samedi 3 janvier 2009

Suicide d'une enseignante : son mari critique la "version officielle"

Publié le 27/12/2008 à 11:58 - Modifié le 27/12/2008 à 12:26 Le Point.fr

Le mari de l'enseignante qui s'est suicidée le 6 octobre à l'intérieur d'une école primaire de l'Essonne reproche à l'administration d'avoir attribué le geste de son épouse à de simples "problèmes personnels", dans une lettre au ministre de l'Education rendue publique samedi. Dans son courrier, révélé par Le Parisien, Bruno Besnaïnou accuse notamment le recteur de l'académie de Versailles d'avoir "trahi le secret professionnel" en divulguant "une information du dossier médical de (sa) femme censé être confidentiel". Il met en cause les "informations totalement inexactes qui tendaient de manière allusive à faire passer" sa "femme pour une dépressive chronique".

"A cette entorse grave au secret professionnel, s'ajoutaient des informations totalement inexactes qui tendaient de manière allusive à faire passer ma femme pour une dépressive chronique. Ainsi, la moitié de son temps d'arrêt maladie en 2007 n'était pas dû à la dépression mais à une cause médicale bien distincte", raconte l'époux. "Ces mêmes interventions publiques et largement médiatisées ont en revanche bien peu fait mention de la compétence et de la qualité du travail de ma femme, reconnues et saluées tant par ses collègues que par les parents d'élèves".

"Elle souffrait du manque de reconnaissance"

Selon lui, sa femme, une enseignante de 45 ans qui intervenait dans le cadre des RASED (Réseaux d'aide spécialisés aux enfants en difficulté, ndlr), était très touchée par la situation de cette catégorie d'enseignants, même s'"il serait vain d'imaginer que cela a été la seule cause de son geste". "Je peux témoigner, comme tout son entourage, qu'elle souffrait du manque de reconnaissance dont pâtit particulièrement cette catégorie d'enseignants, et qu'elle évoquait souvent, la semaine précédente, l'intention annoncée de supprimer des postes et de modifier profondément le fonctionnement du RASED comme une source d'angoisse pour elle", précise-t-il dans sa lettre, adressée au ministre Xavier Darcos, au recteur de l'académie de Versailles et à l'inspecteur d'académie.

Au nom de l'Education nationale, le recteur de Versailles, Alain Boissinot, interrogé par l'AFP, a réfuté catégoriquement ces accusations tout en disant "respecter la douleur" du mari de l'enseignante. Le corps de Muriel Besnaïnou avait été retrouvé le 6 octobre par une psychologue, pendu à un panneau de basket dans une salle de l'école primaire Gambetta de Massy (Essonne). Mère de deux enfants âgés de 12 et 20 ans, elle n'avait pas laissé de trace écrite pour expliquer son geste.

Aucun commentaire: