dimanche 8 février 2009

"Rien ne sert de s'arrêter trop longtemps sur les mots", Nembrini

Les nouvelles évaluations des acquis des élèves de CM2 ont été élaborées et pilotées par la Dgesco (L'AEF n°107687), direction pédagogique du ministère, et non par la Depp, son service chargé de la statistique et de l'évaluation.

Un "arbitrage du cabinet" que deux anciens membres de la Depp ne comprennent pas et qui posent selon eux des problèmes méthodologiques nuisant à la scientificité de l'outil (L'AEF n°108738).

Jean-Louis Nembrini, directeur général de l'enseignement scolaire, revient pour l'AEF sur la méthode adoptée.

L'AEF: Pourquoi est-ce la Dgesco qui pilote les nouvelles évaluations des acquis des élèves de CM2, rôle traditionnellement dévolu à la Depp?

Jean-Louis Nembrini: Nous travaillons avec la Depp sur ces évaluations, notamment pour assurer la comparabilité dans le temps. Nous avons des réunions très fréquentes avec la Depp à ce sujet.

L'AEF: Qui a conçu ces évaluations?

Jean-Louis Nembrini: C'est un groupe de travail mené par une inspectrice générale et réunissant des maîtres de CM2, des conseillers pédagogiques, des Igen et des IEN.


L'AEF: Avez-vous associé un chercheur, en psychométrie par exemple, susceptible de garantir la scientificité de ces évaluations?

Jean-Louis Nembrini: Nous avons sélectionné des experts en pédagogie, en matière de programmes. Nous avons désormais des programmes de primaire très clairs et nous devons évaluer si les objectifs fixés sont atteints.
S'agissant de l'aspect scientifique, nous avons testé ces évaluations à trois reprises auprès de 1 650 élèves, en sélectionnant différents panels d'élèves. Nous avons même fait passer ces tests à des élèves entrant en 6ème pour vérifier que les questions posées étaient pertinentes. Nous avons mis en place ce protocole d'évaluation après avoir opéré de nombreux ajustements au projet initial.

L'AEF: S'agit-il d'une évaluation bilan ou diagnostique?

Jean-Louis Nembrini: Il s'agit exclusivement d'une évaluation bilan. Nous voulons mesurer les compétences et les connaissances des élèves à la fin de leur cursus de primaire.

L'AEF: Pourquoi dès lors la faire passer à tous les élèves de CM2 sachant qu'une évaluation bilan se fait traditionnellement sur échantillon?

Jean-Louis Nembrini: Nous avons choisi une évaluation exhaustive car elle a plusieurs fonctions. Nous voulons notamment que les circonscriptions puissent avoir une image fiable de chacune de leurs écoles. Comment voulez-vous que les inspecteurs d'académie mettent en place les réseaux d'aide, Rased par exemple, s'ils n'ont pas une photographie exacte des besoins dans leur département?


L'AEF: S'il s'agit de faire un bilan, pourquoi placer ces évaluations en milieu d'année?

Jean-Louis Nembrini: Car nous ne voulions pas que ce soit perçu comme un examen d'entrée en 6ème. Les faire en janvier nous laisse une réserve de 5 mois de travail pour mener tous les élèves au niveau attendu.

L'AEF: Il y a donc clairement un objectif de remédiation qui laisse supposer qu'on est également dans de l'évaluation diagnostique?

Jean-Louis Nembrini: Rien ne sert de s'arrêter trop longtemps sur les mots. Nous avions besoin d'un outil objectif, d'un thermomètre qui soit le même pour tous. Nous voulons un bilan le plus solide possible.

L'AEF: Les évaluations de CE1 ont le même objectif affiché que celles de CM2. Pourquoi les faire passer en fin d'année, au mois de mai?

Jean-Louis Nembrini: En CE1, nous pouvons nous permettre de les faire passer à la fin de l'année car les élèves restent à l'école primaire l'année d'après.

L'AEF: En cas de boycott des remontées tel que prôné par certains syndicats enseignants, comment comptez-vous assurer la représentativité de ces évaluations?

Jean-Louis Nembrini: J'attends de voir. On parle de boycott, mais les premières remontées sont massives et les nombreuses critiques a priori que nous avons entendues se sont apaisées. Je pense que si l'on a 500 ou 600 000remontées sur les 700 000 élèves de CM2 que compte la France, ce sera représentatif!

L'AEF: Qu'advient-il des évaluations diagnostiques menées par la Depp en début de CE2 et 6ème?

Jean-Louis Nembrini: Elles disparaissent. Celle de CE2 n'existe plus depuis 2006, celle de 6ème sera arrêtée à la rentrée prochaine. Mais je précise que les outils demeurent. Si les enseignants ont besoin du diagnostic que permettaient d'établir ces évaluations, nous tenons des banques-outils à leur disposition.

AEF Dépêche n°108738, Paris, Mercredi 04 février 2009 , 18:38:22, Anne Mascret

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