dimanche 25 janvier 2009

Le paradoxe Darcos

Mr Darcos, emboîtant le pas à « son chef », sur le thème, « il était temps que nous arrivions pour mettre de l’ordre à tout ça » décimant tour à tour la justice, la santé, l’éducation, et j’en passe, vient de décider, tout seul, de créer une brigade traquant les « fugitifs de l’école ».

L’absentéisme scolaire est sûrement un fléau qui nuit beaucoup aux jeunes. Mais :

Aller les chercher quand ils ont fui l’école, bon courage !! Cela suppose qu’on réponde à deux questions :

1 Les remettre à l’école, pour y faire quoi ?

2 Pourquoi en sont-ils partis ?

Des réponses multiples à cette deuxième question, dépendent les réponses à la première.

S’ils cherchent à fuir l’école, c’est qu’ils n’y sont pas bien, qu’ils y sont improductifs et de ce fait non reconnus et en totale souffrance. S’il ne s’agissait que de leur fournir quelques explications supplémentaires, de multiplier des exercices d’application, les enseignants des classes qui savent le faire depuis toujours, s’y seraient appliqués depuis longtemps. Et gageons que cela a été mis et remis en place, maintes fois, avec la patience et la compétence qui sied aux pédagogues.
C’est la difficulté ordinaire, normale et inhérente à tout apprentissage.
Mais, s’en tenir là, est une vision extrêmement réductrice de la difficulté scolaire, à l’évidence, celle de Mr Darcos soi même

La difficulté scolaire s’ancre, aussi, bien souvent, et de plus en plus souvent pour les enfants de notre « vie moderne » dans des carences de structures psychiques qui font que les malheureux sont pris dans des tourbillons d’angoisses très profondes.

A la racine de ces carences, on trouve notre mode de vie actuelle :
Intolérance à la frustration, et ce qui en découle: :incapacité à attendre, satisfaction immédiate des désirs, Faiblesse de l’imaginaire, insoumission aux lois et aux règles, ignorance et recherche des limites, confusion des mondes adultes enfants......

Conflits de loyauté inextricables. Quand dans l’entourage de l’enfant on n’attend rien de l’école, comment peut- il croire aux discours qu’on y tient, d’autant que les perspectives ne sont pas brillantes pour les encourager.

La liste n’est pas exhaustive, mais on comprend bien que lorsque l’on est porteur de telles carences, on ne peut être qu’un être chétif, en mésestime total de soi et la conséquence est terrible :

On est violent. ça va de l’arrogance aux passages à l’acte sur soi et sur les autres, en passant par l’agitation corporelle incessante.

On ne peut pas prendre le risque d’apprendre de peur d’échouer, alors, on se renferme, ou au contraire on explose, ou bien, les plus courageux s’enfuient. La violence nait toujours sur un fond d’anxiété.

C'est-à-dire qu’avant d’être absent de l’école, on est absent à l’école.*
Or, à l’école, il y avait, un recours, comme un service après vente, qui avait la compétence et le personnel formé pour traiter ce type de difficulté scolaire.Y travaillaient des enseignants spécialisés, qui n'enseignaient plus mais préparaient cependant le retour en classe des enfants en incapacité d'être élèves. C’était en 1990, c’était les Groupes d’Aides Psycho-pédagogiques( ‘GAPP) que l’on a transformé, en les disséminant parce que ça coutait trop cher, en Réseau d’Aides Spécialisées à l’Elève en Difficulté (RASED). Et toujours pour la même raison économique, ils ont été très rarement complets, On a réduit la formation, on a étendu de nouveau leur « territoire » , on les a pressés de faire du « chiffre » de prendre plus d’enfants = en groupe, et moins longtemps.

Et aujourd’hui, Mr Darcos, qui n’est pas à un paradoxe prêt, après vouloir évaluer des élèves sur des enseignements qu’ils n’ont pas encore reçu, supprime, alors que jamais on n’en a eu autant besoin, les RASED donc l’aide dont pourraient bénéficier les enfants qu’il va débusquer.

Voilà pourquoi je serai dans la rue le 29….

article de Jean-Bernard Terreau, rééducateur en retraite du 41

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