jeudi 8 janvier 2009

ÉDUCATION grogne contre les directives darcos

Ces enseignants qui désobéissent

La fronde anti-Darcos prend une tournure inédite au sein de l'Éducation
nationale : des enseignants du primaire désobéissent volontairement aux
directives concernant, par exemple, les heures d'aide personnalisée et les
nouveaux programmes. Et expliquent pourquoi.

Grogne pour le moins inédite, au moins quant à sa forme dans l'Éducation
nationale.

DOSSIER
C'est Bastien Cazals, directeur d'école en Languedoc-Roussillon qui a, d'une
certaine façon, donné le la, à la fin du mois de novembre. Il a écrit à Nicolas
Sarkozy pour lui expliquer pourquoi, en son âme et conscience, il ne se plierait
pas à la récente réforme des programmes du primaire et ne mettrait pas en place
les deux heures hebdomadaires d'aide personnalisée aux élèves en difficulté
voulues par le ministre Xavier Darcos.
Depuis, le mouvement a fait tâche d'huile et les rangs des récalcitrants
grossissent de jour en jour, même si les enseignants concernés ne se signalent
pas toujours auprès du ministre ou du président de la République. Une discrétion
qui peut se comprendre, compte tenu des risques personnels pris par ces
fonctionnaires désobéissants : retenues sur traitement des heures non-effectuées
mais, surtout, éventuelles sanctions administratives pour ceux qui
persévéreraient dans l'insoumission. Une prise de risques que dénoncent les
syndicats, la jugeant «courageuse », mais qui préfèrent continuer à «porter des
actions constructives de manière collective », explique par exemple, Chanel
Mallinger, du SNUipp Moselle.
Les enseignants désobéissants sont minoritaires et «largement », précise le
SNUipp. Le syndicat ajoute que la «culture dominante dans l'Éducation nationale,
notamment en Moselle, demeure celle du " On fait d'abord, on râle ensuite "».

Idées majoritaires

En revanche, les idées qu'ils défendent seraient majoritaires. «Leur refus est
fondé sur une analyse qui, elle, nous semble juste. C'est seulement sur la
manière de l'exprimer que nous émettons des objections », indique encore Chanel
Mallinger. Car la position des «rebelles est, bien entendu, argumentée. Ainsi,
le refus d'appliquer les nouveaux programmes est expliqué par le fait que ces
derniers «conviennent parfaitement aux élèves structurés, attentifs et appliqués
», alors qu'ils ne laissent que «peu de chances à ceux qui doivent surmonter ses
difficultés d'apprentissage ».
De même, la réticence à organiser les deux heures d'aide personnalisée est
argumentée, quant à elle, par le refus de «remplacer l'aide spécialisée apportée
par les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (lire ci-dessous)»
et celui de «stigmatiser les élèves en difficulté en les retenant hors du temps
scolaire pour bachoter ».
Face à ce mode de protestation inédit, Xavier Darcos maintient pour l'heure que
«l'aide aux élèves les plus en en difficultés est précisément la colonne
vertébrale de l'ensemble des réformes mises en ouvre ».
Le dialogue progresse.

H. B. article du républicain lorrain.

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