ces enfants ?

Je pense que l'objectif que poursuit le ministre c'est de médicaliser la difficulté scolaire, de la faire passer sur le budget de la Santé à travers les Centres Médico Psycho Pédagogiques (CMPP), les orthophonistes ou encore les maisons du handicap. Des structures où la liste d'attente est longue : au moins 6 mois dans les Yvelines.

Malgré les Rased et les aides, une étude de la Depp publiée très récemment montre que le niveau en CM2 a baissé depuis 20 ans. Comment l'expliquez vous ?


L'action des Rased n'a jamais été évaluée. Mais il y a bien des éléments à faire entrer en jeu. D'abord on peut s'interroger s'il faut évaluer une population d'élèves qui a beaucoup évolué avec les mêmes items à 20 ans de distance. Sur cette période on a vu diminuer les heures de cours de 27 à 24 heures. De nouvelles matières sont apparues : anglais, informatique par exemple. Le contexte social s'est métamorphosé.

En ce qui concerne l'adaptation scolaire (ASH), il faut dire que le passage des GAPP aux Rased s'est fait sans moyens supplémentaires. Le projet de ratio entre le nombre d'élèves et les secteurs Rased ne sont pas respectés. De nombreux postes spécialisés ne sont pas pourvus. On a fermé les classes de perfectionnement et d'adaptation sans donner de moyens supplémentaires pour aider ces enfants en grande difficulté. On les a envoyé en classe ordinaire. Pas étonnant que l'échec scolaire progresse…

Loïc Douet, Vice-président de la Fnaren

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