vendredi 16 janvier 2009

Le « cercle du silence » des maîtres


ENSEIGNEMENT PUBLIC

Publié le jeudi 15 janvier 2009 à 06h00

En dépit de la pluie, ils étaient encore une dizaine à se rassembler une troisième fois pour défendre l'école. En dépit de la pluie, ils étaient encore une dizaine à se rassembler une troisième fois pour défendre l'école.

Une fois par mois, le parvis de l'hôtel de ville accueille un « cercle du silence » qui marque symboliquement sa réprobation à l'égard de la politique des sans-papiers. Une fois par semaine, le mardi, des enseignants ont pris l'habitude de s'y rassembler aussi afin de protester contre la politique de l'école.

Pas de banderoles, pas de slogans, pas de porte-voix. Depuis trois semaines, une poignée d'enseignants, chaque mardi soir, se rassemblent devant l'hôtel de ville. Cela ressemble davantage au cercle du silence pratiqué depuis plusieurs mois par les soutiens des sans-papiers qu'à une manifestation revendicative traditionnelle.
« On ne se fait pas trop d'illusions. Ce n'est pas notre présence ici qui va infléchir la politique actuelle à l'égard de l'école. Notre rassemblement est symbolique. Nous souhaiterions avant tout faire comprendre aux parents et aux élus que les mesures prises actuellement ne sont pas de bon augure pour la réussite des petits Roubaisiens », nous explique une éducatrice de RASED (réseau d'aide spécialisée aux élèves en difficulté).

Une « culture de la pédagogie
» Des RASED, il y en a trois à Roubaix et ce n'est pas un luxe. Chacun d'eux emploie une dizaine de personnes (psychologue scolaire, éducateurs, maîtres spécialisés). « Pour ma part, je suis par an 35 élèves ayant des problèmes de comportement. Ce ne sont pas les deux heures de soutien hebdomadaires décidées par le ministre qui résoudront leurs problèmes », affirme l'éducatrice approuvée par plusieurs de ses collègues de l'enseignement maternel et primaire classique. « Dans une ville comme Roubaix, il y a corrélation entre l'échec scolaire et les difficultés sociales », poursuit encore l'éducatrice. « La Ville l'a très bien compris. Elle consent des efforts importants pour ses RASED. » En maternelle aussi on nourrit quelques inquiétudes au sujet des classes passerelle. On y accueille par petits effectifs des enfants de 2 à 3 ans. « L'action que nous y menons n'a rien à voir avec celle envisagée pour les jardins d'éveil imaginés par le ministre. Nous, on travaille sur le langage. C'est indispensable dans une ville comme Roubaix où on se rend compte que beaucoup d'enfants, issus de milieux défavorisés, ont des problèmes de langage. »
L'EPEP, une menace ?
Ces enseignants qui comptent manifester moins discrètement le 17 janvier à Lille ont bien d'autres appréhensions. « C'est toute une culture de la pédagogie qui est en train d'être gommée. Ce n'est pas un problème d'ego mais on ressent comme de la maltraitance et on ne nous écoute pas quand on essaie de mettre en garde les politiques contre les conséquences néfastes que peuvent comporter les économies de bouts de ficelle » , réintervient la représentante du RASED en regrettant la disparition de l'Institut universitaire de formation des maîtres.
« À présent, on va recruter les enseignants au sortir du master. Mais est-ce parce qu'on a ce diplôme qu'on sait faire classe ? Je plains les jeunes qui vont rentrer dans l'enseignement. Eux aussi vont très vite se sentir maltraités ! »

Semble tout aussi redoutable la notion d'Établissement public d'enseignement primaire qui se substituerait à celle de groupe scolaire. Jusqu'à présent, les conseils d'école où représentants des enseignants et des parents étaient majoritaires disposaient d'un pouvoir décisionnel. Ce ne sera plus le cas avec les nouveaux conseils d'administration où la majorité reviendrait aux collectivités territoriales. « Tant que le maire ne s'occupe que des bâtiments et de la cantine, je n'ai rien à redire mais s'il s'avisait de s'intéresser à ma façon d'enseigner, là il y aurait ingérence », estime une enseignante.

sources : nord éclair

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